(version la plus longue, celle de "I, Jonathan")
When there's things to do not because you gotta
When you run for love not because you oughtta
When you trust your friends with no reason notta
The joy I've named shall not be tamed
And that summer feeling is gonna haunt you one day in your life
When the cool of the pond makes you drop down on it
When the smell of the lawn makes you flop down on it
When the teenage car gets the cop down on it
That time is here for one more year
And that summer feeling is gonna haunt you one day in your life
If you've forgotten what I'm naming
You're gonna long to reclaim it one day
Because that Summer feeling'i gonna haunt you one day in your life
And if you wait until you're older
A sad resentment will smoulder one day
And then that summer feeling's gonna haunt you
And then that summer feeling's gonna taunt you
And then that summer feeling is gonna hurt you one day in your life
When even fourth grade starts looking good, which you hated
And first grade's looking good too, overrated
And you boys long for some little girl that you dated
Do you long for her or for the way you were ?
That summer feeling is gonna haunt you one day in your life
When the Oldsmobile has got the top down on it
When the catamaran has got the drop down on it
When the flat of the land has got the crop down on it
Some things were good before and some things never were
But that summer feeling is gonna haunt you one day in your life
Well when your friends are in town and they've got time for you
When you're with them hanging around and they don't ignore you
When you say what you will and they still adore you
Is that not appealing it's that summer feeling
That summer feeling is gonna haunt you one day in your life
It's gonna haunt you
It's gonna taunt you
You're gonna want this feeling inside one more time
When you're hanging around the park with the water fountain
And there's a little girl with the dirty ankles
Cos she's on the switch you know and the dust is kicking up
And you remember that ankle
And the way she flirted with you
For all this time, how come
Well that summer feeling is gonna haunt you one day in your life
You'll throw away everything for it
Well when the playground that just was all dirt comes haunting
And that little girl who called you a flirt, memory comes taunting
You pick these things apart they're not that appealing
You put them together and you'll get this certain feeling
That summer feeling is gonna haunt you one day in your life
It's gonna haunt you
It's gonna taunt you
You're gonna want this feeling inside one more time
Il y a quelques mois, les fans qui participent à la liste
de discussion électronique dédiée à Jonathan Richman ont
joué au jeu idiot qui consiste à lister ses 5 chansons préférées
d'un artiste (comme si c'était possible lorsqu'on est vraiment fan
de la musique de quelqu'un). Et, assez bizarrement, c'est 'That Summer feeling'
qui est arrivé en tête. Assez bizarrement car en fait ce morceau
ne figure pas parmi les grands classiques de Jonathan, que ce soit ceux
de la première période (Rodarunner, Pablo Picasso) ou ceux
de la période Beserkeley (Egyptian reggae, Affection, New England
et tant d'autres).
En fait, il ya sûrement un trait de caractère de cette chanson
qui lui a permis de faire l'unanimité. En effet, outre que c'est
une très bonne chanson, elle joue à fond sur une corde qui
vibre en chacun de nous : la nostalgie. On a tous des souvenirs d'enfance,
on a tous des souvenirs d'été, et la grande force de 'That
Summer feeling', c'est de rendre compte parfaitement de ces sentiments et
de rrendre universels les quelques anecdotes auxquelles elle fait référence.
Il y a au moins une chanson du répertoire français qui fonctionne
aussi bien et de la même façon, c'est 'Le temps de l'amour',
de Jacques Dutronc, que Françoise Hardy a créée en
1963. C'est 20 ans plus tard exactement qu'est sortie la 1ère version
de 'That Summer feeling', sur l'album 'Jonathan sings !', qui était
plus ou moins un album de retour pour Jonathan Richman, puisqu'il venait
après une série de 3 albums studio pour Beserkeley, enregistrée
avec un groupe à peu près stable. Mais 'Back in your life',
le dernier de la série, était sorti en 79, et ce nouvel album,
enregistré pour l'ex-indépendant Sire, associé à
Warner, était attendu de pied ferme par tous ses fans, en cette fin
d'année 1983.
Pour ce disque, le groupe avait choisi Peter Bernstein comme producteur,
le fils d'un des Bernstein très connu (Leonard ?, Elmer ?), en espérant
avoir un peu le son des productions du père. Apparemment, ils ont
été déçus sur ce point, et c'est d'ailleurs
cette production, beaucoup plus policée que les précédentes,
qui a également déçu de nombreux fans à la sortie
du disque. Pourtant, les années ayant passé, lorsqu'on regarde
en arrière, on se rend compte que ce disque très court (10
titres), est l'un des plus cohérents de Jonathan Richman, et qu'il
ne compte quasimen aucun titre un peu plus faible.
Ce disque, les anglais ont dû l'attendre un peu plus longtemps que
les autres, car il se trouve que Warner Royaume-Uni n'a pas pris l'option
de sortir ce disque. Le temps que la nouvelle se répande et que les
tractations habituelles aient lieu, ce n'est que courant 1984 que les anglais
eurent droit, chez Rough Trade, à 'Jonathan sings!'. Mais leur patience
fut récompensée puisqu'ils eurent aussi droit à un
single avec 'That Summer feeling' en face A, et une superbe pochette dessinée
par Jonathan lui-même (mal reproduite sur cette page). Je ne sais
pas si c'est suite à ces péripéties, toujours est-il
que ce fut le seul disque sorti par les Modern Lovers sur Sire, tandis que
la licence anglaise entraina la sortie chez Rough Trade des deux albums
suivants, le merveilleux 'Rockin' and romance' et 'It's time for'.
Personnellement, 'That Summer feeling' m'évoque des souvenirs d'été
qui sont liés à Jonathan, mais qui sont antérieurs
à la publication de la chanson. Ca devait être l'été
80 ou 81, à Suippes, ville réputée pour son camp militaire.
Et justement, j'étais là pour travailler dans le camp militaire.
pas pour y faire mon service militaire, même si j'en aurais eu l'âge,
mais pour participer à des fouilles archéologiques, dans le
camp, près du parcours du combattant.
Je me mets à la place des militaires du camp, engagés ou non,
le tableau que nous formions, l'équipe de fouille au complet, avait
de quoi surprendre. Entre l'équipe d'encadrement, qui finissait les
années 70 avec une longueur de cheveux beaucoup plus baba que punk,
les fouilleurs tous plus dépenaillés les uns que les autres,
et les fouilleuses, à qui il suffisait d'être des fouilleuses
pour déranger la tranquilité du camp, le moins que l'on puisse
dire est que nous étions chaque année l'attraction estivale,
attirant au-dessus de nos trous de nombreux spectateurs en treillis.
Car nous passions nos journées à recreuser dans la craie des
trous que nos prédécesseurs s'étaient acharnés
à reboucher 2000 ans plus tôt - avec des ordures - car ils
étaient tropa bimés pour continuer à servir de silo
à grains. Ces journées au soleil se passaient en musique avec
un gros magnétophone qui, selon les heures, déversaient du
reggae, du rock, du punk ou du Higelin sur le camp militaire ou dans la
Maison pour Tous qui nous hébergeait. C'est d'ailleurs à cause
des Sex Pistols que François B. m'avait repéré la première
année : il avait remarqué que, tout au long de 'Never mind
the bollocks' on ma tête sortir en rythme de mon silo alors que mes
gueulements couvraient la voix de Johnny Rotten.
Mais cette année là, il avait amené une cassette de
'Back in your life', et c'est à cette occasion que j'ai vraiment
découvert et que je me suis mis à m'intéresser à
la musique de Jonathan Richman & the Modern Lovers. Je ne crois pas
que j'avais déjà un walkman à l'époque, mais
en tout cas j'avais un petit magnétophone, et j'ai passé plusieurs
heures - à l'occasion de nos pauses de midi, quand il faisait trop
chaud pour fouiller - derrière l'église de Suippes, sur la
petite bande d'herbe au bord de la rivière, à me familiariser
avec les chansons de l'album, que je peux presque encore citer de tête
(Abdul & Cleopatra, Lover please (reprise de Billy Swan), Affection,
Party in the woods tonight, Back in your life, Buzz buzz buzz, I'm nature's
mosquito, Emeline, Lydia, My love is a flower, etc) et à essayer
de comprendre les paroles d'Abdul & Cleopatra, qui ne m'éloignaient
pas tant que ça de l'archéologie. Il y a donc bien un 'Summer
feeling' attaché pour moi à cet album, ce qui explique pourquoi,
à n'en pas douter, il reste peut-être mon préféré
de Jonathan Richman...