1. Les
Frères Nubuck : Preuves de jeunesse (2009)
A tout seigneur tout honneur, ce disque s'ouvre avec les Frères
Nubuck et leur chanson qui donne son titre à cette compilation.
Malheureusement, leur album de 2009, Disque mineur, fin de règne
animal, est en train de passer aussi inaperçu que le précédent,
Chaque vivant est un mort en puissance. C'est injuste. Le disque
est tellement bon que cette chanson a été reléguée
sur le EP MP3 bonus qui l'accompagne. A
10 €, cet album superbe, avec le EP bonus et la possibilité
en plus de télécharger gratuitement l'album précédent,
est vraiment l'affaire
de l'année. Vous qui l'avez sûrement manquée,
il n'est pas trop tard pour vous rattraper !
2. MJ
Hibbett & The Validators : My boss was in an indie band once
(2009)
3. Les
Pinsons : Le digne dindon (1952)
4. Hank
Williams : I'm gonna sing (1951)
Time Life a entrepris d'éditer les 143 titres enregistrés
par Hank Williams en 1951 pour une émission de radio sponsorisée
par la farine Mother's best. Ce I'm gonna sing, un gospel revigorant,
fait partie du premier coffret édité, The
unreleased recordings. Un second coffret, Revealed,
est déjà paru.
5. Jerry
McCain : Geronimo rock 'n' roll (1955)
1955 !! Depuis que j'ai
téléchargé ce titre chez Boogie-Woogie Flu en
avril dernier, j'ai bien dû l'écouter des dizaines de fois,
et pourtant il faut à chaque fois que je me pince pour admettre
que Geronimo
rock 'n' roll, cet enregistrement sauvage et furieux, avec sa
guitare saturée, un son que je croyais inédit avant Link
Wray, date bien de la même année que les premiers Chuck Berry
ou Bo Diddley. Une révélation...!
6. Les
Rythmos : Frisette, fais pas ça (1959)
Après que je sois tombé sur la compilation Country
Quebec chez Fremeaux au moment des soldes d'été
à la FNAC Forum des Halles, mon deuxième semestre 2009 a
été placée sous le signe du Québec, et cette
sélection s'en ressent fortement. Du coup, je suis tombé
en cherchant plus d'informations sur la compilation Vente
de garage vol. 3 et ses pépites de rock'n'roll québécois
des années cinquante. Années cinquante, certes, comme le
rockabilly, mais cette chanson inclassable des Rythmos
aurait aussi pu sortir en 1969. Imaginez un peu si les titres hippies-psychédéliques
freakbeat garage des Charlots avaient été aussi bons que
leurs titres le laissaient espérer... Et bien, ne cherchez pas
plus loin, les Rythmos l'avaient fait dix ans plus tôt.
7. The
Jimmy Castor Bunch : King Kong (Pt 1) (1975)
Généralement, le funk c'est pas trop mon truc. Mais cet
été, quand Dorian Feller m'a fait écouter ce 45 tours
qu'il venait d'acheter, j'ai tout de suite accroché. Ce groove
dansant est indéniablement funky et cette version de l'histoire
de King Kong est aussi entraînante qu'hilarante : "Wild
women heard his love call, but he was too big and too tall",
paroles suivies d'une série de "Wah wah wah wah wah wah"
bestiaux.
8. Morgus
& The Three Ghouls : Morgus the Magnificent (1959)
Je ne sais plus comment je suis tombé sur un MP3 de cette chanson,
mais le fait que Bob
Dylan l'a programmée dans son excellente Theme time radio hour
a dû booster sa diffusion. Cet hommage entraînant à
un présentateur de films d'horreur, Morgus
the Magnificent, donc, est l'oeuvre entre autres d'un tout jeune Dr.
John (19 ans !), probablement responsable des parties de guitare de
ce single, puisque c'était avant qu'une balle lui abime un doigt
et qu'il se mette au piano.
9. Robbie The Werewolf : Rockin' werewolf
(1964)
Depuis plusieurs années, le Beware
of the blog de WFMU est une
source indispensable de découvertes musicales. C'est à eux
que l'on doit d'avoir pu écouter l'unique
album de Robbie "The Werewolf" Robinson, pionnier du beatnik
monster comedy folk, fondateur par la suite du groupe Clear Light.
Mon titre préféré est ce Rockin' werewolf,
à situer entre Jonathan Richman et le meilleur du Dogbowl live
en solo.
10. Jeffrey
Lewis : Roll bus roll (2009)
Les chansons sur les joies des voyages en car ne sont pas légion.
Alors, quand on entend celle-ci, le single extrait de l'album 'Em and
I de Jeffrey Lewis, on ne peut que l'associer à You're
crazy for taking the bus, l'un des joyaux de Jonathan
goes country, un album de Jonathan Richman, l'une des grandes
inspirations de Jeffrey Lewis. Si la chanson de Lewis est moins drôle,
ça ne l'empêche pas de saisir tout aussi bien l'atmosphère
des longs trajets en autocar.
A voir : la
version en Concert à emporter de Roll bus roll par
Jeffrey et son frère Jack à un arrêt de bus parisien.
11. Daintees
: Roll on summertime (1984)
J'ai acheté le premier album de Martin Stephenson and the Daintees
à sa sortie en 1987, mais je n'avais jamais eu l'occasion avant
2009 d'écouter leur tout premier 45 tours, Roll
on Summertime. Là aussi, on sent l'influence de Jonathan
Richman et, dès la première partie de la chanson (une minute
de guitare), l'évocation de l'été est presqu'aussi
réussie qu'avec That Summer feeling.
12. Pastels/Tenniscoats
: Yomigaeru (2009)
Après quelques années d'absence, les Pastels sont revenus
cette année avec Two sunsets, un album en collaboration
avec le groupe japonais Tenniscoats. Le disque est très éclectique
et c'est Yomigaeru, un bijou pop bucolique, quelque part entre
Sonoko
et les Pascals, qui a ma préférence. Si je devais l'adapter
en français, ce serait sous le titre On est garé où
?.
13. Chhun
Vanna & Im Song Soeum : Quand tu me comprendras (1960s)
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14. Mary
Bolduc & André "Zézé" Carmel : Les
belles-mères (1936)
Voici mon extrait préféré de la compilation Country
Quebec que j'évoquais plus haut. C'est aussi le plus ancien
enregistrement de cette sélection (de peu).
Les belles-mères, c'est un thème vieux comme
le mariage mais, dans le style, cette chanson mérite le pompon
!
15. The
Jazz Butcher : La mer (1983)
16. The Jazz Butcher : Water (1985)
Ces deux chansons du Jazz Butcher, je les connais depuis bien longtemps,
mais j'ai eu l'occasion de les réécouter avec grand plaisir
cette année. Outre qu'il s'agit de deux de mes titres préférés
de Pat Fish, ils ont au moins deux choses en commun : l'eau et les éléphants
! Et j'adore le refrain de La mer, "Tout le monde va à
la plage parce qu'il est bien joli".
17. P.A.O.L.A
: Si t'as été à Tahiti (1958)
18. Fernandel
et Germaine Duclos : Je te veux (1937)
Voilà une chanson découverte également sur une compilation
Frémeaux achetée en solde. Cette fois, il s'agit d'Amour,
bananes et ananas. Ce duo torride ("Je te veux, je te
veux, je te veux ! J'en frissonne jusqu'au fond de l'âme Je te veux,
je te veux, je te veux ! Prends-moi toute et dis-moi que tu peux")
est une chanson du film Le rosier de Madame Husson (1932), rééenregistrée
cinq ans plus tard, donc, sauf erreur de ma part. Avec le côté
amour vache en moins, cette chanson a quand même quelque chose de
Fais-moi mal Johnny, une vingtaine d'années plus tôt.
19. P'tit
Frère : Anita (1960s)
20. Roger
Miron et ses Laurentiens : En avant le rock'n'roll (1957)
On revient à nos premiers rockers québécois, qui
étaient d'ailleurs avant tout des musiciens country s'essayant
au nouveau rythme. Avec En
avant le rock'n'roll, Roger Miron, en rêve, dit au-revoir
à l'année 1956 et salue la nouvelle année. Les solos
de guitare, d'orgue et d'accordéon s'enchaînent, et on danse
et chante : "Puis je me suis éveillé, l'an 56 est
passé laissant en souvenir le rock'n'roll et ses plaisirs. Depuis
ce rêve, ce drôle de rêve, j'écoute Elvis et
je pense à l'année 56".
21. Léo
Benoît : Rock'n'roll dans mon lit (1958)
On sait qu'un grand nombre d'expressions utilisées pour décrire
des styles musicaux avait un double-sens à caractère sexuel.
Les québécois des années 50 l'entendaient bien ainsi,
comme le confirme le Rock'n'roll dans mon lit de Léo Benoît
: "Le Rock'n Roll dans le lit est supérieur j' vous l'
dis à celui d' Elvis Presley. Quand j' me mets à l'danser
avec mon beau bébé, là je commence à youdeler.
Les pattes de l' couchette branlent lorsque je présente à
ma femme que j'ai dans mes bras ce que j'ai de plus beau, un amour des
plus chauds pour pouvoir danser à nouveau."
22. Les
Frères Nubuck : Pour la survie de l'espèce (2009)
La jeunesse passant, par définition, Les Frères Nubuck sont
amenés sur leur dernier album à se poser des questions existentielles,
tout en sifflotant et en dansant: "C'est beau un couple qui fait
l'amour, non, tu ne trouves pas ? Un jeune couple c'est encore plus beau
qu'une mazurka. (...) Le vieil homme disait toujours que le plus dur ce
sont les trente premières années car faut pas que les outils
se rouillent et je crois qu'il faut toujours écouter le vieil homme.
Le font-ils lus que nous ? Varient-ils de position ? Lequel des deux a
les plus gros besoins ? Où se sont-ils rencontrés ?".
23. David
Thomas and The Accordion Club : We have the technology (1992)
24. Dorian Feller
: Au garde à vous des sentinelles
(2009)
Dorian Feller a édité cette année Drôle
de bobine, le septième volume de son projet Brodé
Tango sauf que, pour ne pas simplifier les choses, il a mis son nom
au verso de la pochette au lieu d'indiquer Brodé Tango. Le principe
reste pourtant le même : épaulé du seul batteur Joss
Mandall, Dorian enregistre à la maison ses chansons et ritournelles
aux titres bourrés de jeux de mots dignes de ceux de Pascal Comelade
(Avant que ton corps ne m'use, Exercices d'hostile). Difficile
de choisir parmi les 24 titres de l'album, mais Au garde à vous
des sentinelles l'a emporté pour la beauté de sa mélodie.
25. Jonathan
Richman : The morning of our lives (1981)
C'est arrivé de nulle part, ou presque, via une alerte Google,
et c'était inespéré. Il s'agit non pas d'un "Lost
album", comme le titrait le
blog qui a initialement diffusé ces enregistrements, mais d'une
série d'enregistrements démos en studio inédits de
Jonathan Richman datés des environs de 1981. Autrement dit, c'est
un peu comme découvrir un album Beserkeley inédit d'après
Back in your life, ou un petit frère à Jonathan
sings !.
La version de Moulin Rouge est des coudées au-dessus de
celle publiée plus tard. Il y a une version studio de I'm a
little airplane et des rocks inédits comme In the checkout
line ("D'abord elles ont parlé de moi. Ensuite elles
ont parrlé de toi, et de tout ce qu'elles aimeraient que l'on ne
fasse pas, quand ma mère a rencontré la tienne dans la file
d'attente à la caisse." !), mais le point essentiel de
cette collection demeurera pour moi cette version de The morning of
our lives. Cela fait maintenant 25 ans que je connais l'album Modern
Lovers Live ! sur lequel cette chanson a été initialement
publiée en 1977. Elle est vite devenue l'un
des piliers de la doctrine hip-pop optimiste. Il a fallu attendre
le développement d'internet pour que j'ai la chance d'en découvrir
d'autres versions en concert, mais je n'imaginais même pas qu'il
puisse en exister une version studio. Celle-ci se conclut même avec
un couplet en français qui fait référence à
Maurice Chevalier, dont un texte ou une interview a probablement inspiré
cette chanson : "If Maurice Chevalier were here today, he'd take
us all by the hand and say : Enjoy it while you can. For me, it is the
twilight, but for you it's the morning, ladies and gentlemen. Our time
is maintenant, le time to do les choses, comment dit-on, tu vraiment veux,
le temps est maintenant, le matin de notre vie. (...) Nous avons la jeunesse
maintenant.". Quelle plus belle preuve de jeunesse pouvait-on
trouver pour conclure cette sélection ?
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