URUSEI YATSURA



Une compilation de label, ça peut-être 80% à jeter pour un ou deux titres potables ou un joyau perdu au milieu de la face B, mais parfois, ça peut vraiment avoir du bon.
Juillet 95, Ché Records sort "Does the word duh mean anything to you ?" et, au milieu d'autres titres intéressants (voir par ailleurs), bam !, "Powerball", de Urusei Yatsura, un groupe écossais que le label vient de signer, après un mini-album et un split single sur deux micro-labels écossais. Pour son entrée en matière sur son nouveau label, Urusei Yatsura (c'est le nom d'un manga japonais) a enregistré deux titres spéciale-ment pour cette compilation, et c'est un coup de maître.


"Powerball" pourrait être l'équivalent, 15 ans plus tard, de "Get up and use me", le premier 45t d'un autre groupe écossais, les Fire Engines : même rythme effréné et sacadé, mais qui tient mieux la route et qui est soutenu par un refrain mémorable. L'autre titre, "Black hole love", beaucoup plus lent est plus qu'honnête, mais rappelle immanquablement et bizarre-ment le "On the wall" du Jesus & Mary Chain époque Darklands (Tiens, encore un groupe écossais, de la banlieue de Glasgow celui-là).

Après ce magnifique premier essai, on ne reste pas longtemps sur notre faim, puisque Urusei Yatsura sort en septembre son premier vrai 45t, sur Ché, un petit objet en vinyl orange avec deux titres issus de la même session que les
précédents. "Siamese" est appelé à devenir un classique, c'est d'ailleurs un des meilleurs disques de 95 à mon sens. Rapide à s'en casser le cou, tailladé par des coups de guitare, l'écouter c'est comme courir un sprint sans entrainement à la vitesse d'un champion olympique, si vous voyez ce que je veux dire. La version de ce titre réenregistrée pour le premier album du groupe, avec la basse un peu plus en avant, fait penser au "At home he's a tourist" de Gang of Four, mais comme s'il était accéléré de 33 tours en 45 tours.

A peine le temps de souffler et, quelques mois plus tard arrive "Kernel", cette fois-ci sur le label Love Train. il faut dire que, en Ecosse ces temps-ci, ils sont toute une flopée de groupes à tourner ensemble, publier des fanzines, monter des micro-labels, faire des singles ensemble, etc. Avec Urusei Yatsura, on trouve aussi The Delgados, Bis, Mogwai, Spare Snare, et plein d'autres. Urusei Yatsura a d'ailleurs son propre label (Modern inde-pendent), et il existe un fanzine dédié à Fergus Lawrie, l'un des guitaristes-chanteurs (les autres membres du groupe sont Graham Kemp à la guitare et au chant, et le frère et la soeur Graham : Elaine à la basse et Ian à la batterie).
"Kernel" est non pas décevant, mais un peu en retrait par rapport à "Siamese". C'est un morceau beaucoup plus pop et plus lent, qui se fait aimer sur la longueur, et qui est bien mieux à sa place sur le premier album du groupe qu'en face A de single.
On laisse passer Noël et re-bam!, en janvier sort "Plastic ashtray" le premier single du groupe à sortir en maxi-CD 4 titres. La face A, digne d'un des meilleurs titres du Sonic Youth époque Goo, est exemplaire ("Je suis déjà venu là, tu as un cendrier en plastique... !), et, ce qui est peut-être un progrès par rapport aux précédents singles, les trois autres titres du maxi sont de la même veine et presque tout aussi bons, particulièrement "Yatsura kill taster" et "Miramar".

Pendant tout ce temps, le groupe a enchaîné les tournées en Angleterre, ce qui leur permet de développer leur petit monde de référence : les mangas, le japon et surtout, apparemment, les jouets plus ou moins électroniques (qu'on entend sur plusieurs de leurs enregistrements) et la SF.
Le maxi suivant, sorti en avril, s'appelle d'ailleurs "Stunray EP" (rayon paralysant). La face A, "Kewpies like water-melon", est parfaitement dans la lignée de "Siamese" et "Plastic ashtray" : guitares à couper au couteau, refrain mémorisable, un pont presque pop au milieu du morceau, et surtout un cri, 'Woaahh !', qui nous emmène presque sur le terrain du hardcore. Quant aux trois faces B, un inédit, un live et une démo, elles sont encore une fois excellentes, et nombre de groupes leur auraient réservé un meilleur sort que celui d'une obscure face B.
On retrouve "Kewpies" sur "We are Urusei Yatsura", qui sort en mai. C'est le premier album du groupe, enregistré en janvier 96 avec John Rivers, qui nous avait habitué, avec Felt et les Pastels par exemple, à des productions beaucoup plus sages.
On y retrouve, outre "Kewpies", des titres déjà bien connus : "Powerball", "Siamese", "Plastic ashtray", "Kernel" et "Black hole love", mais tous dans de nouvelles versions, très proches (heureusement ? malheureu-sement ?) de l'esprit des version originales. Le reste des titres est constitué de titres rapides, courts et bruyants, dont "Phasers on stun" qui aurait mérité - aussi ! - de sortir en single (c'est fait, depuis le 12 août 96 ! avec un double 45t vinyl), de quelques titres au tempo moyen, dans la lignée de "Kernel", dont le meilleur est surement "First day on a new planet" et d'un morceau un peu plus expérimental, "Sola kola", qui fait presque penser à du Devo des débuts.

Voilà en quelques mots la chronique d'une année 95/96 que Urusei Yatsura aura ponctuée de disques bruyants et excitants, qui ne changeront pas la face du monde - ni celle de la musique (après tout, ce n'est sûrement pas cela que l'on attend du punk rock....), mais qui séduiront, réjouiront et défouleront tous ceux qui auront la chance de les faire écouter à leurs oreilles.
Depuis, le groupe a sorti un maxi 4 titres inédits ("Strategic hamlets"), qui contient notamment un petit clin d'oeil à Pavement.
Un deuxième album devrait sortir en septembre 1997.

PS : pour des raisons juridiques, le groupe a dû réduire son nom à YATSURA en-dehors du Royaume-Uni. C'est sous ce nom que l'album a été distribué en France.

L'adresse du groupe : Urusei Yatsura, PO Box 15107, GLASGOW, G1 1US, Royaume-Uni.
Pour tout savoir sur Urusei Yatsura, allez voir la page que leur consacre Steven McCann, un étudiant de Glasgow (c'est ce que j'ai fait pour recueillir de nombreuses informations pour cet article).
Mais cette page n'étant plus mise à jour, vous pouvez vous reporter à leur page sur le site de leur label Ché, qui contient des infos, une interview et surtout la discographie complète du groupe.


This is about Urusei Yatsura, a band from Glasgow , Scotland who have released several great singles and
their first album on Che records during the course of 1996.



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