VIVONZEUREUX!
|
||
14 mars 2013
|
||
retourner
maison
|
pidgin
english
|
Compilé
par Pol Dodu, février 2005. |
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Patrik Fitzgerald n'est pas oublié dans les anthologies du punk et de la new wave. On fait toujours une petite place pour y caser son premier single, "Safety pin suck in my heart", l'hymne qu'il a lui même sous-titré "A love song for punk music". C'est bien, mais ça ne suffit pas pour représenter la production d'un artiste qui a publié de nombreux disques de 1977 à 1986, et qui a même continué depuis, mais de façon de plus en plus confidentielle. Deux compilations CD existent, qui couvrent à elles deux quasiment toute la période 77-86, "Safety pin stuck in my heart : the very best of Patrik Fitzgerald" traitant la première partie de sa carrière chez Small Wonder et Polydor, "Treasures from the wax museum" prenant la suite pour la période Red Flame. Mais "Treasures" est épuisé depuis longtemps, et il n'existe aucune rétrospective couvrant toute la carrière de Patrik Fitgzerald, jusqu'à et y compris son dernier album en date, "Room service". C'est un manque que nous essayons de combler aujourd'hui avec cette nouvelle addition à notre catalogue virtuel, "All the years of trying". Patrik Fitzgerald a une place bien à part dans l'histoire du punk, puisque, si John Cooper Clarke à Manchester était le poète punk, Patrik Fitzgerald, seul avec sa guitare acoustique, personnifiait à lui tout seul le "folk punk". Et, dès son premier single, il a fait un pas de côté, en ne se contentant pas d'être punk, mais en portant un regard sans illusion sur le mouvement ("I don't love you for your graveyard eyes... I don't love you for your professed hate... I just love you for that beat-beat-beat-beat-beating"), exactement comme le feront les Television Personalities quelques mois plus tard avec "Part time punks". Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, même si ça a été beaucoup moins souvent souligné, si Patrik Fitzgerald, tout comme les TVPs, a été l'une des figures tutélaires de Creation Records à ses débuts : il a joué plusieurs fois à la Living Room en 1983, il y a eu deux pages sur lui dans le n° 2 du fanzine Communication Blur, et surtout il figure en invité à la guitare sur le tout premier single du label, "73 in 83" de The Legend!. Everett True (The legend! himself) a d'ailleurs publié un article à ce sujet sur le site de Domino Records, mais il ne semble plus être en ligne (Je l'ai quand même trouvé dans le cache de Google...). Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre les TVP's et Patrik Fitzgerald : les chansons d'amour et de commentaire social de Daniel Treacy qui ne sont pas noyées dans l'humour au énième degré ou le pastiche sixties sont celles qui se rapprochent peut-être le plus de l'esprit de celles de Patrik Fitzgerald. C'est le disquaire devenu label Small Wonder (à qui on doit aussi le "Killing an arab" de The Cure") qui a le premier donné sa chance à Patrik Fitzgerald. Il a ensuite bénéficié d'un deal de distribution de Small Wonder avec Polydor, et c'est grâce à l'une des opérations de marketing du label, la compilation "20 of another kind volume 2", que je l'ai découvert, puisqu'on trouvait sur cet album les faces A de ses deux singles de 1979, l'assez décevant "All sewn up" et l'excellent "Improve myself". Il avait sorti la même année son premier album, "Grubby stories", mais je n'ai écouté cet album que deux ou trois ans plus tard, quand je l'ai trouvé soldé chez "Vinyl demand", un disquaire soldeur situé en plein Soho à Londres, dans Berwick Street je crois, peut-être bien là où se trouve désormais un cinéma porno, l'Astral Cinéma ! "Grubby stories" était tout à fait dans la lignée des trois premiers EPs, même si Patrik Fitzgerald était pour la première fois accompagné par un groupe sur certains titres (avec John Maher des Buzzcocks à la batterie !), peut-être pour rendre le son plus vendable ! Mais ça n'a pas dû fonctionner, car c'est sur Final Solution, le micro-label de son management, qu'on le retrouve en 1981, avec un maxi 5 titres, le "Tonight EP", crédité à un trio, le Patrik Fitzgerald Group (avec Colin Peacock au synthé et à la guitare et Lester Broad au saxophone). De toute la carrière de Fitzgerald, c'est peut-être la formation que je préfère. Cet EP est un classique, notamment les trois titres de la première face, qu'on retrouve tous sur notre rétrospective : "Mrs & Mrs", "Animal mentality" et le petit chef-d'oeuvre existentiel "Tonight" ("Dying slowly, feeling ill / I can't explain the way i feel / People die, and so will I / It could be slow, it could be quick quick slow, and it seems such a waste / God will give you just one taste / Only one sip of his wine / Only one life, cats get nine / Feeling bored, that's no fun / Being out of touch with everyone / Click my fingers, crack my toes / Kick the dog, and break it's nose /I intellectualize it all / To prove my mind's still on the ball (...) But people die, I will soon / And then i won't write any more tunes / And i won't stand here and talk to you / And wonder what the fuck to do tonight"). Malheureusement, cette formation n'a produit que deux autres titres, qu'on trouve sur les deux compilations d'Armegeddon Records consacrées à des groupes qui jouaient régulièrement au Moonlight Club de londres entre 1979 et 1981. De ces deux titres, "One by one" est excellent, mais nous avons préféré la seconde version de "Breathing's painful", parue en 1995. En 1982, on retrouve Patrik Fitzgerald en solo intégral pour l'album "Gifts and telegrams", mais le son est différent des débuts, puisque les pistes instrumentales, enregistrées presque intégralement à la maison, font la part belle au synthé façon Casio et aux boîtes à rythmes. Malgré le son aigrelet des synthés et la pochette bleu caraïbe, "Gifts and telegrams" est un disque très sombre, qui n'est pas égayé par la reprise du "My death" de Brel ! L'île de l'illustration de pochette inspirée par Baci semble bien être l'île des âmes perdues à laquelle l'une des chansons fait référence... L'album suivant, "Drifting towards violence", sort en 1983. Il n'est pas non plus crédité à un groupe, mais Fitzgerald y est bien accompagné tout au long du disque. C'est peut-être globalement mon album préféré, un peu moins noir que le précédent, peut-être la parfaite synthèse entre les chansons-commentaires du début et les interrogations profondes de "Tonight" et "Gifts and telegrams". La "domestication" semble être un de ses sujets de préoccupation récurrents, qui prend de l'importance au fur et à mesure que le temps passe. La chanson qui porte ce titre, et celle qui donne son titre à l'album sont deux réussites ("Dear mother, dear father, can you answer some questions / They're stealing my friends like they broke all my toys / taking my freedom, crushing my hope / I asked for some string and they gave me some rope / And now I'm drifting toward violence / Dear mother, dear father, can you answer some questions / I've tried to find freedom and I've tried to find truth / But I cannot see reason, I cannot see logic / And I cannot break away from the turmoil of my youth / And now I'm drifting toward violence"). J'ai commencé à fréquenter la Living Room de Creation trop tard pour réussir à y voir les concerts de Patrik Fitzgerald. Ce n'est finalement que le 29 mars 1984 que j'ai enfin réussi à assister à l'un de ses concerts, au Green Man, un pub du sud-est de Londres, au fin fond de la ligne de métro District, celle qui est en vert sur les plans. Il y avait à la même affiche le groupe U.V. Pøp de John K. White, et Anne Clark, avec qui Patrik Fitzgerald a beaucoup collaboré et tourné, et qui a eu un peu plus de succès commercial que lui... J'ai très peu de souvenir précis de la performance de Patrik Fitzgerald ce soir-là. Je me souviens qu'Anne Clark avait des bandes enregistrées sur Revox et projetait des diapos. Quant à Patrik Fitzgerald, ce qui est sûr c'est qu'il n'était pas avec le groupe de "Drifting...". Je pense me souvenir qu'il a joué en solo, mais impossible d'affirmer s'il était accompagné de sa guitare acoustique, de bandes ou des deux ! Ce qui est à peu près sûr, c'est que ce fut un concert un peu décevant, au chant pas toujours assuré (ce dont Patrik Fitzgerald semble avoir été coutumier, si l'on en croit l'article d'Everett True). Et j'ai eu un peu de mal à apprécier pleinement la musique, car le pub était assez loin de la station de métro, et je devais en prendre trois des métros, pour rentrer dans ma banlieue lointaine à l'opposé de celle-ci, et j'ai passé une bonne partie de la soirée à calculer à quelle heure je devais me sauver en courant du pub pour ne pas rater le dernier métro !! Discographiquement, Patrik Fitzgerald est réapparu en 1986, en groupe, avec l'album "Tunisian twist", qui a été assez largement distribué, et qui a donné lieu à un article dans le NME, dans lequel il expliquait qu'il avait travaillé dans l'hôtellelrie-restauration, en France et à la Chambre des Communes. Certains prétendent que ce disque représente une tentative de "virage commercial" : ça me parait un peu tiré par les cheveux, mais de toutes façons je trouve cet album très décevant, à l'exception de l'excellent morceau-titre, l'orientalisant "Tunisian twist". On peut dire que la vraie carrière de Patrik Fitzgerald s'est achevée avec "Tunisian twist" : plus de tournées ensuite à ma connaissance, plus d'articles dans la presse spécialisée. Mais il n'a visiblement pas pour autant abandonné complètement la musique, puisque des sorties sporadiques de nouveau matériel sont à signaler dans les vingt années suivantes, dont nous avons pu retrouver la trace grâce à l'internet. Une vidéo d'un concert de 1986 tout d'abord, est éditée en 1995, mais nous ne l'avons pas vue. Il s'agit probablement de la tournée "Tunisian twist". Toujours en 1995, un nouvel album du Patrik Fitzgerald Group est paru !! "Pillow tension" est sorti en CD, mais sur un petit label grec de Thessalonique, c'est vous dire s'il faut s'accrocher pour le trouver ! Les musiciens sont plus ou moins les mêmes que sur "Drifting" et "Tunisian twist", et les défauts aussi. On se passerait bien de la batterie, par exemple. Deux réussites néammoins dans ce disque, la nouvelle version de "Breathing's painful" et une autre chanson orientalisante, "The moon in the gutter", une reprise d'une chanson de l'artiste israëlien Yehuda Poliker. Plus récemment (l'internet existait), mais je ne sais pas exactement quand car il n'y a aucune date sur le disque, Patrik Fitzgerald est revenu à ses premières amours, avec "Room service", un disque enregistré en direct à la maison, complètement en solo avec sa guitare acoustique. C'est sorti sous la forme d'un CD-R sur un micro-label lié à un fanzine anglais (Le site du label n'existe plus, mais on peut toujours contacter Paul Stapleton, du groupe Pog, qui semble diriger ce label). Outre une reprise des Kinks, c'est un plaisir d'avoir la chance dans les années 2000 d'écouter de nouvelles chansons de Patrik Fitzgerald, telles qu'il aurait pu les enregistrer en 78, avec le même jeu de guitare, la même voix, les mêmes thèmes. S'il n'avait pas pratiqué ces genres avant même qu'ils soient popularisés, "Room service" aurait pu être son disque lo-fi ou anti-folk. La chanson "Room service" est plus que certainement très autobiographique ! Ce n'est pas un hasard si nous avons choisi d'intituler cette rétrospective "All the years of trying". Dans cette chanson de "Grubby stories", après seulement quelques mois de "carrière" donc, Patrik Fitzgerald décrivait très précisément le parcours de tous ces artistes "cultes", comme le sont la plupart de nos préférés, qui produisent une oeuvre personnelle sans pour autant vendre beaucoup de disques ou connaître un gros succès populaire. Si cette compilation peut élargir le cercle de ses amateurs, elle aura rempli son office... JC Brouchard, février 2005
PS : Patrik Fitzgerald a désormais un site internet officiel, mais il a une page sur My Space : www.myspace.com/patrikfitzgerald. On peut le contacter à cette adresse : patrikfitzg@hotmail.com. Il a le projet d'éditer des enregistrements studio et live inédits. INFO AOUT 2006 : Patrik Fitzgerald quitte ce mois-ci son domicile en Nouvelle-Zélande pour une tournée européenne ! Et à cette occasion, il sort une compilation d'enregistrements inédits, "Floating population". Rendez-vous sur sa page My Space pour connaître les lieux et dates des concers et les modalités de commande du disque. |
Discographie
This is what
[my records] are ; the voice of a small, insecure, somewhat lost person, living
in a small, insecure, somewhat lost country.
(Patrik
Fitzgerald, 1994, livret du CD
"Safety
pin stuck in my heart : The very best of...")
Référence | Disque | Année | Format | Label | Crédit artiste |
SMALL 4 | Safety pin stuck in my heart | 1977 | 7" EP | Small Wonder | Patrik Fitzgerald |
SMALL 6 | Backstreet boys | 1978 | 7" EP | Small Wonder | Patrik Fitzgerald |
WEENY 1 | The paranoid ward | 1978 | 7" & 12" EP | Small Wonder | Patrik Fitzgerald |
Polydor 2383 533 | Grubby stories | 1979 | 12" album | Small Wonder / Polydor | Patrik Fitzgerald |
Polydor 2059 091 | All sewn up / Hammersmith Odeons | 1979 | 7" single | Small Wonder / Polydor | Patrik Fitzgerald |
Polydor 2059 135 | Improve myself / My new family / The bingo crowd | 1979 | 7" single | Small Wonder / Polydor | Patrik Fitzgerald |
FS EP 001 | Tonight EP | 1981 | 12" EP | Final Solution | Patrik Fitzgerald Group |
AHPF 1 | Without sex / Pop star pop star | 7" single | Ellie Jay | Josef Garret | |
MOON 1 | "Breathing's painful" sur la compilation "Moonlight radio" | 1981 | 12" album track | Armageddon | Patrik Fitzgerald Group |
MOON 2 | "One by one" sur la compilation "Fear and fantasy" | 1982 | 12" album track | Armageddon | Patrik Fitzgerald Group |
Short story / Personal loss, disque souple inclus dans le fanzine "Riot stories" | 7" single | Riot Stories | Anne Clarke & Patrik Fitzgerald | ||
RF 708 | Personal loss / Straight boy | 1982 | 7" single | Red Flame | Patrik Fitzgerald |
RF 8 | Gifts and telegrams | 1982 | 12" album | Red Flame | Patrik Fitzgerald |
"Tonight" et "Island of lost souls" dans le documentaire "Rough cut and ready dubbed" | 1982 | DVD | ILC | ||
HIM 009 | Drifting towards violence | 1983 | 12" album | Red Flame / Himalaya | Patrik Fitzgerald |
RF 48 | Tunisian twist | 1986 | 12" album | Red Flame | Patrik Fitzgerald + 3 |
DELT LP 3 | "Toros" sur la compilation "Abuse" | 1989 | 12" album track | Deltic | Anne Clarke & Patrik Fitzgerald |
RF CD7 | Treasures from the wax museum (compilation comprenant aussi des inédits) | 1993 | CD album | Red Flame | Patrik Fitzgerald |
CD PUNK 31 | Safety pin stuck in my heart : The very best of Patrik Fitzgerald (compilation comprenant aussi des inédits) | 1994 | CD album | Anagram | Patrik Fitzgerald |
IKON 35 | Boardwalk (Live, Manchester, 1986) | 1995 | Vidéo album | Ikon | Patrik Fitzgerald |
LZD 012 | Pillow tension | 1995 | CD album | Lazy Dog | Patrik Fitzgerald Group |
BASE03 | Room service | >1995 | CD album | Beat Bedsit | Patrik Fitzgerald |
Floating population | 2006 | CD album | Patrik Fitzgerald | ||
Dark side of the room | 2006 | CD album | Patrik Fitzgerald & Pog | ||
BACH1/BEAG1CGR004 | Spirit of revolution | 2007 | 7" single | Crispin Glover | |
BEAG3CGRCD010 | Subliminal alienation | 2012 | CD album | Crispin Glover | Patrik Fitzgerald |
Les sources pour cette discographie
comprennent notamment celle publiée sur le site PunkNet77
et celle-ci,
ainsi que celle incluse dans le livret du CD "Safety
pin stuck in my heart : The very best of...".
Lire l'article de Jeremy Chester sur Patrik Fitzgerald dans Communication Blur
n° 2, 1983 : page
1 - page 2.
Parmi les groupes qui ont repris des titres de Patrik Fitzgerald, on compte Chumbawamba, The Wonder Stuff, les Bartlebees et Charta 77 (qui ont tous repris "Safety pin stuck in my heart"), Rausch ("Irrelevant battles" sous le titre "They"), Pog et Manic Mind Circus ("Little fishes").