A propos de Vivonzeureux!

VIVONZEUREUX!
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25 juillet 2011
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"UNE CHANSON FRENCH", Vivonzeureux! Records, 2010

UNE CHANSON FRENCH QUE MAMAN CHANTAIT A MOI
collection : "Not available"
réf : not available 022
date de sortie : 25 juillet 2011
format : CD 15
titres

Crédits :

Compilé par Pol Dodu
Pochette et notes de pochette : Pol Dodu
Photo : Anna Karina et Jean-Luc Godard (source : If Charlie Parker was a gunslinger, there'd be a whole lot of dead copycats).

Plus ça va, et moins je supporte ces artistes et ces groupes qui tentent de justifier le fait qu'ils chantent uniquement en anglais par le fait que cette langue conviendrait mieux au rock et à ses dérivés (et accessoirement par le fait que ça leur permet de diffuser plus facilement leur musique à l'international). Je comprendrais encore qu'on alterne l'anglais et le français d'un titre à l'autre, ou qu'on mélange les deux dans une même composition, en incluant des expressions ou des interjections anglaises ou en traduisant les couplets (certains font ça très bien). Mais un disque de français en anglais d'un bout à l'autre, ça me parait renier complètement sa culture. C'est d'autant plus dur quand la prononciation, l'accent et le rythme sont du niveau moyen inculqué par l'éducation nationale française (c'est à dire que le résultat insupportable pour qui est capable de saisir toutes les erreurs et les imprécisions). Et souvent on a droit à la cerise sur le gâteau quand l'ensemble des crédits d'un disque édité en France sont entièrement rédigés en pseudo-anglais, du style "Recorded at chez la tante du batteur, with thanks to Alain, Isabelle and Jérémie"). Si c'est pour prononcer à la française des mots apparemment anglais sans même en comprendre le sens, autant allez tout de suite prendre un petit boulot chez McDonald !
Et pourtant, à de nombreuses occasions d'autres artistes ont fait exactement l'inverse : choisir de chanter en français, alors que ce n'est pas leur langue. Et vous savez quoi ? Eh bien, très souvent le résultat est excellent.
J'y trouve plus de poésie que quand les français chantent en anglais. Ça tient à quelques petites choses, probablement. L'accent et la prononciation imparfaite, et surtout, ce qui fait beaucoup c'est que ces paroliers moins familiers avec notre langue n'hésitent pas à malmener les phrases, à torturer la grammaire, à faire des associations incongrues, qui rendent savoureuses leurs productions.
Repérées au fil des années, voici une sélection des mes "chansons French" préférées.

Pol Dodu, juin 2011.

Dans la liste des titres ci-dessous, je renvoie par un simple lien à leur chronique dans Blogonzeureux! pour les titres qui y figurent, et je donne quelques précisions pour les autres

 

1. Eleni Mandell : Dis-moi au revoir encore (2007)
Cette chanson, Eleni mandell l'a d'abord créée en anglais sous le titre Let's say goodbye again avec le groupe The Grabs.
Cette version en français est sortie sur un 45 tours édité au Canada, dont la face B, le duo Français 1, vaut aussi le détour.

2. Andice Rupen & Howe Gelb : Lazy morning (2000)
Lire la chronique sur Blogonzeureux.

3. Dogbowl et/and Peter Parker : Citroën (1995)
Ce double 45 tours du Lithium Singles Club m'a été offert par Rodolphe, des Pirates de l'Art, qui a programmé Dogbowl au moins deux fois à la MJC Claudel de Reims. Dogbowl a vécu à Paris pendant plusieurs années, en alternance avec sa ville d'attache New-York. Sa prononciation et les paroles de cette très courte et hilarante collaboration avec Michel Cloup (ex-Diabologum) nous montrent qu'il avait encore de gros progrès à faire en français : "Montre-moi tes seins, mets-toi aux genoux. Je suis oune Citroën au désir est plus fou. J'aime embrasse la terre sous laquelle tout a marché". Après ça, dans l'excitation, Dogbowl repasse à l'anglais.
Dans le même ordre d'idée, on ne saurait trop recommander Le chien lunatic, l'album live enregistré en 1999 lors du Parcours chanté du Botanique à Bruxelles. Pour l'occasion, Dogbowl interprète toutes ses chansons en français, après les avoir traduites littéralement par ordinateur le plus mal possible.

4. The Jazz Butcher : La mer (1983)
Deux de mes chansons préférées du Jazz Butcher, Water et La mer, ont au moins deux choses en commun : l'eau et les éléphants ! Mais seule La mer est en français, et j'adore son refrain : "Tout le monde va à la plage parce qu'il est bien joli". Les rares fois où j'ai vu le Jazz Butcher en concert, il a interprété au moins l'une de ces chansons, pour le plus grand plaisir du public.

5. The Truffauts : L'histoire des moutons (1994)
Lire la chronique sur Blogonzeureux.

6. The Teardrop Explodes : Traison (C'est juste une histoire) (1981)
Je me souviens très bien avoir entendu pour la première fois cette version en français de Treason dans l'émission Feedback. Bernard Lenoir avait prisé que Julian Cope parlait très bien le français. En tout cas, il s'en sort bien mieux que d'autre pour ce qui est de la prononciation des paroles, mais le "h" manquant (involontairement, je suppose) à "Trahison" nous rappelle que nous n'avons pas à faire à un francophone.
Cette version initialement sortie en face B d'un maxi est incluse en bonus dans les rééditions récentes de l'album Kilimanjaro.

7. Blondie : Sunday girl (French version) (1979)
En 1978, Blondie nous avait fait un sacré clin d'oeil avec les quelques phrases en français de sa reprise de Denis. Pour cet encore plus gros tube qu'a été Sunday girl, le groupe a carrément enregistré une version entièrement en français de sa chanson. Malheureusement, le label par chez nous ne l'a mise qu'en face B du disque, elle n'a donc pas eu la diffusion qu'elle méritait (en Angleterre, à juste titre, cette version était en troisième titre sur la face B d'un maxi).
Sur la longueur d'un titre entier, on se rend compte que la prononciation en français de Debbie Harry est loin d'être parfaite, mais quand elle chante "Dépêches-toi" et "Viens voir ce que ton amour représente pour moi", on a tendance à être tenté d'accourir !

8. Waylon Jennings : Jole blon (1959)
Jole blon, qui a été composée par le violoniste Harry Choates en 1946 et popularisée notamment par Moon Mullican, est considérée par de nombreux cajuns comme leur hymne national. Cette reprise par Waylon Jennings a été produite par Buddy Holly en septembre 1958, qui tient la guitare tandis que King Curtis est au saxophone. Le site Icollector précise que Jennings ne parlait pas français et qu'il a chanté les paroles phonétiquement. Je suppose que c'est confirmé par le fait qu'un français comme moi ne comprend rien aux paroles ! Début 1959, Waylon Jennings tenait la basse dans le groupe de Buddy Holly suite à la séparation des Crickets. Il a échappé de justesse à l'accident d'avion fatal à Buddy Holly.

9. The French Fries : Danse à la musique (1968)
Ah, les joies des découvertes sur internet. Je suis tombé un jour sur un blog qui proposait en téléchargement cette version hallucinée et "en français" (Il ne reste grosso modo que le titre des paroles originales) de Dance to the music de Sly & the Family Stone, censée être sortie en 1968 sur un 45 tours. Ça paraissait tellement gros et improbable que j'ai d'abord pris la chose avec des pincettes, pensant à un gros canular bien élaboré. Il s'avère que j'ai été un peu trop méfiant sur ce coup-là et que l'allumé Sly Stone a bel et bien sorti ce disque à l'époque, mais il a été peu diffusé...

10. The Monochrome Set : R.S.V.P. (1980)
En pleine époque new wave, il était de bon ton de glisser quelques phrases de français dans ses paroles. Talking Heads, The Flying Lizards ou Visage se sont prêtés au jeu. Mais avec R.S.V.P. sur son deuxième album Love zombies, The Monochrome Set propose un titre composé uniquement de mots français. Pas des phrases construites, mais au bout du compte cette juxtaposition de mots finit par raconter une histoire, comme dans le premier couplet : "Pas de deux, cordon bleu Quel dommage, à la plage Laisser faire, tête-à-tête Mal de mer, vinaigrette Sans souci Ma chérie".

11. Wreckless Eric : Dépression (1990)
A une époque où il vivait en France, Wreckless Eric a enregistré pour le label New Rose, notamment l'album Le Beat Group Electrique et un live At the shop. Pour faire honneur à son pays d'accueil, il a tenu à enregistrer une version française de Depression, sortie sur une face B de single.

12. Cours Lapin : Cache Cache (2010)
Des danois francophiles, ce n'est pas si courant. Ceux-là sont quatre, apparemment versés dans la composition de musiques de films (La chanteuse Louise Alenius à la BO de Clara et moi composée par Benjamin Biolay). Du nom de groupe aux titres et aux paroles des chansons de leur album de 2010, tout est en français chez Cours Lapin. Je n'en connais que cet excellent Cache cache, qui a navigué sur de nombreux blogs à sa sortie.

13. Helen Love : Il fait beau (1996)
Lire la chronique sur Blogonzeureux.

14. Jonathan Richman : Sa voix m'attise + (Reprise) (2010)
Anglais, espagnol, italien, français et même japonais : Jonathan Richman est un chanteur polyglotte ! A partir des années 1980, il a commencé à reprendre sur scène, et même sur disque, ses idoles de la chanson française : Charles Trenet, Maurice Chevalier, Charles Aznavour...
Depuis Not so much to be loved as to love en 2004, il enregistre des titres originaux en français sur ses albums. On trouve Sa voix m'attise sur le dernier en date, O Moon, Queen of the night on Earth, dans deux versions. La première est très rythmée par la batterie de Tommy Larkins. Dans la seconde, plus lente et acoustique, Jonathan Richman ajoute quelques explications pédagogiques en anglais pour aider les non-francophones à comprendre les paroles.

15. Kevin Ayers : Puis-je ? (1970)
En 1970, Kevin Ayers, qui passait déjà pas mal de temps en France, a eu la très bonne idée d'agrémenter la face B de son 45 tours Butterfly dance d'une version en français de May I ?, le titre qui ouvrait son deuxième album, Shooting at the moon (en France, logiquement, les deux faces seront inversées). J'aime déjà beaucoup la chanson originale, mais je fonds littéralement pour cette chanson de séduction décomplexée ("Puis-je m'assoir auprès de toi pour te regarder ? (...) C'est pas que je veux t'emmerder et je veux pas être entre tes reins tout de suite, c'est pas ça..."). Ah, si seulement cette chanson avait pu avoir le succès qu'a eu l'année suivante Pour un flirt avec toi de Michel Delpech !

16. Johnny Human : Le poète (1996)
Johnny Human est l'une des identités de John Pearce, alias Alig de Family Fodder. Avec le fameux Savoir faire et ses quelques paroles en français chantées par Dominique Levillain, Alig est depuis longtemps associé au chant en français, mais avec Le poète sur l'album confidentiellement diffusé Foreverandever il s'est lancé pour la première fois je crois dans l'écriture d'une chanson entièrement en français dont le protagoniste pourrait très bien être le même que celui de la chanson de Kevin Ayers : "Quand j'étais encore jeune homme, j'écrivais des belles chansons qui vont directement au fond du coeur des culottes des jeunes femmes".