Après ce magnifique premier essai, on ne reste pas longtemps sur
notre faim, puisque Urusei Yatsura sort en septembre son premier vrai 45t,
sur Ché, un
petit objet en vinyl orange avec deux titres issus de la même session
que les
précédents. "Siamese" est appelé à
devenir un classique, c'est d'ailleurs un des meilleurs disques de 95 à
mon sens. Rapide à s'en casser le cou, tailladé par des coups
de guitare, l'écouter c'est comme courir un sprint sans entrainement
à la vitesse d'un champion olympique, si vous voyez ce que je veux
dire. La version de ce titre réenregistrée pour le premier
album du groupe, avec la basse un peu plus en avant, fait penser au "At
home he's a tourist" de Gang of Four, mais comme s'il était
accéléré de 33 tours en 45 tours.
A peine le temps de souffler et, quelques mois plus tard arrive "Kernel",
cette fois-ci sur le label Love Train. il faut dire que, en Ecosse ces temps-ci,
ils sont toute une flopée de groupes à tourner ensemble, publier
des fanzines, monter des micro-labels, faire des singles ensemble, etc.
Avec Urusei Yatsura, on trouve aussi The Delgados, Bis, Mogwai, Spare Snare,
et plein d'autres. Urusei Yatsura a d'ailleurs son propre label (Modern
inde-pendent), et il existe un fanzine dédié à Fergus
Lawrie, l'un des guitaristes-chanteurs (les autres membres du groupe sont
Graham Kemp à la guitare et au chant, et le frère et la soeur
Graham : Elaine à la basse et Ian à la batterie).
"Kernel" est non pas décevant, mais un peu en retrait par
rapport à "Siamese". C'est un morceau beaucoup plus pop
et plus lent, qui se fait aimer sur la longueur, et qui est bien mieux à
sa place sur le premier album du groupe qu'en face A de single.
On laisse passer Noël et re-bam!, en janvier sort "Plastic ashtray"
le premier single du groupe à sortir en maxi-CD 4 titres. La face
A, digne d'un des meilleurs titres du Sonic Youth époque Goo, est
exemplaire ("Je suis déjà venu là, tu as un cendrier
en plastique... !), et, ce qui est peut-être un progrès par
rapport aux précédents singles, les trois autres titres du
maxi sont de la même veine et presque tout aussi bons, particulièrement
"Yatsura kill taster" et "Miramar".
Pendant tout ce temps, le groupe a enchaîné les tournées
en Angleterre, ce qui leur permet de développer leur petit monde
de référence : les mangas, le japon et surtout, apparemment,
les jouets plus ou moins électroniques (qu'on entend sur plusieurs
de leurs enregistrements) et la SF.
Le maxi suivant, sorti en avril, s'appelle d'ailleurs "Stunray EP"
(rayon paralysant). La face A, "Kewpies like water-melon", est
parfaitement dans la lignée de "Siamese" et "Plastic
ashtray" : guitares à couper au couteau, refrain mémorisable,
un pont presque pop au milieu du morceau, et surtout un cri, 'Woaahh !',
qui nous emmène presque sur le terrain du hardcore. Quant aux trois
faces B, un inédit, un live et une démo, elles sont encore
une fois excellentes, et nombre de groupes leur auraient réservé
un meilleur sort que celui d'une obscure face B.
On retrouve "Kewpies" sur "We are Urusei Yatsura", qui
sort en mai. C'est le premier album du groupe, enregistré en janvier
96 avec John Rivers, qui nous avait habitué, avec Felt et les Pastels
par exemple, à des productions beaucoup plus sages.
On y retrouve, outre "Kewpies", des titres déjà
bien connus : "Powerball", "Siamese", "Plastic
ashtray", "Kernel" et "Black hole love", mais tous
dans de nouvelles versions, très proches (heureusement ? malheureu-sement
?) de l'esprit des version originales. Le reste des titres est constitué
de titres rapides, courts et bruyants, dont "Phasers on stun"
qui aurait mérité - aussi ! - de sortir en single (c'est fait,
depuis le 12 août 96 ! avec un double 45t vinyl), de quelques titres
au tempo moyen, dans la lignée de "Kernel", dont le meilleur
est surement "First day on a new planet" et d'un morceau un peu
plus expérimental, "Sola kola", qui fait presque penser
à du Devo des débuts.
Voilà en quelques mots la chronique d'une année 95/96 que
Urusei Yatsura aura ponctuée de disques bruyants et excitants, qui
ne changeront pas la face du monde - ni celle de la musique (après
tout, ce n'est sûrement pas cela que l'on attend du punk rock....),
mais qui séduiront, réjouiront et défouleront tous
ceux qui auront la chance de les faire écouter à leurs oreilles.
Depuis, le groupe a sorti un maxi 4 titres inédits ("Strategic
hamlets"), qui contient notamment un petit clin d'oeil à Pavement.
Un deuxième album devrait sortir en septembre 1997.
PS : pour des raisons juridiques, le groupe a dû réduire son
nom à YATSURA en-dehors du Royaume-Uni. C'est sous ce nom
que l'album a été distribué en France.
L'adresse du groupe : Urusei Yatsura, PO Box 15107, GLASGOW, G1 1US,
Royaume-Uni.
Pour tout savoir sur Urusei Yatsura, allez voir la page que leur consacre
Steven
McCann, un étudiant de Glasgow (c'est ce que j'ai fait pour recueillir
de nombreuses informations pour cet article).
Mais cette page n'étant plus mise à jour, vous pouvez vous
reporter à leur page
sur le site de leur label Ché, qui contient des infos, une interview
et surtout la discographie complète du groupe.