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1er janvier 2010
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"PREUVES DE JEUNESSE 2009", Vivonzeureux! Records, 2010

"PREUVES DE JEUNESSE 2009", Vivonzeureux! Records, 2010

PREUVES DE JEUNESSE 2009
collection : "Not available"
réf : not available 021
date de sortie : 1er janvier 2010
format : CD 25 titres

Crédits :

Compilé par Pol Dodu
Pochette et notes de pochette : Pol Dodu
Photos (source : If Charlie Parker was a gunslinger, there'd be a whole lot of dead copycats) :
Recto : Fritz Lang
Verso : Catherine Deneuve

Je ne sais pas si ça va devenir une tradition, mais pour la seconde année consécutive, je vous propose une sélection de titres que, pour la grande majorité, je ne connaissais pas le 1er janvier 2009. Qu'elles soient toute récentes ou qu'elles aient plus de cinquante ans, ces chansons sont jeunes. Jeunes à mes oreilles qui viennent de les découvrir, jeunes parce qu'à chaque nouvelle écoute elles vous mettent en joie et vous donnent la pêche. Le temps peut passer, cela ne l'empêche pas toujours de faire preuve de jeunesse.

Pol Dodu, janvier 2010.

Dans la liste des titres ci-dessous, je renvoie par un simple lien à leur chronique dans Blogonzeureux! pour les titres qui y figurent, et je donne quelques précisions pour les autres

1. Les Frères Nubuck : Preuves de jeunesse (2009)
A tout seigneur tout honneur, ce disque s'ouvre avec les Frères Nubuck et leur chanson qui donne son titre à cette compilation. Malheureusement, leur album de 2009, Disque mineur, fin de règne animal, est en train de passer aussi inaperçu que le précédent, Chaque vivant est un mort en puissance. C'est injuste. Le disque est tellement bon que cette chanson a été reléguée sur le EP MP3 bonus qui l'accompagne. A 10 €, cet album superbe, avec le EP bonus et la possibilité en plus de télécharger gratuitement l'album précédent, est vraiment l'affaire de l'année. Vous qui l'avez sûrement manquée, il n'est pas trop tard pour vous rattraper !

2. MJ Hibbett & The Validators : My boss was in an indie band once (2009)

3. Les Pinsons : Le digne dindon (1952)

4. Hank Williams : I'm gonna sing (1951)
Time Life a entrepris d'éditer les 143 titres enregistrés par Hank Williams en 1951 pour une émission de radio sponsorisée par la farine Mother's best. Ce I'm gonna sing, un gospel revigorant, fait partie du premier coffret édité, The unreleased recordings. Un second coffret, Revealed, est déjà paru.

5. Jerry McCain : Geronimo rock 'n' roll (1955)
1955 !! Depuis que j'ai téléchargé ce titre chez Boogie-Woogie Flu en avril dernier, j'ai bien dû l'écouter des dizaines de fois, et pourtant il faut à chaque fois que je me pince pour admettre que Geronimo rock 'n' roll, cet enregistrement sauvage et furieux, avec sa guitare saturée, un son que je croyais inédit avant Link Wray, date bien de la même année que les premiers Chuck Berry ou Bo Diddley. Une révélation...!

6. Les Rythmos : Frisette, fais pas ça (1959)
Après que je sois tombé sur la compilation Country Quebec chez Fremeaux au moment des soldes d'été à la FNAC Forum des Halles, mon deuxième semestre 2009 a été placée sous le signe du Québec, et cette sélection s'en ressent fortement. Du coup, je suis tombé en cherchant plus d'informations sur la compilation Vente de garage vol. 3 et ses pépites de rock'n'roll québécois des années cinquante. Années cinquante, certes, comme le rockabilly, mais cette chanson inclassable des Rythmos aurait aussi pu sortir en 1969. Imaginez un peu si les titres hippies-psychédéliques freakbeat garage des Charlots avaient été aussi bons que leurs titres le laissaient espérer... Et bien, ne cherchez pas plus loin, les Rythmos l'avaient fait dix ans plus tôt.

7. The Jimmy Castor Bunch : King Kong (Pt 1) (1975)
Généralement, le funk c'est pas trop mon truc. Mais cet été, quand Dorian Feller m'a fait écouter ce 45 tours qu'il venait d'acheter, j'ai tout de suite accroché. Ce groove dansant est indéniablement funky et cette version de l'histoire de King Kong est aussi entraînante qu'hilarante : "Wild women heard his love call, but he was too big and too tall", paroles suivies d'une série de "Wah wah wah wah wah wah" bestiaux.

8. Morgus & The Three Ghouls : Morgus the Magnificent (1959)
Je ne sais plus comment je suis tombé sur un MP3 de cette chanson, mais le fait que Bob Dylan l'a programmée dans son excellente Theme time radio hour a dû booster sa diffusion. Cet hommage entraînant à un présentateur de films d'horreur, Morgus the Magnificent, donc, est l'oeuvre entre autres d'un tout jeune Dr. John (19 ans !), probablement responsable des parties de guitare de ce single, puisque c'était avant qu'une balle lui abime un doigt et qu'il se mette au piano.


9. Robbie The Werewolf : Rockin' werewolf (1964)
Depuis plusieurs années, le Beware of the blog de WFMU est une source indispensable de découvertes musicales. C'est à eux que l'on doit d'avoir pu écouter l'unique album de Robbie "The Werewolf" Robinson, pionnier du beatnik monster comedy folk, fondateur par la suite du groupe Clear Light.
Mon titre préféré est ce Rockin' werewolf, à situer entre Jonathan Richman et le meilleur du Dogbowl live en solo.

10. Jeffrey Lewis : Roll bus roll (2009)
Les chansons sur les joies des voyages en car ne sont pas légion. Alors, quand on entend celle-ci, le single extrait de l'album 'Em and I de Jeffrey Lewis, on ne peut que l'associer à You're crazy for taking the bus, l'un des joyaux de Jonathan goes country, un album de Jonathan Richman, l'une des grandes inspirations de Jeffrey Lewis. Si la chanson de Lewis est moins drôle, ça ne l'empêche pas de saisir tout aussi bien l'atmosphère des longs trajets en autocar.
A voir : la version en Concert à emporter de Roll bus roll par Jeffrey et son frère Jack à un arrêt de bus parisien.

11. Daintees : Roll on summertime (1984)
J'ai acheté le premier album de Martin Stephenson and the Daintees à sa sortie en 1987, mais je n'avais jamais eu l'occasion avant 2009 d'écouter leur tout premier 45 tours, Roll on Summertime. Là aussi, on sent l'influence de Jonathan Richman et, dès la première partie de la chanson (une minute de guitare), l'évocation de l'été est presqu'aussi réussie qu'avec That Summer feeling.

12. Pastels/Tenniscoats : Yomigaeru (2009)
Après quelques années d'absence, les Pastels sont revenus cette année avec Two sunsets, un album en collaboration avec le groupe japonais Tenniscoats. Le disque est très éclectique et c'est Yomigaeru, un bijou pop bucolique, quelque part entre Sonoko et les Pascals, qui a ma préférence. Si je devais l'adapter en français, ce serait sous le titre On est garé où ?.

13. Chhun Vanna & Im Song Soeum : Quand tu me comprendras (1960s)

14. Mary Bolduc & André "Zézé" Carmel : Les belles-mères (1936)
Voici mon extrait préféré de la compilation Country Quebec que j'évoquais plus haut. C'est aussi le plus ancien enregistrement de cette sélection (de peu). Les belles-mères, c'est un thème vieux comme le mariage mais, dans le style, cette chanson mérite le pompon !

15. The Jazz Butcher : La mer (1983)
16. The Jazz Butcher : Water (1985)
Ces deux chansons du Jazz Butcher, je les connais depuis bien longtemps, mais j'ai eu l'occasion de les réécouter avec grand plaisir cette année. Outre qu'il s'agit de deux de mes titres préférés de Pat Fish, ils ont au moins deux choses en commun : l'eau et les éléphants ! Et j'adore le refrain de La mer, "Tout le monde va à la plage parce qu'il est bien joli".

17. P.A.O.L.A : Si t'as été à Tahiti (1958)

18. Fernandel et Germaine Duclos : Je te veux (1937)
Voilà une chanson découverte également sur une compilation Frémeaux achetée en solde. Cette fois, il s'agit d'Amour, bananes et ananas. Ce duo torride ("Je te veux, je te veux, je te veux ! J'en frissonne jusqu'au fond de l'âme Je te veux, je te veux, je te veux ! Prends-moi toute et dis-moi que tu peux") est une chanson du film Le rosier de Madame Husson (1932), rééenregistrée cinq ans plus tard, donc, sauf erreur de ma part. Avec le côté amour vache en moins, cette chanson a quand même quelque chose de Fais-moi mal Johnny, une vingtaine d'années plus tôt.

19. P'tit Frère : Anita (1960s)

20. Roger Miron et ses Laurentiens : En avant le rock'n'roll (1957)
On revient à nos premiers rockers québécois, qui étaient d'ailleurs avant tout des musiciens country s'essayant au nouveau rythme. Avec En avant le rock'n'roll, Roger Miron, en rêve, dit au-revoir à l'année 1956 et salue la nouvelle année. Les solos de guitare, d'orgue et d'accordéon s'enchaînent, et on danse et chante : "Puis je me suis éveillé, l'an 56 est passé laissant en souvenir le rock'n'roll et ses plaisirs. Depuis ce rêve, ce drôle de rêve, j'écoute Elvis et je pense à l'année 56".

21. Léo Benoît : Rock'n'roll dans mon lit (1958)
On sait qu'un grand nombre d'expressions utilisées pour décrire des styles musicaux avait un double-sens à caractère sexuel. Les québécois des années 50 l'entendaient bien ainsi, comme le confirme le Rock'n'roll dans mon lit de Léo Benoît : "Le Rock'n Roll dans le lit est supérieur j' vous l' dis à celui d' Elvis Presley. Quand j' me mets à l'danser avec mon beau bébé, là je commence à youdeler. Les pattes de l' couchette branlent lorsque je présente à ma femme que j'ai dans mes bras ce que j'ai de plus beau, un amour des plus chauds pour pouvoir danser à nouveau."

22. Les Frères Nubuck : Pour la survie de l'espèce (2009)
La jeunesse passant, par définition, Les Frères Nubuck sont amenés sur leur dernier album à se poser des questions existentielles, tout en sifflotant et en dansant: "C'est beau un couple qui fait l'amour, non, tu ne trouves pas ? Un jeune couple c'est encore plus beau qu'une mazurka. (...) Le vieil homme disait toujours que le plus dur ce sont les trente premières années car faut pas que les outils se rouillent et je crois qu'il faut toujours écouter le vieil homme. Le font-ils lus que nous ? Varient-ils de position ? Lequel des deux a les plus gros besoins ? Où se sont-ils rencontrés ?".

23. David Thomas and The Accordion Club : We have the technology (1992)

24. Dorian Feller : Au garde à vous des sentinelles (2009)
Dorian Feller a édité cette année Drôle de bobine, le septième volume de son projet Brodé Tango sauf que, pour ne pas simplifier les choses, il a mis son nom au verso de la pochette au lieu d'indiquer Brodé Tango. Le principe reste pourtant le même : épaulé du seul batteur Joss Mandall, Dorian enregistre à la maison ses chansons et ritournelles aux titres bourrés de jeux de mots dignes de ceux de Pascal Comelade (Avant que ton corps ne m'use, Exercices d'hostile). Difficile de choisir parmi les 24 titres de l'album, mais Au garde à vous des sentinelles l'a emporté pour la beauté de sa mélodie.

25. Jonathan Richman : The morning of our lives (1981)
C'est arrivé de nulle part, ou presque, via une alerte Google, et c'était inespéré. Il s'agit non pas d'un "Lost album", comme le titrait le blog qui a initialement diffusé ces enregistrements, mais d'une série d'enregistrements démos en studio inédits de Jonathan Richman datés des environs de 1981. Autrement dit, c'est un peu comme découvrir un album Beserkeley inédit d'après Back in your life, ou un petit frère à Jonathan sings !.
La version de Moulin Rouge est des coudées au-dessus de celle publiée plus tard. Il y a une version studio de I'm a little airplane et des rocks inédits comme In the checkout line ("D'abord elles ont parlé de moi. Ensuite elles ont parrlé de toi, et de tout ce qu'elles aimeraient que l'on ne fasse pas, quand ma mère a rencontré la tienne dans la file d'attente à la caisse." !), mais le point essentiel de cette collection demeurera pour moi cette version de The morning of our lives. Cela fait maintenant 25 ans que je connais l'album Modern Lovers Live ! sur lequel cette chanson a été initialement publiée en 1977. Elle est vite devenue l'un des piliers de la doctrine hip-pop optimiste. Il a fallu attendre le développement d'internet pour que j'ai la chance d'en découvrir d'autres versions en concert, mais je n'imaginais même pas qu'il puisse en exister une version studio. Celle-ci se conclut même avec un couplet en français qui fait référence à Maurice Chevalier, dont un texte ou une interview a probablement inspiré cette chanson : "If Maurice Chevalier were here today, he'd take us all by the hand and say : Enjoy it while you can. For me, it is the twilight, but for you it's the morning, ladies and gentlemen. Our time is maintenant, le time to do les choses, comment dit-on, tu vraiment veux, le temps est maintenant, le matin de notre vie. (...) Nous avons la jeunesse maintenant.". Quelle plus belle preuve de jeunesse pouvait-on trouver pour conclure cette sélection ?