Après y avoir débuté, cela
fait maintenant des années que Vivonzeureux! a déserté
les ondes de La
Radio Primitive. Mais depuis cet automne, Pol Dodu, par la voix de
sa grande soeur Paulette, est de retour sur l'antenne de cette radio rémoise
avec "Si vous
passez par là", une chronique hebdomadaire de trois minutes
en différé d'ailleurs dans le monde entier, diffusée
sur le 92.4 à Reims le lundi à 10h30, le mercredi à
11h30 et le vendredi à 9h30.
Nous publions ci-contre le texte
de ces chroniques, signé Pol Dodu. Il ne vous manquera que la délicieuse
voix de Paulette !
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61. MONTBARD
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Montbard, dans le pays dAuxois
en Côte dOr. Oh je ne suis pas trop loin de la maison cette
fois-ci, puisque lAube et la Haute-Marne ne sont quà
quelques kilomètres dici. Montbard est un bourg qui a de
nombreux atouts pour lui, il suffit découter ce que le
président de loffice de tourisme a à en dire : «
Confronté quotidiennement à lagitation du monde
moderne et à l'âpreté des relations professionnelles,
seuls les moments de repos et de loisir nous permettent ce retour sur
soi, si apaisant, où il est à nouveau possible de découvrir
la qualité d'une vie paisible et agréable. A une heure
de Paris, visiter notre région c'est plonger dans l'Histoire
et se retrouver dans un cadre champêtre d'exception que nos citoyens
tiennent à préserver. »
Montbard a de nombreux enfants prestigieux, à commencer par le
naturaliste Buffon, qui a droit à son musée dans le château,
mais il nexiste pas encore de parcours découverte consacré
à lun des habitants remarquables du pays, Albert Marcoeur.
Le premier disque dAlbert Marcoeur est sorti en 1974. Encore aujourdhui,
vous ne pourrez pas lire trois lignes sur lui sans voir apparaître
le terme « inclassable », celui que les journalistes utilisent
à chaque fois quils ne peuvent pas mettre une étiquette
facilitant la vente sur un produit culturel. Car Marcoeur fait de la
musique et chante, mais il ne fait pas de chanson, ni de jazz, ni de
musique contemporaine, et encore moins du rock. Il fait son truc à
lui. En 1980, il a même attaqué sa maison de disques en
justice car ils lavaient inclus sans son accord sur un disque
consacré à la «Nouvelle chanson française».
Depuis quelques années, Marcoeur produit et diffuse sa musique
de façon indépendante, ici à Montbard. Pour ça,
il a fondé le Label Frères, qui porte bien son nom car
il travaille notamment avec ses frères Gérard et Claude.
Leur dernier disque, « L apostrophe » est sorti il y a quelques
mois. Sur ce disque, comme sur scène, Marcoeur travaille de plus
en plus à laide de boucles musicales, un peu comme le font
les 2 Pale Boys avec David Thomas, le chanteur de Pere Ubu.
Moi, je suis venue ici pour acheter ce disque, sur son lieu de production
à la campagne, comme ça mest arrivé de le
faire pour acheter du lait ou des ufs dans une ferme. Seulement,
je nai que ladresse postale, boite postale 1, alors je me
ballade en interrogeant les passants en attendant louverture du
bureau de poste, où on pourra peut-être me renseigner.
Quant à vous, vous pouvez vous procurer les disques sur le site
de Labels Frères, à ladresse 3
w, point, m, a, r, cur comme cur, point com. Vous allez
même pouvoir écouter un extrait du dernier disque après
cette rubrique. Quant à moi, je vous retrouve la semaine prochaine,
si tout va bien, en différé dailleurs dans le monde
entier. Au revoir.
60. WASHINGTON
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Washington, la capitale fédérale
des Etats-Unis. Je suis venue ici pour écouter Al Gore prononcer
un discours à linvitation de lAmerican Constitution
Society et de la Liberty Society. Vous vous souvenez sûrement
de Al Gore
Il a été pendant huit ans le vice-président
de Bill Clinton avant, très probablement, de se faire voler la
victoire à lélection présidentielle de 2000
par le clan Bush.
Gore prononce son discours aujourdhui le 16 janvier, qui est ici
un jour férié en hommage à Martin Luther King.
Ce nest pas du tout un hasard, car cest après la
découverte de la campagne découte illégale
menée par le FBI contre Martin Luther King que les Etats-Unis
ont voté une loi sur le renseignement extérieur et la
surveillance qui exige que les demandes découte soient
soumises à un juge impartial pour vérifier quil
y a bien une raison importante pour justifier la surveillance. Cest
cette loi que Bush et son gouvernement ont admis avoir violé
en toute connaissance de cause, en espionnant les communications téléphoniques
et électroniques de milliers daméricains. Bush avait
assuré plusieurs fois dans ses discours quil savait quune
autorisation judiciaire était nécessaire pour de telles
écoutes, mais comme il savait aussi que cette autorisation serait
refusée, il est passé outre et a lancé lopération
dans le plus grand secret. Mais une fois le pot aux roses révélé,
il sest une fois de plus abrité derrière la lutte
contre le terrorisme pour sarroger le droit doutrepasser
les lois.
Après la guerre en Irak, lancée sur des prétextes
injustifiés et fabriqués, Al Gore nexagère
pas du tout en parlant à propos de Bush dun glissement
vers le totalitarisme, vers un pouvoir absolu sans précédent,
une forme de dictature sans frontière. Ce quAl Gore trouve
le plus inquiétant, cest le peu de réaction des
autres pouvoirs : le Congrès a pour linstant réagi
mollement, la Cour Suprême est à la botte du président
et les réactions populaires ne se font pas encore entendre.
On se souvient que Nixon a dû démissionner en 1974 pour
avoir fait écouter illégalement des adversaires politiques.
Bush lui, espionne allègrement tout les américains. Alors,
on peut encore espérer que le peuple américain ne se laissera
pas éternellement hypnotiser par le discours de terreur de son
président et quil agira pour que Bush ne termine pas son
mandat. Les choses sont dailleurs peut-être en train de
bouger, puisque de nombreux mouvements sont désormais lancés
pour demander la destitution de Bush par la procédure dimpeachment.
En attendant, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien,
en différé dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
59. MIDDEN-DRENTHE
Bonjour, cest
Pol Dodu, le petit frère de Paulette. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, nous sommes à Midden-Drenthe, au nord des Pays-Bas,
un peu au sud de Groningue.
Si javais su, on serait venus une semaine plus tôt et on
aurait pu en profiter pour faire du co-voiturage avec Jean-Pierre Moya
de Rocko-Mondo, qui est venu à Groningue pour un grand festival
de rock.
Paulette est bien ici, mais elle ma demandé de laccompagner
car elle ne peut pas vous parler ! En effet, là ça fait
dix minutes quelle est six pieds sous terre ! Oh je vous rassure,
elle est en bonne santé, en tout cas elle allait bien il y a
dix minutes, et si elle na pas appuyé sur le bouton anti-panique,
cest quelle tient le choc.
Cest de sa faute aussi à Paulette. Elle est toujours là
à se poser des questions sur ce que pourrait bien devenir son
corps une fois quelle sera morte : mangé par les petites
bêtes ? réduit en cendres ? Et que sais-je encore
Pour ce qui me concerne, quand je ne serai plus là pour lanimer,
mon corps sera libre de faire ce quil veut, promis !
Alors du coup, quand jai su quun allumé du coin proposait
aux gens de tester un enterrement, en se mettant à un mètre
cinquante du sol dans un cercueil recouvert dun bloc de trois
tonnes cinq de béton, je nai fait ni une ni deux, jai
embarqué la Paulette et on sest tapé les six cents
bornes depuis Reims pour venir essayer lengin.
Cest pas trop cher en plus, à 75 euros de lheure,
mais il a bien sûr fallu signer une décharge. Jespère
quand même que Paulette ne tiendra pas jusquau bout de lheure
car je commence à cailler ici à lattendre.
Après ça, il ne me restera plus quà trouver
un grand congélateur pour faire tester la cryogénisation
à Paulette, et aussi un incinérateur pour la crémation,
et après on pourra enfin rentrer tranquillement à la maison.
Au revoir.
58. CORDA
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis dans le village de Corda, à 1200 mètres
daltitude sur lîle de Santo Antao, qui est une île
volcanique, lune des plus au nord de larchipel du Cap-Vert.
Il fait froid et humide, mais cest pas grave car cest justement
pour ça que je suis venue, pour rencontrer Antonio Advino Sabino,
un agriculteur qui est un adepte enthousiaste du captage du brouillard.
Bon, vous avez peut-être tout de suite pensé quAntonio
est un allumé, mais pas du tout. Vous savez quon a des
problèmes deau potable dans le monde entier, et ce nest
pas prêt de sarranger. Si vous avez déjà fait
du camping ou dormi à la belle étoile, vous saurez aussi
que le matin, tout est trempé à cause de la rosée.
Eh bien il y a plein de gens dans le monde entier qui singénient
à récupérer de leau contenue dans lair
grâce la rosée ou au brouillard. Et comme ces phénomènes
de condensation dépendent plus dune différence de
température la nuit entre des objets et lair ambiant, le
grand intérêt cest quon peut récupérer
de leau de bonne qualité, même dans des zones désertiques.
Oh ce nest pas une nouveauté : il y a en Crimée
dénormes cônes de pierre dont on pense quils
étaient à lorigine des condensateurs de rosée,
et en Angleterre il existait des étangs servant à recueillir
la rosée.. A Bordeaux, il y a même une association qui
développent des capteurs de rosée expérimentaux,
comme à Vignola en Corse. En théorie, on peut espérer
obtenir jusquà 60 centilitres de rosée par mètre
carré de capteur les bons jours.
Mais plus fort que la rosée, il y a le brouillard, qui permet
de récupérer de plus grandes quantités deau.
Il existe des petits projets de récolte du brouillard dans des
pays comme la République dominicaine, lAfrique du Sud,
le Népal et le Pérou. Les collecteurs sont généralement
constitués de grandes feuilles en tissu ou de fins tamis, disposés
verticalement. Le plus grand projet à ce jour, dans le désert
côtier aride du Nord-Chili, fournit une moyenne de 11 000 l deau
par jour à un village de 330 habitants.
Ici cest plus modeste, mais Sabino a conçu divers filets
collecteurs sur mesure, associés à des filtres à
sable. Il utilisait auparavant du tissu à moustiquaire, mais
il vient de le remplacer par du polypropylène, pour une plus
grande efficacité et un meilleur écoulement. Les bonnes
journées, il obtient jusquà 20 litres deau
par mètre carré de filet. Et ça tombe bien, car
jai une sacrée soif. Allez, jattends que mon verre
soit remplu et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien,
en différé dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
57. PERRY GREEN
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, mes pérégrinations mont menée
à Perry Green, charmante bourgade de lHertfordshire, à
quelques dizaines de kilomètres au nord de Londres. Cest
une vraie Angleterre de carte postale : je me croirais presque dans
un épisode d « Inspecteur Barnaby » ! Je suis
venue visiter la Fondation Henry Moore, un lieu consacré à
ce grand sculpteur anglais qui est mort en 1986 à 88 ans. Depuis
septembre, ils ont ici une exposition sur la signification du bronze
en tant que matériau pour la sculpture. Je ne sais pas si les
visiteurs nocturnes que la Fondation a reçus le 15 décembre
avaient visité cette expo et en ont tiré profit, mais
en tout cas ils se sont intéressés à la fonte.
Les caméras de surveillance ont enregistré larrivée
dun 4x4 et dun camion. Quelques hommes à capuche
et casquette en sont sortis, ils ont utilisé la grue qui était
sur le camion pour soulever une sculpture qui était posée
sur le sol dun des jardins, et en moins de 10 minutes ils étaient
repartis avec « Une figure étendue », une uvre
créée par Henry Moore en 1970. On a retrouvé les
véhicules deux jours plus tard à Epping, à quelques
kilomètres dici, sans aucun indice.
On peut comprendre que la Fondation ait pu imaginer laisser la «
Figure étendue » à lextérieur sans
protection : luvre fait plus de trois mètres de long
et pèse plus de deux tonnes ! Elle est aussi évaluée
à 4,5 millions deuros !
On na eu aucune nouvelle de la statue depuis son vol. Une récompense
a été offerte, et 25 enquêteurs ont été
affectés à lopération « Soufflé
» pour la retrouver, sous la direction de Mark Ross. La première
chose quils ont faite, cest de se rendre chez les plus gros
ferrailleurs de Londres pour sassurer que la statue ny avait
pas été revendue au poids, ce qui pourrait rapporter 7500
€. Mais on imagine mal quune opération ait pu être
montée avec tant de professionnalisme pour une si faible somme.
Non, moi je sais qui Mark Ross devrait interroger en priorité
dans cette affaire. Cest un américain qui sappelle
John Dortmunder. En fait, il sagit plutôt de Donald Westlake,
un auteur de romans policiers souvent humoristiques, qui raconte depuis
plus de trente ans les aventures de John Dortmunder et de sa bande de
pieds nickelés, qui montent des plans compliqués au possible
pour des cambriolages les plus improbables qui foirent une fois sur
deux. Dans « Le paquet », par exemple, ils trouvent plus
simple de carrément voler la banque plutôt que de cambrioler
le coffre-fort. Dans « Dégât des eaux », ils
passent tout le roman à essayer de récupérer un
magot enterré dans une ville, qui depuis a été
immergée dans un lac artificiel ! Et en plus Dortmunder naime
pas leau ! Bref, il y a une chose dont je suis sûre : si
Donald Westlake na pas organisé le vol de Perry Green,
alors ceux qui lont fait ont lu ses romans, et avec son imagination
débordante, Westlake pourrait sûrement rendre service à
la police.
Allez, je me mets en quête dune salle de gymnastique pour
y soulever de la fonte moi aussi, et je vous retrouve la semaine prochaine,
si tout va bien, en différé dailleurs dans le monde
entier. Au revoir.
56. NEW DELHI
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à New Delhi, la capitale de lInde,
une ville de 15 millions dhabitants qui produit plus de 7000 tonnes
de déchets chaque jour.
En ce moment chez nous, il y a plein de gens qui courent les boutiques
chic à la recherche de la bonne affaire en solde, mais moi jai
décidé de venir ici fabriquer moi-même mon petit
sac à la mode à base de plastique recyclé.
En France, lannée 2005 a été celle de la
prise de conscience de linutilité et du côté
néfaste des sacs de caisse en plastique. On a redécouvert
le bon vieux cabas, en osier ou en plastique, qui a lavantage
dêtre réutilisable.
Ici cest pareil, il y a des milliers de sacs jetés chaque
jour, et les éboueurs, qui travaillent de façon indépendante
car il ny a pas de service public de ramassage des ordures, ont
tendance à ne pas sen occuper car leur tri et leur recyclage
ne rapportent pas assez.
Mais il y a quelques années, une organisation non gouvernementale
locale, Conserve, a inventé une machine qui permet de recycler
les sacs plastiques et den faire des feuilles colorées
malléables, qui peuvent ensuite servir à fabriquer des
sacs, des portefeuilles, des chemises dossiers et plein dautres
choses.
Du coup, ils peuvent payer le plastique aux éboueurs quatre fois
plus cher et, avec les gens qui trient les sacs, les lavent et les recyclent,
ce sont plus de 300 emplois qui ont été créés.
En plus, les sacs fabriqués à partir de plastique recyclé
commencent à connaître le succès par chez nous,
à tel point que de grosses chaînes commerciales voulaient
en commander des milliers, mais lorganisation de Conserve reste
avant tout artisanale.
Comme ici, chez Mme Geeta Pande, à qui je suis venue donner un
petit coup de main pour me fabriquer un sac. Elle travaille depuis quelques
temps chez elle pour Conserve. Elle lave les sacs dans des bacs, puis
les fait sécher sur son toit.
Allez, je fais encore sécher quelques centaines de sacs avant
de les amener à la machine à recycler, et je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
55. ANZA
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Anza, une petite bourgade du sud de
la Californie, près de la frontière mexicaine, dont les
3000 habitants sont en majorité des descendants des indiens Cahuilla.
Je suis venue ici pour faire la connaissance dOpie, une des chèvres
les plus connues du pays.
Il faut savoir quaux Etats-Unis, la population élit des
maires honoraires. A la campagne, comme ici à Anza, ça
na rien de politique. La tradition dailleurs depuis trente
ans est délire la personne qui a levé le plus de
fonds dans lannée pour les uvres de charité.
Mais certains maires ont commencé à se la jouer politicien,
ce qui na pas plu à Dan Hurtado, un éleveur de chèvres,
et à son épouse. Ils ont donc pris Opie, une chèvre
quil ont sauvée toute jeune car sa mère lavait
abandonnée ils lont carrément réchauffée
au sèche-cheveux et nourrie au biberon et ils lont
emmenée à toutes les opérations locales de charité
genre téléthon pour faire des appels de fonds. Opie a
fait un tabac et a été élue maire honoraire en
battant trois humains. Opie a ses partisans et ses détracteurs,
mais en tout cas son élection na pas fait les affaires
de la présidente de la chambre de commerce, qui trouve quelle
na pas lair sérieuse quand elle essaie dattirer
des entreprises avec une chèvre pour maire.
Ce nest pourtant pas la première fois quun mammifère
à quatre pattes occupe ce type de poste, tant le rejet des politiciens
est fort. A Rabbit Hash dans le Kentucky, cest Junior, un labrador
noir, qui a été élu pour succéder à
un autre chien, Goofy, après son décès. Florissant,
dans le Colorado, bat tous les records puisque là-bas cest
Paco Bell, un âne, qui a été réélu,
mais en battant un lama au second tour !
Tout ça vous fait peut-être sourire, mais ne devrait pas
vous surprendre. Vous savez bien que le président des Etats-Unis
est un âne bâté (cest une figure de style car
les vrais ânes sont des animaux très beaux et très
intelligents), tandis que chez nous, cest un roquet hargneux qui
est favori pour la prochaine présidentielle.
Allez, je vais acheter un fromage de chèvre chez Dan Hurtado
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
54. WAKO
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Wako, au nord de Tokyo. Je me trouve
en fait dans le centre de recherches tout moderne de Honda. Vous connaissez
Honda, le fabriquant de motos, de voitures, de motoculteurs même.
Quand jétais petite, avec Pol on bavait devant les grosses
motos 750 Four.
Eh bien Honda se modernise, et ils se lancent depuis peu dans la fabrication
de robots humanoïdes. Ça commence mal, puisquun des
premiers modèles de robots a été utilisé
cette année comme auxiliaire de police pour participer au maintien
de la sécurité lors de lexposition universelle dAïchi
!
Et là, Honda vient de sortir Asimo, un tout nouveau modèle,
mais avec encore des mensurations de gringalet : 54 kilos pour 1 mètre
30. Mais la nouveauté, cest que Honda a décidé
dembaucher son robot à partir du mois davril prochain
: il sera réceptionniste, puisquil peut guider les visiteurs
vers une salle de réunion (il marche jusquà 6 km/h)
et il peut aussi servir du café et pousser un chariot avec une
charge de 10 kilos.
Pour moi en tout cas, il y a une chose qui est sûre, cest
que Honda fait complètement fausse route : ils essaient de créer
du chômage en remplaçant des humains par des robots, alors
quils ont un marché immense grand ouvert devant eux. Il
suffit quils vendent leurs robots aux secrétaires et ouvriers
du monde entier, qui pourront se faire remplacer par leur robot pour
toutes les tâches abrutissantes et toucher leur paie à
la fin du mois !
Mais pour en arriver là, ils ont encore du boulot pour réduire
les coûts chez Honda, puisque Asimo est proposé à
la location à 166 000 $ par an. Il ny a pas beaucoup de
smicards qui peuvent sen payer un pour linstant !
Allez, je me choisis un robot tout mignon, et je vous retrouve la semaine
prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
53. TAIPEH
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Taipeh, la principale ville de lîle
de Taiwan, située dans la mer de Chine. Ici, on est dans lautre
république de Chine, celle que la République populaire
de Chine ne reconnaît pas.
Si je suis venue ici, cest pour me perfectionner en anglais !
Je nai pas trouvé mieux pour avoir des leçons de
conversation en anglais gratuites. Le seul problème, cest
quil faut que je suive à la trace les camions poubelles
de la ville !
En effet, Taiwan est désormais membre de lOrganisation
Mondiale du Commerce. Léconomie est déjà
très libéralisée, mais le gouvernement veut encore
favoriser limplantation des entreprises étrangères.
Pour cela, il faudrait que les 23 millions dhabitants du pays
parlent un peu mieux la langue de Shakespeare. Pour linstant,
ils parlent surtout le chinois standard ou lun des dialectes de
la Chine du Sud.
Alors il y a quelquun qui a eu une bonne idée. Pour des
raisons dhygiène, il est interdit à Taipeh de sortir
ses ordures avant le passage des éboueurs. Il faut le faire pile
au moment où le camion passe. Du coup, le camion sannonce
par une mélodie jouée au haut-parleur, qui est traditionnellement
« La lettre à Elise » de Beethoven. Ça me
rappelle le camion de glaces quand jétais petite qui jouait
« Sous les ponts de Paris » !
Donc, vous avez deviné, les camions poubelles vont désormais
diffuser des phrases de conversation anglaise, comme « I would
like to eat an ice cream » ou « How much does a pound of
cabbage cost ? ».
300 phrases de ce type ont été sélectionnées.
Ladministration pense quil ne faut pas seulement apprendre
les langues vivantes dans les manuels, mais aussi sen imprégner
dans la vie quotidienne. Le risque, cest que les habitants associent
désormais langlais à la corvée des poubelles
!
Allez, le camion que je suivais a presque fini sa tournée. Je
termine ma leçon danglais, et je vous retrouve la semaine
prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. See you.
52. LE VATICAN
Bonjour, cest
Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis dans le salon Nervi du Vatican, à loccasion
du concert de Noël du Saint-Siège qui, comme les Noël
des comités dentreprise de province, a lieu bien avant
le 25 décembre. Bien sûr, le pape est présent pour
cette manifestation.
Je suis ici pour protester contre lexclusion de ce concert de
la chanteuse Daniela Mercury, qui devait représenter son pays,
le Brésil, à ce concert. Le Vatican a annulé sa
participation parce quelle a fait la campagne publicitaire télévisée
du ministère brésilien de la Santé prônant
l'utilisation de la "petite chemise de Vénus", cest
le nom du préservatif au Brésil, comme moyen de prévention
du SIDA. Et on le sait, l église catholique et romaine
ne reconnaît pas l'efficacité du préservatif et
prêche l'abstinence sexuelle. Malgré cette attitude criminelle,
Benoît XVI a osé affirmer à loccasion de la
Journée mondiale de lutte contre le SIDA quil se sent proche
des malades et de leurs familles, invoquant à leur intention
l'aide et le réconfort du Seigneur. Cest sûr quen
combattant la prévention, il y a plus de malades à réconforter
ensuite !
Le président du conseil pontifical pour la santé a dailleurs
bien précisé quune véritable prévention
doit être fondée sur "une conception et une pratique
sexuelles justes" dans le cadre du mariage "unique et indissoluble".
Benoît XVI est très fort : il réussit depuis sa
nomination à être encore plus conservateur et rétrograde
à chacune de ses déclarations publiques. La dernière
quil a sortie cest une demande aux évêques
de ne plus ordonner de prêtres homosexuels. Les séminaires
seraient trop permissifs et auraient besoin dêtre repris
en main ! Moi qui croyait que léglise connaissait une crise
des vocations !
Nempêche, on na pas encore vu beaucoup de médias
regretter les heures dantenne et les pages accordées en
début dannée à ces deux extrémistes
religieux que sont Karol Wojtyla et Josef Ratzinger.
Quant à moi, les chants religieux cest pas trop mon truc,
alors je pique quelques corps du Christ en chocolat, si jen trouve,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
51. TUNIS
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Tunis, à loccasion du Sommet
mondial de la société de linformation. Oh, jai
triché, je lavoue, je suis venue en touriste, en réservant
une semaine dans un hôtel club 5 étoiles de Djerba, et
je suis venue incognito à Tunis. Les journalistes, ici, ils ne
sont pas les bienvenus.
Quelle idée ils ont eue à lONU, aussi, de choisir
la Tunisie pour y organiser ce sommet. Cest un peu comme si la
Libye présidait la commission des droits de lhomme de lONU,
ce qui est malheureusement le cas depuis 2003 !!
Ici, sans surprise, on a plutôt droit au sommet mondial de la
société du contrôle de linformation, car les
dictatures, à linstar de celle du président Ben
Ali, font du contrôle de linformation un pilier stratégique
sans lequel leurs tyrannies seffriteraient. On aurait bien aimé
que les décideurs de lONU se rendent compte avant quil
ne soit trop tard que lenjeu nest pas tant celui de la réduction
de la « fracture numérique » que celui de la réduction
de la « fracture démocratique »
Mais à lONU, ils pensaient peut-être que la Tunisie
profiterait du sommet pour afficher une libéralisation de façade
et de circonstance, et quau moins les visiteurs étrangers
seraient libres de leurs mouvements et de leurs actions. Eh bien même
pas, puisque plusieurs journalistes, dont un de Libération, ont
été agressés en pleine rue, et le président
de « Reporters sans frontières » a carrément
été refoulé du territoire sans même pouvoir
sortir de son avion !
Allez, tiens, je vais aller rendre visite aux huit courageux opposants
qui ont fait une grève de la faim pour un SMIC des libertés
en Tunisie, soit pour la liberté dexpression et donc de
la presse, la liberté dassociation et donc des partis,
et la libération des prisonniers politiques. Mais avant ça,
je ne résiste pas au plaisir de vous lire un extrait des documents
officiels de promotion touristique du pays : « Si la Tunisie est
la première destination touristique en Afrique et au Moyen Orient,
cest grâce à une série datouts. Vous
qui n'êtes jamais venus en Tunisie, découvrez un aperçu
de ce qu'elle est vraiment
Un pays où règne un sens
profond de l'hospitalité
Cest un pays où la
sécurité des personnes et des biens est parfaitement assurée,
où règne la tranquillité et la joie de vivre. »
Méditez ça, et réfléchissez avant de venir
en vacances apporter vos devises à Ben Ali et ses amis. Quant
à moi, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien,
en différé dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
50. SUNHE
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Sunhe, un quartier populaire de Pékin,
situé à douze kilomètres du centre-ville.
Oh, jai bien failli pas venir. Quand jai lu larticle
du Télégraph, repris dans Courrier International, qui
ma décidée à venir, je me suis pincée
trois fois pour être sûre que ce nétait pas
une grosse blague. Et avant de partir, car cest quand même
un sacré voyage, jai vérifié quon nétait
pas trop proches du premier avril !
Mais bon, ça y est, je suis là, assise à une table
du Land Spring Garden, le seul restaurant au monde qui sert des légumes
géants mutants de lespace !!
Non non, je délire pas, ici on sert bien de la bouffe chinoise
typique, des légumes sautés et de la viande, la seule
différence, cest que les aubergines, les tomates ou les
poivrons sont des légumes géants modifiés génétiquement
suite à une irradiation spatiale !
Comment en est-on arrivé là ? Eh bien le projet remonte
à 1987, quand les chinois ont commencé à envoyer
des graines dans lespace avec leurs fusées. Lidée
était que labsence de gravité et lirradiation
fossile de la galaxie pourraient faire muter les graines. A leur retour
sur terre, les scientifiques chargés du projet ont fait poussé
les graines sur plusieurs récoltes pendant trois ou quatre ans,
en effectuant des sélections. Ils ont abouti à une production
de fruits et légumes, dont 0,3 % des gènes sont modifiés,
qui sont beaucoup plus gros et contiennent près de trois fois
plus de vitamines que des légumes normaux. Il paraît quils
ont meilleur goût aussi, mais ça je vais le vérifier
dès que je vais être servie.
Le record est détenu par une calebasse, aussi dite courge spaghetti,
qui fait un mètre cinquante de long. Je vais voir si je ne peux
pas essayer de la récupérer pour en mettre un coup derrière
le crâne de Pol la prochaine fois quil membêtera.
En attendant, je me mets à table et je vous retrouve la semaine
prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
49. METZ
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Metz, en Lorraine, à errer dans
les rues à la recherche des bureaux de la Police aux Frontières.
Je suis venue ici à la recherche dun gardien de la paix
de 52 ans, Roland Gatti, pour lui remettre la médaille du civisme
de lOrdre de la Grande Paulette.
Roland Gatti est le représentant pour le département de
la Moselle du Syndicat Général de la Police / FO. Au mois
de septembre dernier, Roland Gatti sest exprimé dans les
colonnes de Libération et sur les ondes de RMC pour dire clairement
et sans exagération ce quil vit au quotidien dans son métier,
cest à dire les méthodes utilisées pour les
escortes et les reconduites à la frontière, les façons
de faire du chiffre avec des familles ou des jeunes pour atteindre les
objectifs fixés. Il explique quil est difficile daccepter
sans problèmes de conscience dêtre linstrument
dune politique injuste et inhumaine, et on le comprend.
Les fonctionnaires de police sont soumis au devoir de réserve,
mais en tant que délégué syndical, Roland Gatti
a une liberté dexpression plus large. Sauf que sa direction
syndicale nationale sest désolidarisée de ses déclarations,
et il sest très vite retrouvé devant une commission
disciplinaire, et il risque une mutation doffice. Il se retrouve
un peu comme ces simples citoyens qui interviennent lors dune
interpellation musclée, et qui se retrouvent eux-mêmes
arrêtés, molestés et accusés doutrages
à agent.
Pourtant, si les fonctionnaires ont un devoir de réserve, ils
sont aussi tenus, comme tout citoyen, de signaler tous les crimes ou
faits illégaux dont ils sont les témoins. Et latteinte
à la dignité des personnes en fait partie.
Allez, je demande au planton de mindiquer le bureau de Roland
pour lui remettre sa breloque, et je vous retrouve la semaine prochaine,
si tout va bien, en différé dailleurs dans le monde
entier. Au revoir.
48. CHAKULIA
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis en Inde, à Chakulia, une ville de létat
du Jarkhand. Cest le 28e état de lUnion Indienne,
qui a été créé récemment, en lan
2000, mais le territoire quil recouvre a une certaine unité
politique et culturelle depuis au moins le 13e siècle.
Le Jarkhand, cest un état assez riche, avec beaucoup de
minerais, des industries. Près de Chakulia, il y a une curiosité
: une très grosse base aérienne américaine de la
seconde guerre mondiale, abandonnée, avec une piste de 5 km de
long qui ne sert plus que de chemin vicinal. Il y aussi énormément
de forêts dans la région, et donc pas mal de trafic de
bois et de coupes illégales. Eh oui, nos fenêtres et nos
portes pas chères en bois exotique, elles viennent bien de quelque
part !
Il y a donc une mafia du bois qui opère dans le coin, et les
gardes forestiers ont bien du mal à la combattre. Et ce, dautant
plus que depuis quelques temps, les trafiquants ont déployé
une nouvelle arme contre les forestiers : des femmes ! Des femmes, qui
surgissent de nulle part dans la forêt et entourent les forestiers
quand par malheur ils ont procédé à une arrestation.
Cest arrivé plusieurs fois cette année. Et ces femmes,
elles ne font pas quentourer les gardes, elles se déshabillent
devant eux en exigeant la remise en liberté des suspects. Et
bien souvent ça marche, car les forestiers préfèrent
éviter les confrontations avec ces effeuilleuses de la forêt
et ont peur dêtre accusés dagression sur ces
femmes.
Mais au bout du compte, cette tactique de la mafia du bois va peut-être
faire avancer la cause de légalité des sexes dans
le Jarkhand, puisque les autorités, qui sont à la recherche
dune parade à larme des femmes nues, ont tout simplement
décidé de favoriser le recrutement de femmes chez les
forestiers et les policiers, notamment pour être plus efficaces
dans ces situations là. Mais ce qui risque alors de se passer,
cest quon verra peut-être des hommes se déshabiller
dans les forêts de Chakulia ! Dans ce cas là, il sera peut-être
temps pour moi de revenir ici pour mengager dans les Eaux et Forêts
!
En attendant, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien,
en différé dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
47. REIMS
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis dans un endroit que la plupart des auditeurs
de la Radio Primitive connaissent bien : la place dErlon de Reims.
Figurez-vous que les commerçants de la place sont en effervescence
ces temps-ci. Pas à cause des préparatifs pour Halloween
ou Noël, non, mais parce que le poumon commercial de la ville serait
envahi de SDF drogués et avinés accompagnés de
chiens dangereux sans muselière ni tenus en laisse.
Bon, je suis comme tout le monde, je naime pas trop avoir à
slalomer entre des gens et des chiens affalés par terre, ou avoir
affaire à eux quand ils réclament de largent ou
des clopes plus ou moins agressivement, mais ici on a frisé lhystérie
ces temps-ci. Certes, il y a bien eu un rassemblement particulier de
SDF ces derniers temps, après quils se soient fait expulsés
de leur squat, mais lempilement de mesures que la mairie prend
à leur encontre tend à friser le ridicule : consommation
dalcool interdite sur la voie publique (sauf aux terrasses des
cafés bien sûr) ; stationnement manifeste de une ou deux
personnes avec la réunion de plus de deux chiens même tenus
en laisse prohibé, de même que loccupation manifeste
et prolongée en station assise sous les arcades. Heureusement
quil ny a pas un seul banc public sur la place, sinon ils
auraient été réservés aux rémois
de plus de 65 ans à jour de leur taxe dhabitation !
Les commerçants se sont plaints que la loi autorise la mendicité
et le vagabondage, mais le pompon revient au directeur départemental
de la sécurité publique, qui a publiquement regretté
que la loi ne permette plus denvoyer les vagabonds gêneurs
à 15 km de la ville
Heureusement que la mise en place de
la vidéosurveillance est annoncée pour bientôt...
Cest bizarre, mais jai une fois de plus le sentiment quon
traite les symptômes du problème sans sattaquer à
ses causes, exactement comme quand le ministre de lintérieur,
à qui les commerçants ont menacé de faire appel
directement, se démène pour expulser des squats, mais
refuse de construire des logements sociaux dans la ville dont il est
élu. Ou comme ces maires qui se plaignent que les nomades sinstallent
illégalement sur des terrains, alors quils nont pas
aménagé de terrain daccueil comme la loi lexige.
Allez, je bouge car je suis en train de promener le chien de mon voisin,
et je ne voudrais pas dennuis avec la police. Je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier.
46. BOGOTA
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Vous connaissez la chanson du renard, « Il est passé par
ici, il repassera par là ». Eh bien, après plus
dun an à parcourir le monde en différé pour
« Si vous passez par là », ce nest pas vraiment
surprenant que je finisse par revenir sur mes pas. Car cette semaine
je suis de retour à Bogota, la capitale de la Colombie, presque
un an jour pour jour après ma première visite.
Et le plus drôle de lhistoire, cest que je suis de
retour ici pour vous parler une fois de plus des plantations de coca.
A croire quil ny a que ça ici ! En tout cas, cest
tout ce qui intéresse les américains dans le cadre de
leur lutte contre la drogue. Rappelez-vous, lan dernier je devais
me protéger dun parapluie, même par beau temps, parce
que le gouvernement US aspergeait les cultures de coca par avion avec
du désherbant type « Round up », avec toutes les
conséquences quon peut imaginer pour la population et lenvironnement.
Depuis, les américains, continuent de chercher à éradiquer
la production de cocaïne colombienne à sa source. Ça
doit leur paraître une bonne idée, vu quils narrivent
ni à faire baisser la demande de drogue chez eux, ni à
sattaquer efficacement au trafic lui-même. Le problème,
cest quapparemment ils nont trouvé que de fausses
bonnes idées. Comme celle du champignon Fusarium Oxysporum, qui
sattaquerait aux plant de coca et empêcherait quon
en replante au même endroit. Le gouvernement colombien a refusé
de tenter lexpérience car ce champignon très résistant
pourrait sattaquer à dautres espèces, et il
pourrait aussi être nuisible à lhomme car il produit
des toxines.
Le dernier projet en date est séduisant à première
vue : utiliser à place des aspersions de « Round up »
un papillon local, lEloria Noyesi, dont les chenilles raffolent
des feuilles de coca. Mais là encore, des associations écologistes
ont fait remarqué que propager ce papillon en quantité
industrielle comportait des risques pour lenvironnement, surtout
quil est très probable que les producteurs réagiront
en utilisant beaucoup plus dinsecticides bien sûr !
Pas de solution simple donc, mais une chose qui est sûre : tant
que la consommation et le trafic de drogue resteront à ce niveau,
les colombiens resteront parmi les premiers à en souffrir, et
il nest pas impossible que je repasse encore ici à la prochaine
folle invention des Géo Trouvetou américains.
Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier.
45. VILANCULOS
Bonjour,
cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest votre
rubrique en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Vilanculos, une ville côtière
du Mozambique, au sud de lAfrique, située à 650
km de Maputo, la capitale.
Je suis venue ici pour voir des rats travailler dans un champ. Oh, cest
pas que jai une tendresse particulière pour ces bestioles,
des rats gambiens géants qui font 75 cm de long et peuvent peser
de un kilo cinq à deux kilos huit. Pourtant, cette espèce
est très populaire dans les ménageries par chez nous,
même si, heureusement, la mode qui consiste à faire habiter
son rat dans la manche de son blouson semble en perte de vitesse.
Mais les rats qui sont ici sont dressés pour effectuer une tâche
qui est vitale pour toute la population de Vilanculos : le déminage.
Vous avez tous entendu parler des mines anti-personnel. Le mois dernier
en France, on faisait encore des pyramides de chaussures pour réclamer
leur interdiction. Il y aurait 100 millions de mines dispersées
dans 60 pays qui font 50 victimes par jour. Et là, des mines
il en reste plein partout depuis la fin de la guerre civile en 1992.
Cest Apopo, un groupe de recherche belge sur le déminage,
qui a eu lidée de dresser des rats pour effectuer cette
tâche dangereuse, en complément des détecteurs de
métaux et des chiens. Les rats ont un odorat aussi bon que les
chiens, mais ils ont lavantage dêtre plus légers,
et on peut plus facilement les changer de maître. Depuis quon
a commencé à les dresser, il ny a eu aucune victime
parmi les rats
Grâce aux rats, les champs plein de mines qui entourent la ville
pourront bientôt être à nouveau cultivés,
et peut-être que les habitants qui, ici comme ailleurs, voient
les rats soit comme une engeance, soit comme un civet pour le repas,
vont finir par changer davis à leur sujet.
Quant aux scientifiques, ils ne manquent pas de boulot pour les rats,
puisquils commencent à les utiliser aussi pour contrôler
les cargaisons à la place des très coûteux scanners,
et aussi pour repérer les personnes atteintes de tuberculose.
Bon, moi je vais manger un bout avant de repartir, en vérifiant
bien quil ny a ni rat ni chien au menu, et je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
44. KOH SAMUI
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol. Cest
votre rubrique en différé dailleurs dans le monde
entier.
Cette semaine, je suis sur ce que lon a coutume dappeler
une île tropicale paradisiaque, lîle de Koh Samui,
la troisième des îles thaïlandaises par la taille.
Je suis venue assister au Koh
Samui Music Festival, un énorme truc consacré principalement
au blues et au reggae, avec plein de groupes et dartistes plus
ou moins vivants : Jerry Lee Lewis, Canned Heat sans tous ses musiciens
morts, UB 40, Big Brother and the Holding Company sans Janis Joplin,
les Blues Brothers, les Wailers sans Bob Marley.
On peut sétonner de voir un événement comme
ça organisé au bout du monde, mais il faut savoir que
la Thaïlande est gouvernée depuis 1946 par le bon roi Rama
IX, fan de jazz devant léternel (surtout le jazz Dixieland,
cest de son âge), et également musicien et compositeur.
Cest bizarre, mais il paraît quon peut entendre ses
uvres dans tous les lieux publics du pays !
Moi, je suis venue pour assister au concert de Junkie Brewster, la fille
au ukulélé. Figurez-vous que cette jeune strasbourgeoise
a acheté sa mini-guitare des îles en février 2003,
et sest mis en tête dapprendre à en jouer quasiment
en public. Elle a enregistré ses premiers essais de reprises,
les a mis en ligne sur son site, et elle sest mise à donner
des concerts, en solo et en costume dinfirmière ou de Miss
France (cest à dire en maillot de bain une pièce),
mais aussi en duo avec son pote Cheb Samir sous le nom de Le Sport.
Et ses prestations ont tout de suite intéressé beaucoup
de monde. Il faut dire que Junkie Brewster se débrouille pas
si mal au ukulélé, et quen plus elle a une très
belle voix et chante très bien. Et surtout, en évitant
le piège de la grosse plaisanterie détudiant, Junkie
Brewster emballe littéralement son public lors de ses prestations
scéniques. Cest dailleurs ce qui lui vaut dêtre
présente ici sur la scène du Koh Samui Music Festival,
avec trois potes car elle avait droit à quatre billets davion
: un programmateur du festival la vue hypnotiser 800 spectateurs
en 22 secondes lors dun concert, et lui a proposé ce plan
de conte de fées ! Du coup, elle sest lancée dans
une tournée mondiale qui a débuté par 3 dates en
Belgique, avant ses deux concerts ici à Koh Samui.
Bon, je la vois qui monte sur scène. Je sens que je vais me régaler,
mais après je fonce à plage car ce sera le tour des Wailers
et je ne supporte pas le reggae ! je vous laisse écouter «
Ukulele lady » de Junkie Brewster, et je vous retrouve la semaine
prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
43. CUPERTINO
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande
sur de Pol. Cest votre rubrique en différé
dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Cupertino, une petite localité
de Californie, près de San José. Si vous vous intéressez
un tout petit peu à linformatique, vous avez sûrement
déjà entendu parler de Cupertino, car cest ici que
le fabricant dordinateurs Apple a son siège depuis sa création
en 1977.
Moi pour lheure, je suis devant chez Big Apple Pizza, sur le Stevens
Creek Boulevard. Je suis là parce que, comme dautres, je
me suis amusée avec le nouveau service de localisation géographique
de Microsoft, MSN Visual Earth, et jai demandé à
trouver Apple à Cupertino. Et comme par hasard, ce service du
grand Microsoft ignore royalement lexistence de son concurrent
Apple. Outre Big Apple Pizza, il me propose un M. Apple, serrurier à
Cupertino, une onglerie Apple à San Jose et même une société
de nettoyage Apple et un restaurant grill nommé La pomme dAdam
! Si on interroge le service dun autre concurrent, Google, Apple
Computers est bien localisé. Comme explication, Microsoft sest
contenté de dire que le service était en phase de test
et que des améliorations majeures se produiront dici la
fin de lannée !
Tout ça nest pas bien rassurant. Pour accéder au
téléphone, fixe ou mobile, nous dépendons de 3
ou 4 grands groupes. Idem pour accéder à linternet,
et ce sont souvent les mêmes groupes quon retrouve. Et pour
trouver de linformation et naviguer sur internet, on dépend
encore dun tout petit nombre de sociétés, Microsoft,
Yahoo, Google, et on aurait sûrement tort de leur faire une confiance
aveugle, à ces sociétés. Tiens, il ny a quà
voir ce qui se passe en Chine. Pour sy installer, les acteurs
du web ont signé un "Engagement public sur lautodiscipline
pour lindustrie dInternet en Chine" qui transforme
les internautes en "citoyens connectés-censurés",
car les fournisseurs daccès sengagent à ne
pas donner accès à de l'information qui pourrait "compromettre
la sécurité de l'état et perturber la stabilité
sociale.
Demandez donc ce quil en pense au journaliste Shi Tao, qui vient
dêtre condamné à 10 ans de prison pour avoir
transmis une note confidentielle sur le climat politique du pays à
un site étranger : cest grâce aux informations fournies
par Yahoo quil a été arrêté et condamné
!
Quant à moi, je suis paumée. Je ne sais plus si je veux
manger une pizza aux pommes ou couper les ongles de mon iPod !
Je me décide, et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout
va bien, en différé dailleurs dans le monde entier.
Au revoir.
42. VOLMERANGE LES
MINES
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande
sur de Pol. Cest votre rubrique en différé
dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Volmerange-les-Mines, un village du
nord de la Moselle, situé à la frontière avec le
Luxembourg.
Ces temps-ci, Europe oblige, cest rare que les voitures soient
obligées de sarrêter à la frontière,
mais je suis ici pour faire un petit coucou amical à des femmes
de ménage qui se rendent en voiture sur leur lieu de travail,
des bâtiments dinstitutions européennes à
Strasbourg. Ça devrait les changer un peu : ces temps-ci, ce
sont des huissiers qui comptabilisaient leur passage ici ou qui les
suivaient pour les dénombrer.
On devrait leur donner une médaille à ces dames : elles
se sont organisées pour aller au travail en covoiturage. En ces
temps dessence hors de prix et de semaine de la mobilité,
cest louable. Il faut dire quelles navaient pas le
choix : une société de transports de Boulange a mis en
place une ligne dautocar pour se rendre à Luxembourg il
y a quelques années, mais il y avait souvent jusquà
une heure de retard pour le retour, un arrêt pratique a été
supprimé, et surtout les voyageurs nont pas le droit de
manger ni de parler dans le bus, et il est arrivé quils
se fassent insulter pour avoir osé faire une remarque au chauffeur
!
La plupart des personnes qui utilisaient cette ligne dautocar
ont donc fini par sorganiser entre elles pour voyager en voiture
à tour de rôle, celles sans véhicules payant un
plein de temps en temps. Cest tout bénéfice pour
elles : le trajet dure 30 minutes au lieu dune heure et demie
et ça leur coûte beaucoup moins cher ! Evidemment, cette
nouvelle organisation na fait quun seul mécontent,
la compagnie de transport qui poursuit ses ex-clients depuis 2003, sur
la route avec ses huissiers et au tribunal de Briey, avec constance
: le tribunal de commerce de Briey sétant déclaré
incompétent, ils ont envisagé de faire appel, avant de
porter laffaire il y quelques semaines devant le tribunal de grande
instance au motif de « concurrence déloyale » ! Tout
ça confine au harcèlement judiciaire et a peu de chances
daboutir. Réponse au tribunal en 2006. En attendant vous
pouvez venir comme moi ici encourager les travailleuses associées
!
Tiens, je vois la première voiture qui arrive, justement. Allez,
je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
41. MELILLA
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande
sur de Pol. Cest votre rubrique en différé
dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis, je suis
Ben en fait, je sais pas trop
bien où je suis ! Faut dire que cest pas simple ! Géographiquement,
je suis dans un port méditerranéen du nord-ouest de lAfrique,
fondé par les Phéniciens, mais juridiquement, je suis
en Espagne, dans lUnion européenne ! Tout ça parce
que je suis à Melilla, une des deux enclaves espagnoles au Maroc,
une ville de 70 000 habitants qui appartient à la couronne dEspagne
depuis sa conquête en 1497.
Ces dernières années, il y a eu la chute du mur de Berlin,
la fin du rideau de fer, les accords de Schengen. On pourrait croire
que toutes les barrières européennes sont tombées.
Mais la libre circulation, elle est pour les européens eux-mêmes,
alors que pour les autres, les frontières de lUnion ont
plutôt tendance à se refermer.
Ici, à Melilla, il y a certains jours où lEurope
du XXIe siècle ressemble à une forteresse médiévale
assiégée, avec ses doubles barrières de 3 mètres
de haut et ses tours de guet. Une forteresse avec ses assaillants, bien
sûr, comme au début du mois daoût par exemple,
quand plusieurs centaines dafricains ont tenté dentrer
en Europe en escaladant les grillages de Melilla avec des échelles
faites de branches darbres. La Garde Civile espagnole les a repoussés
avec du matériel anti-émeutes. Une dizaine a réussi
à passer, quatre-vingt dix autres ont été arrêtés
par les autorités marocaines, et il y a eu plusieurs blessés
et une mort suspecte, celle dun jeune camerounais retrouvée
au pied de la barrière.
On comprend tous ceux qui tentent limmigration économique
par cette voie là : elle reste malgré tout moins dangereuse
que le radeau de fortune pour traverser la méditerranée
ou le voyage mortel dans le train datterrissage dun avion.
Quant à lEspagne, elle se retranche derrière les
barrières de Mellila, mais elle refuse dabandonner la souveraineté
de cette ville au Maroc, pour des raisons aussi bien économiques
que stratégiques. Pourtant, de lautre côté
de la Méditerranée, elle ne cesse de réclamer le
départ des anglais de Gibraltar !
Quant à moi, je vais essayer de retrouver mes repères,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir. (rubrique enregistrée
début septembre 2005)
40. KARACHI
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande
sur de Pol. Cest votre rubrique en différé
dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis dans le hall dun hôtel, à
Karachi, dans le sud du Pakistan. Je suis venu prendre des nouvelles
du directeur de lhôtel, Younus Shaik. Je suis bien sûre
que ce nom ne vous dit rien du tout
Par contre, si je vous dis
« Salman Rushdie », vous voyez tout de suite : « Les
versets sataniques », la fatwa, la vie entourée de gardes
du corps, les apparitions contrôlées sur scène avec
U2 ou à la télévision française.
Eh bien, Younus Shaik, il lui arrive quasiment la même chose quà
Salman Rushdie, mais dans lindifférence totale. Mais il
faut dire que, à la différence de Rushdie, Shaik nest
pas un écrivain établi, plutôt un militant rationaliste
pamphlétaire, ce qui nest pas très bien vu par ici.
Il a publié en début dannée un livre intitulé
« Shaitan maulvi », ce qui se traduit plus ou moins par
« Le religieux satanique ». Et il sest très
vite retrouvé en prison, car on lui reproche notamment davoir
affirmé que quatre imams interprètes du Coran étaient
juifs, et que la lapidation à mort des personnes coupables dadultère
nest pas mentionnée dans le Coran. Il sest retrouvé
devant un tribunal antiterroriste dexception, et a été
condamné à la prison à vie pour blasphème.
Il faut dire que, même si elle vient dêtre réformée
pour éviter les abus, la loi pakistanaise sur le blasphème
permet dinculper immédiatement sans enquête toute
personne accusée. Elle est donc souvent utilisée pour
régler des querelles personnelles ou des conflits financiers.
Younus Shaik, lui, a de la suite dans la défense de ses idées.
En 2000, il avait déjà été arrêté
pour le même type de prise de position, et il avait été
condamné à mort dans un premier temps, avant dêtre
libéré. Espérons que, cette fois encore, la mobilisation
des défenseurs des droits de lhomme aidera à sa
libération.
Quant à moi, je vais essayer de trouver une librairie pour voir
sils ont le livre de Younus Shaik, ce qui métonnerait
fort, je ladmets, et je vous retrouve la semaine prochaine, si
tout va bien, en différé dailleurs dans le monde
entier. Au revoir.
39. VIENNE
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur
de Pol. C’est votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier
qui est de retour sur l’antenne de La Radio Primitive après la pause
estivale.
Un bel été, d’ailleurs, qui m’a permis de montrer mon
beau bikini sur différentes plages. Et j’ai même aujourd’hui une occasion
de le porter en ville en arrière-saison, puisque je suis à l’entrée
du musée Léopold à Vienne, en Autriche, qui présente une exposition
de peintures de Klimt, Schiele et Kokoschka intitulée « La vérité nue
». Il y a près de 100 ans, ces peintures avaient choqué, mais aujourd’hui
c’est la direction du musée qui a essayé de faire scandale en proposant
l’entrée gratuite à tous les visiteurs qui se présentent nus ou en maillot
de bains. Ça a marché puisque l’expo est bondée et on en a parlé dans
le monde entier, mais visiblement, comme moi, la plupart de ceux qui
ont profité de l’entrée gratuite ont préféré venir en maillot plutôt
qu’en nu intégral.
Ailleurs qu’ici, à Vienne, le nu peut encore choquer. A Riga, en Lettonie,
un homme s’est présenté devant trois jeunes femmes à poil pour les effrayer
et les dépouiller. Mais il avait gardé sur lui une casquette bleue,
ce qui a peut-être facilité son arrestation par la police, qui a précisé
qu’il portait aussi un short rouge quand il a été arrêté. Une autre
mésaventure est arrivée, à un homme cette fois, dans l’Ohio. Il a été
interpellé et mis en examen pour s’être promené torse nu et avoir ainsi
montré ses seins. Il faut dire qu’il est grand, fort et a naturellement
une poitrine généreuse mais, selon son avocat, la loi n’interdit pas
à un homme, ni même à une femme, de montrer ses seins en public.
Brrr. Il fait quand même pas chaud en bikini dans un
musée. Allez, je vais aller me réchauffer dans ma chambre d’hôtel et,
pour prolonger l’été, je vais peut-être me regarder le DVD de « Mon
curé chez les nudistes » ! Je vous retrouve la semaine prochaine, si
tout va bien, en différé d’ailleurs dans le monde entier. Au revoir.
38. ROISSY
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Roissy-en-France, entre laérogare,
la station RER et la gare TGV, et je suis bien embêtée
!
Figurez-vous que cette chronique est la dernière de la saison,
et javais tellement de destinations en prévision que je
suis pleine dhésitations. Il faut dire aussi que je naime
pas trop prendre lavion, cest cher et ça pollue,
mais pour la radio jai souvent eu besoin de le faire cette année.
Rien que cette semaine, jaurais pu aller en Australie pour essayer
den savoir plus sur cet oiseau migrateur, la barge rousse, qui
est apparemment capable de voler de 8000 à 11000 km sans escale
pour aller dAustralie en Alaska. Les compagnies aériennes
devraient peut-être sen inspirer !
Jaurais aussi pu aller à Austin au Texas essayer de trouver
ce cirque qui a licencié Todd Christian, son homme-canon, capable
de senvoler tous les soirs à 12 m au-dessus de la piste,
mais qui avait peur de prendre lavion pour aller faire un stage
de formation au Brésil. Je ne suis vraiment pas la seule à
avoir des scrupules à voler, mais de là à remplacer
Todd par Diégo la fusée humaine, il y avait un pas !
Jaurais pu aussi faire un tour en Chine, où un grand débat
fait rage depuis la fin 2003 pour savoir si la grande muraille est visible
à lil nu quand on est dans lespace. Cest
ce que les chinois pensaient, mais le doute sest installé
depuis quun cosmonaute chinois a expliqué à son
retour sur terre quil ne lavait pas vue.
Plus près de nous, et accessible par le TGV, jaurais pu
me rendre à Coquelles, près de Calais, où notre
gouvernement na rien trouvé de mieux que dinstaller
une salle de tribunal spéciale pour statuer sur lentrée
des étrangers en France dans des locaux qui appartiennent à
la police, cela afin déviter les transports du commissariat
au Palais de Justice. On imagine dans quelles conditions les jugements
y sont rendus ! Police 1, Justice 0 à Coquelles.
Mais sinon, jaurais même pu prendre lEurostar pour
aller à Buckingham Palace. Il paraît quElisabeth
vient de sacheter un iPod, et je me demande bien ce quelle
écoute dessus !
Je narrive vraiment pas à me décider. Et comme je
sais que vous tous, les auditeurs, vous allez voyager cet été,
je vais me contenter de rentrer à la maison, et dattendre
de recevoir les cartes postales que vous menverrez peut-être
pour me donner des nouvelles dailleurs dans le monde entier
Allez, je compte sur vous et je vous retrouve au mois de septembre,
si tout va bien. Je vous embrasse. Au revoir.
37. ARKANSAS
Bonjour, cest Pol Dodu, le petit frère de Paulette.
Après toutes ses pérégrinations depuis le début
de la saison, Paulette a eu besoin de prendre quelques jours de repos.
Oh, je peux vous garantir quelle nest pas partie en voyage
organisé à lautre bout du monde, ça non.
Elle est à Bécon les Bruyères, à deux pas
du RER. Le matin elle va acheter son pain, et laprès-midi
si elle sennuie, elle regarde passer les trains
Donc, cest moi qui my colle cette semaine pour votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier. Je suis
dans lest de lArkansas, aux Etats-Unis, dans un parc national
de protection animale situé de long de la rivière Cache.
Je suis ici pour une bonne nouvelle. Cest vrai quon a plutôt
lhabitude ces temps-ci dannoncer léradication
dune espèce, mais ici, un oiseau quon croyait disparu
depuis plus de 60 ans a été vu plusieurs fois ces douze
derniers mois. Oh pas longtemps : sur 20000 h dobservation, léquipe
scientifique la observé 7 fois de façon certaine,
soit en tout et pour tout 60 secondes. Il faut dire que cest un
oiseau qui vole haut et très vite, et pas nimporte quel
oiseau, puisque cest le pic à bec ivoire, une sorte de
grand pivert américain, qui a inspiré la création
de Woody Woodpecker, le pic rouge et bleu de dessin animé créé
en 1940, avec son rire si particulier que je ne vais même pas
essayer dimiter : vous le connaissez par cur parce quon
la entendu des centaines de fois dans les 200 dessins animés
dont il a été le héros.
Le pic à bec ivoire étant un mythe américain, les
autorités ont attendu un moment avant dannoncer sa furtive
réapparition, le temps dacheter des terrains pour protéger
sa zone dhabitat. Mais ça na pas manqué, les
curieux affluent, on publie des conseils pour tenter de lobserver,
on organise des circuits, et un site dobservation a même
été incendié volontairement. Moi, je préfère
laisser le pic tranquille, et je vais essayer de trouver un cinéma
qui passe un dessin animé dé Woody Woodpecker. Et vous
retrouverez Paulette la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
36. BANGKOK
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Bangkok, en Thaïlande, pour la
journée mondiale sans tabac.
Ici comme ailleurs, de grandes actions sont menées contre le
tabagisme. Il est désormais interdit de fumer dans les centres
commerciaux, les écoles, de nombreux restaurants et les lieux
de culte. Mais en Thaïlande comme en France, ce nest pas
facile de se sevrer de la nicotine.
Cest le cas notamment des 300 000 moines bouddhistes du pays.
Ils sont sensés, de par leur religion, fuir les plaisirs terrestres.
Cest pour ça que lalcool et la drogue leur sont interdits,
par exemple. Mais on a beau être versé dans le zen, on
nen est pas moins homme. Et comme le tabac ne leur est pas expressément
interdit, les moines ne sen privent pas, même si le nombre
de bonzes fumeurs baissent : ils étaient 55 % il y a 15 ans,
ils ne sont plus que 25 % aujourdhui. Les premières causes
de décès parmi les moines sont dailleurs liées
au tabac.
Dans le grand monastère du Wat Pathum Wanaram où je suis
maintenant, on a décidé que les moines ne devaient pas
fumer en public pour montrer lexemple. Ceux qui narrivent
pas à sempêcher de fumer peuvent le faire dans les
parties privées des temples, mais on a demandé aux fidèles
de ne plus donner des cigarettes en offrande, comme cétait
la tradition.
Ça métonnerait pourtant quon mempêche
doffrir aux moines fumeurs les cigarettes que jai amenées
jusquici à leur intention : avant quelles soient
interdites à la vente chez nous, je leur ai amené une
dizaine de cartons de cigarettes en chocolat !
Allez, jessaie de trouver un bonze avec un patch sur le front,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
35. NOLLLEVAL
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Nolléval, un village de Seine-Maritime
de 335 habitants situé dans le canton dArgueil.
Je suis à la recherche dun cimetière un peu particulier,
pour une cérémonie un peu particulière. En effet,
je ne cherche pas le cimetière du village, mais le cimetière
mondial de lart, ouvert ici en 2003 par un artiste local, Patrice
Quéréel.
Oh, je ne devrais pas avoir de mal à le trouver, ce cimetière
: on ma dit quil était entre lancienne gare
et le château deau. Je suis venue ici déposer les
urnes funéraires de deux uvres qui ont été
incinérées à Rouen. Vous savez, ça se fait
de plus en plus les incinérations.
La première, cest justement une uvre de Patrice Quéréel,
un distributeur dargent gratuit. Jai des copains qui disent
quils vont acheter des sous quand ils retirent de largent
à un distributeur. Ce distributeur là, cétait
une simple table derrière une grille, installée à
lentrée dune ancienne galerie commerciale, rue de
la République à Rouen. Sur la table, il y avait des pièces
et parfois des billets déposés par lartiste. Des
inconnus y ont mis le feu, peut-être des gens déçus
de ne pas avoir trouvé dargent gratuit, va savoir !
Patrice Quéréel aurait dû se souvenir quà
Rouen, depuis Jeanne dArc, tout se termine souvent dans les flammes
! Comme cest un disciple de Marcel Duchamp, il pourrait peut-être
installer la prochaine fois une pissotière publique gratuite
: ça ne brûle pas, et ça serait un signe fort contre
la marchandisation des sanisettes à la JC Decaux !
Lautre uvre, qui ne représente que quelques grammes
de cendre dans une toute petite boite, cest un dessin original
de Salvador Dali intitulé « Réflexion », qui
a eu la malchance de se trouver accroché à quelques mètres
du distributeur gratuit, et qui a brûlé aussi. Cest
assez ironique de voir une uvre cotée très chère
de Dali périr dans le feu de largent : son appât
du gain était si fort que certains de ses amis lavaient
surnommé Avida Dollars, en faisant un anagramme des lettres de
son nom !
Bon, je crois que jai trouvé le cimetière. Je dépose
mes urnes, et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien,
en différé dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
34. SANTIAGO DE CUBA
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis sur un pédalo, le long de la côte
à lest de Santiago de Cuba.
Je ne suis pas là, comme beaucoup, pour passer ici des vacances
pas chères au soleil dune dictature à la mode, avec
sa musique sympa et ses vieilles bagnoles américaines.
Non, jessaie simplement, à la force du mollet, de me rapprocher
autant que possible de la base navale américaine de la baie de
Guantanamo, là où les Etats-Unis détiennent illégalement
depuis plusieurs années des personnes ramassées sur les
champs de bataille, notamment en Afghanistan.
On a reparlé récemment de Guantanamo dans les médias,
à propos dexemplaires du Coran qui auraient été
maltraités, mais cest tous les jours quon devrait
en parler, pour dénoncer le fait que des dizaines de personnes
y sont détenues au mépris de toutes les lois !
Amnesty International
a publié le 13 mai un nouveau rapport sur le sujet. Il en
ressort notamment que, plus dun an après une décision
de la Cour suprême fédérale reconnaissant la compétence
des tribunaux américains pour examiner les recours formulés
par les personnes retenues à Guantanamo, aucun prisonnier concerné
na pu en bénéficier, du fait des initiatives du
gouvernement des États-Unis pour empêcher par tous les
moyens possibles un tel réexamen.
A ce jour, aucun agent américain na été inculpé
en vertu de la législation des États-Unis relative à
la lutte contre la torture ou de celle relative aux crimes de guerre,
bien que les éléments tendant à prouver lutilisation
de la torture et des mauvais traitements par les forces américaines
soient de plus en plus nombreux. Seuls quelques soldats subalternes
ont été jugés par des tribunaux militaires, pour
amuser la galerie, notamment après laffaire dAbou
Graïb.
Amnesty International réitère sa demande au Congrès
des États-Unis de mettre en place une commission véritablement
indépendante pour enquêter sur les politiques et les pratiques
des autorités américaines en matière de détention
et dinterrogatoire dans le cadre de la « guerre contre le
terrorisme », ainsi que sur les transferts secrets de détenus
par les États-Unis.
Bref, y a du boulot, et en France aussi, puisque la plupart des français
qui ont été détenus illégalement à
Guantanamo pendant plusieurs années ont été maintenus
en détention en France à leur retour
Bon, je fais demi-tour parce que jai des hauts le cur, et
pas seulement à cause de la houle. Quand les historiens traiteront
de Guantanamo et des traitements illégaux infligés à
leurs prisonniers par les américains, on ne pourra pas dire quon
ne savait pas !
Je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
33. ARUE
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Arue, sur la côte est de lîle
de Tahiti.
Ça y est, jen entends déjà qui se disent
que cest une vraie sinécure, cette rubrique.
Tahiti, les vahinés, le lagon, les ukulélés, le
tamouré
Oui, ben les vahinés cest pas trop mon truc. Je préfère
les jeunes maîtres nageurs musclés, si vous voyez ce que
je veux dire. Et puis les siestes à lombre des palétuviers,
cest pas trop recommandé ici depuis quelques temps. Depuis
la fin des années 90 en fait, quand un insecte est arrivé
à Tahiti, caché dans des plantes ornementales. Une mouche
un peu spéciale de 12 millimètres, la cicadelle, qui a
la particularité de se coller sur les feuilles des arbres et
de sucer la sève. Rien de grave, si ce nest que la cicadelle
peut absorber de cent à mille fois son poids, et tout ce jus,
faut bien quil ressorte. Ce qui explique quici, on a surnommé
la cicadelle la « mouche pisseuse », puisquen proportion,
ce quelle rejette cest comme si un homme de 70 kilos urinait
jusquà 70 000 litres par jour !
Au début, la mouche pisseuse a surtout permis aux tahitiens de
se moquer gentiment des touristes, dont la sieste était perturbée
par ce quils appellent « la pluie des citadins ».
Mais on sest aperçu ensuite que la pluie tombait sur les
fruits, qui brunissent et perdent de la valeur. La cicadelle est donc
devenue un ennemi à abattre.
Mais comme elle na pas de prédateur sur lîle,
ce nest pas facile de sen débarrasser.
Les tahitiens se sont renseignés chez les américains,
qui ont connu le même type de problème, et viennent de
réagir en lâchant 540 micro-guêpes, qui ne piquent
pas lhomme mais qui pondent leurs ufs dans ceux de la cicadelle,
ce qui les empêchent de se développer. Reste à espérer
que ça va marcher, et que Tahiti ne va pas maintenant subir une
invasion de micro-guêpes !
Allez, je pique une tête dans le lagon, et je vous retrouve la
semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
32. MARIGNY
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis dans la campagne marnaise, sous le soleil, et
je marche de mon pas de randonneuse vers la réserve naturelle
de Marigny-le-Grand, pour aller y observer les espèces protégées
doiseaux qui y nichent en cette saison. Je suis partie hier de
Reims, et jai campé à Avenay, dans la montagne de
Reims. Là, je suis dans la morne plaine champenoise, mais japproche
du but
Tiens, on dirait quil y a vraiment beaucoup de monde aujourdhui,
ici à Marigny. Y a des voitures partout, même dans les
zones herbues. Dhabitude on nest pas si nombreux aux réunions
du club des Amis de la Nature. Et puis ça a lair dune
sacrée fête, le radio-cassette est réglé
vachement fort, ça risque deffrayer les oiseaux.
Ah voilà des copains. Cest pratique dêtre en
treillis pour se promener dans la nature, même si ça a
linconvénient de faire militaire
Par contre, cest
pas tous les jours quon voit des randonneurs avec des bouts de
métal plantés dans le nez, dans les joues, sur les sourcils
ou dans la langue. Et puis cest drôle, ils marchent bizarrement
en restant sur place. Oh la la, la musique est vraiment forte ! Je vais
aller me renseigner. (
)
Ah ça y est jai compris, cest pas des randonneurs,
cest des doux rêveurs. Ils sont là pour une boum
en plein air qui va durer tout le week-end ! Les pauvres oisillons dans
leur nid, jespère quils ont des boules Quiès.
Les danses sont bizarres, cest pas surprenant, mais là
encore plus que dhabitude parce quil y a des milliers de
chenilles qui aiment bien la musique et qui ont décidé
de danser sur les jambes des teuffeurs. Et il paraît que ça
irrite les yeux et que ça gratte très fort. Moi qui ne
suis pas encore touchée, ce que je trouve amusant, cest
le nom de ces chenilles, les chenilles du bombyx à cul-brun !
Les raveurs aussi ils ont le cul-brun à force de sasseoir
par terre pour se gratter
Allez, puisque cest la fête ça me démange
de danser aussi. Il suffit juste que je trouve deux-trois copains pour
saccrocher à mes épaules, et on y va : « Mets
tes deux pieds en canard, cest la chenille qui redémarre.
Attention les doux raveurs, la chenille part toujours à lheure
! ».
Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
31. BRON
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis devant le commissariat de Bron, dans lagglomération
lyonnaise, à attendre quil ouvre, en compagnie de quelques
personnes qui viennent ici en espérant retrouver leurs nains
de jardin.
En effet, cest près dici, dans le Parc de Parilly,
quon a retrouvé il y a quelques jours une centaine de nains
de jardin, sagement alignés à regarder les voitures passer
sur lautoroute A43, comme sils souhaitaient que quelquun
sarrête pour les emmener avec eux en vacances !
Comme la plupart des actions de ce type, celle-ci a été
revendiquée par un groupe se réclamant dun canal
du Front national de libération des nains de jardin, le FLNJ.
Cette histoire de FLNJ, cest quand même un des rares exemples
de grosse déconnade sympa qui marche bien et qui sest répandue
partout en France depuis plus de dix ans. A lorigine, quelques
potes qui, après une soirée bien gaie et bien arrosée,
kidnappent les nains de jardin de leur voisinage et vont les déposer
en forêt. Rien de très original, et on nen aurait
plus jamais reparler si ces gens-là navaient laissé
sur place une lettre de revendication au nom du FLNJ, expliquant quils
avaient voulu libérer des nains opprimés et réduits
à lesclavagisme. Du coup, la presse en a parlé,
et partout en France, souvent le samedi soir, on a assisté à
une éclosion spontanée daction de « libération
» de nains.
Depuis, le mouvement sest structuré, même sil
reste très informel. Il dispose dun site officiel, et même
dune charte, où on relève notamment la volonté
de lutter contre la beauffitude, et la revendication que les nains puissent
vivre à un endroit favorable à leur croissance, où
les chiens ne leur pisseraient pas dessus !
Javoue que je ne sais pas ce qui est le plus drôle, entre
la tête des nains libérés, celle des propriétaires
de jardin à la recherche de leurs nains égarés,
et celle des flics chargés de restituer les babioles, qui se
demandent ce quils ont fait pour mériter ça !
Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du FLNJ,
www.fnljfrance.com.
Quant à moi, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va
bien, en différé dailleurs dans le monde entier.
Au revoir.
30. BERKELEY
Bonjour, cest Paulette Dodu. Cest votre rubrique
en différé dailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis en Californie, bien installée à
larrière dune Mercedes 300 D de 1984, qui se dirige
vers Berkeley. A côté de moi, il y a Tom Larkins, fameux
batteur de rock qui a joué avec Naked Prey et Giant Sand, et
qui accompagne depuis quelques années le chanteur compositeur
Jonathan Richman, qui se trouve être la personne qui conduit notre
Mercedes.
Vous ne le savez peut-être pas, mais mon petit frère Pol
Dodu est un grand fan de Jonathan Richman, et je suis sûre quil
paierait cher pour être ici à ma place !
Quant à Jonathan Richman, en plus dêtre musicien,
il sest souvent fait lavocat des causes écologistes
: il a écrit une chanson à la gloire dune ferme
bio, et il a même essayé denregistrer un disque dans
les bois, sans électricité ! Jai donc été
surprise de le voir arriver au volant de cette grosse berline. Quand
je lui ai posé la question, il ma demandé si je
navais pas remarqué lodeur de ses gaz déchappement
Bizarre, le mec ! Il ma dit que, suivant les jours, ça
pouvait sentir les frites ou le poisson, suivant ce qui avait été
cuit dans la friteuse du restaurant dont il récupère les
huiles usagées pour faire tourner sa Mercedes !
Eh oui, car quand Rudolf Diesel a inventé son moteur vers 1900,
cétait pour le faire tourner avec des huiles végétales.
Et cest dailleurs ce qui sest passé jusque
dans les années 20, quand les industriels ont inventé
et imposé un nouveau carburant pétrolier, le gazole.
Les huiles végétales ont plein davantages : elles
polluent moins, ont un bon rendement énergétique, et permettent
le recyclage dhuile usée ou la production à petite
échelle : cest ce que font de nombreux paysans, qui font
tourner leurs tracteurs avec lhuile de tournesol quils produisent,
et nourrissent leur bétail avec les résidus de graines.
Et pourtant, aux Etats-Unis comme en France, les huiles végétales
ne sont pas encore tout à fait reconnues comme des carburants
légaux. Ça sexplique sûrement par le fait
que leur développement pourrait gêner des lobbys importants,
comme les constructeurs automobiles, les gros producteurs doléagineux
et les pétroliers
Mais en France comme aux Etats-Unis, certains militants développent
ces carburants naturels. A Marseille, ils se sont même réunis
au sein dune association, « Roule ma frite ». Aux
USA, Neil Young, qui est aussi le patron du label de Jonathan Richman,
fait rouler ses bus de tournée à lhuile végétale,
et son copain Willie Nelson a pris des parts dans une société
qui distribue dans certaines stations services du « Bio Willie
Diesel », qui contient une part dhuiles végétales.
Allez, je vois quon arrive à la Bio Fuel Oasis, la seule
station service près de Los Angeles qui fournit légalement
du carburant à base dhuile végétale. Jen
profite pour macheter un cornet de frites, et je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
29. AU COIN DE LA RUE
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis au coin de la rue, près de chez moi. Jaurais
bien aimé faire ma rubrique dun peu plus loin, comme souvent,
mais il faut bien que je promène Casio, le chien que jai
adopté la semaine dernière.
Il est bien gentil, et ça fait un pensionnaire de moins au refuge,
mais cest pas pour ça que jai adopté Casio.
En fait, je fais de la prévention santé, et jessaie
de contribuer à réduire le trou de la sécu !
Oui les chiens, on sait que ça aboie, ça perd ses poils,
ça se dresse, ça rapporte même, parfois, mais on
sait moins que ça peut être utilisé pour la prévention
du cancer !
Tout ça cest grâce au fameux odorat des chiens, qui
est 10 à 100 000 fois plus puissant que le nôtre. Depuis
1989, divers cas ont été signalés de chiens qui
ont permis de diagnostiquer des cancers de la peau, ou même du
sein ou des poumons, grâce à leur attitude bizarre et soudaine
vis-à-vis de certaines parties du corps de leur maître.
Il y en a un par exemple qui essayait de mordre le grain de beauté
de sa maîtresse, qui sest révélé être
un mélanome malin.
Récemment, une étude scientifique publiée dans
le British Medical Journal a montré que des chiens peuvent être
entraînés à détecter lodeur de lurine
de patients souffrant de cancer de la vessie, car les patients sécrètent
alors un taux anormal de protéines.
La lutte contre le cancer est une de nos grandes causes nationales,
et on sait quil vaut mieux prévenir que guérir.
Alors voilà, jai maintenant Casio, qui me coûte juste
le prix de ses croquettes (pas encore remboursées par la sécu,
mais ça viendra peut-être un jour !). Et puis, je suis
en bonne santé pour linstant, mais un jour cest peut-être
Casio qui me sauvera la vie. En attendant, il est gentil comme tout,
même sil a tendance à ruiner mon canapé !
Et si vous passez par là après moi, faites attention où
vous mettez les pieds car jai beau essayer dapprendre la
caniveau à Casio, ça marche pas à tous les coups
!
Allez, je finis le tour du pâté de maisons, et je vous
retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
28. SKOPJE
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Skopje, la capitale de la Macédoine,
dans les Balkans.
Je suis dans une chambre dhôtel qui a lair des plus
quelconques, mais cest bien dans cette chambre que la folle aventure
dun allemand a commencé fin 2003. On la amené
ici après un contrôle de ses papiers à la frontière.
Il ne savait pas que cétait le début dune
mésaventure qui allait durer 5 mois.
Il a été enfermé dans cette chambre pendant 23
jours, gardé en permanence par 3 policiers en civils, avant dêtre
relâché sans explications. Il a alors été
aussitôt kidnappé, on la mis dans un avion, et il
sest retrouvé dans une prison gérée par des
américains, à Kaboul, où on la interrogé
et menacé pendant des mois.
Tout ce que je vous raconte là nest malheureusement pas
le résumé dune superproduction hollywoodienne :
cest vraiment arrivé à Khaled El-Masri, un allemand
dorigine libanaise, et il nétait pas le seul dans
cette prison de Kaboul à sêtre fait enlevé.
Les policiers macédoniens ont pu le confondre avec un presque
homonyme, Khalid Al-Masri, recherché pour terrorisme, mais ça
nexplique ni nexcuse évidemment pas linternationale
de lenlèvement illégal, visiblement mise en place
par la CIA, qui utilise notamment des avions de ligne en sous-main pour
ces kidnappings. Si lon en croit le New Yorker, Newsweek et Libération,
qui ont tous fait des révélations sur des affaires de
ce type, ces avions sont aussi utilisés pour délocaliser
la torture de certains prisonniers dans des pays pas trop regardants,
comme lEgypte, le Maroc ou la Jordanie.
Pour Khaled El-Masri, ce qui est presque étonnant cest
quil soit sorti vivant de lhistoire. Au bout de quelques
mois, on la remis dans un avion, bâillonné et ligoté,
avant de le libérer en pleine nuit sur un chemin du nord de lAlbanie.
Je sais, on na vraiment pas limpression que je suis en train
de raconter une histoire vraie, qui sest passée en Europe
en 2004, mais El-Masri a porté plainte à son retour en
Allemagne, et les premières investigations confirment ses dires
Moi, ce qui continue à métonner, cest que
ces révélations dans la presse nont pas suscité
plus déchos et de réactions. Visiblement, on préfère
nous amuser avec des prêtres, des princes et des jeux plutôt
que de mener campagne pour que le chef dEtat responsable de ces
crimes, qui est aussi celui qui maintient des gens prisonniers à
Guantanamo depuis 3 ans en-dehors de tout cadre légal, soit traduit
devant une cour de justice internationale !
Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier. Au revoir.
27. AUMONT
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Aumont, un charmant village du canton
de Fribourg, en Suisse.
Si vous passez par là, cest sûrement que vous aimez
le fromage, le chocolat, et donc le lait suisse ! Et cest justement
pour protéger le lait suisse que lOffice Fédéral
pour lAgriculture, lOFAG, vient dinterdire toute utilisation
du chanvre comme fourrage pour le bétail, ceci afin déviter
que le lait soit contaminé, même de façon infime,
par le THC, le principe actif du cannabis.
Bon, jen entends déjà qui ricanent car ils se souviennent
que la dernière fois que je me suis intéressée
aux vaches et aux substances hallucinogènes, cétait
pour sniffer de la bouse en Indonésie, et ça ne mavait
pas réussi ! Mais là, non, pas question que je teste du
lait au chanvre, qui est donc devenu illégal, de toutes façons
! Non, ce qui mintéressait, cétait de comprendre
pourquoi lOFAG en était venu à prendre cette mesure,
purement symbolique puisquen fait elle ne concerne que 30 hectares
de chanvre cultivés pour nourrir le bétail.
Il semble quil sagisse dune mesure de rétorsion
contre un paysan dici, à Aumont, qui avait obtenu en justice,
fin 2003, la restitution de deux années de récolte de
chanvre. Ces récoltes avaient été saisies parce
quelles contenaient un peu plus de 0,3 % de THC, le taux à
partir duquel on peut soupçonner un usage stupéfiant.
Donc, désormais, le chanvre peut toujours servir à plein
de choses : faire du papier, de lisolant, des huiles pour la parfumerie,
mais plus à nourrir les animaux. Cest bien dommage, parce
quun autre éleveur suisse avait expliqué aux policiers,
qui avaient découvert chez lui une plantation illégale
de chanvre, quil sen servait pour calmer ses porcs avant
de les emmener à labattoir !
Il me reste juste une énigme à résoudre avant de
men retourner : si elle ne mange plus de chanvre, quest-ce
qui rend la célèbre vache mauve dune grande marque
de chocolat suisse aussi psychédélique ?
Allez, je mange une petite raclette au chocolat, et je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé dailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
26. HOBYO
Bonjour, c’est Pol Dodu, le petit frère de Paulette. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
On se répartit un peu le travail avec Paulette. Cette semaine, elle
avait envie d’un peu de soleil et de farniente. Alors c’est vrai, je
suis au bord de l’Océan Indien, à Hobyo, un port somalien situé au nord
de Mogadiscio, mais ce n’est pas le genre d’endroit pour un touriste
en goguette.
Tout d’abord, le coin est un peu dangereux, car le pays est en guerre
civile plus ou moins larvée depuis 1990. Et puis, l’océan n’est pas
conseillé aux baigneurs, car il contient environ 10 millions de tonnes
de déchets toxiques, dont certains sont radioactifs ! Evidemment, ce
ne sont pas les entreprises somaliennes qui déversent des conteneurs
de déchets à quelques centaines de mètres des côtes, ou qui les enterrent
ailleurs dans le pays. Non, ce sont des sociétés américaines ou européennes
qui, le plus illégalement du monde, passent des contrats avec des petits
chefs locaux pour se débarrasser de leurs ordures à bon compte : les
petits chefs peuvent ensuite s’acheter des armes pour continuer à faire
la guerre, et les entreprises font plein d’économies : l’élimination
des déchets en Somalie revient à 2,50 $ la tonne, contre 250 $ en Europe
!
Mais les déchets ne sont pas définitivement éliminés, puisque les conteneurs
ne restent pas étanches éternellement. De nombreux habitants connaissent
des soucis de santé inhabituels, y compris des problèmes pulmonaires
graves et des infections de la peau. Quant à la faune marine, elle est
la première touchée : on peut pêcher certains poissons à la main tellement
ils sont malades, d’autres animaux deviennent aveugles, les tortues
sont déboussolées...
Pour couronner le tout, la Somalie a été touchée par le tsunami. Il
y a eu 300 morts, et des fûts toxiques cachés sous l’eau ont été endommagés.
Au moins, cette nouvelle catastrophe a eu le mérite de faire aussi revenir
à la surface cette question des déchets toxiques illégaux, connue depuis
plusieurs années, mais dont personne ne s’est occupé jusque-là. Un rapport
de l’agence de l’ONU chargée de l’environnement a récemment attiré l’attention
sur ce trafic de déchets nocifs. Il ne reste plus à nos gouvernements
qu’à montrer leur volonté de les combattre, ces trafics !
C’est une information publiée dans « Le Chat noir », le journal de L’égrégore,
qui m’a attiré dans ce cloaque somalien. Je vous rappelle que vous pouvez
écouter L’égrégore sur La
Radio Primitive chaque lundi à 19 h. La semaine prochaine vous retrouverez
Paulette, si tout va bien, en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Au revoir.
25. ISTANBUL
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier. Cette semaine, je suis à Istanbul, en Turquie.
Si vous passez par là, pensez à vous munir dun casque
et dun bouclier, surtout si vous avez lintention de manifester.
Ici comme ailleurs, ça peut être utile.
Tiens par exemple, le 6 mars dernier, il y a eu ici une manifestation,
tout ce quil y a de plus pacifique, organisée à
loccasion de la journée internationale de la femme. Eh
bien, la répression de cette manifestation na pas été
pacifique. La police a fait usage pour disperser les manifestantes de
matraques et de gaz lacrymogènes. Plusieurs policiers ont été
vus et filmés pendant qu'ils frappaient et donnaient des coups
de pied à des femmes tombées à terre. Trois policiers
ont depuis été suspendus.
Cette répression a suscité des protestations en Europe,
et ne fait pas laffaire du gouvernement turc, qui mène
des réformes pour espérer intégrer lUnion
européenne. Les autorités viennent de réagir cette
semaine. En France, au mois de mars, après la journée
de la femme il y a le printemps des poètes. Eh bien, cest
peut-être pareil en Turquie, puisque le gouvernement vient dannoncer
le recrutement prochain de 10 000 policiers, avec quelques critères
retenus pour éviter quils se comportent comme des bachi-bouzouks
: ils devront être éduqués (avec un diplôme
de niveau universitaire), et surtout, ils devront être en mesure
de réciter un poème par cur !
Je ne sais pas si ces critères de sélection suffiront
à rendre les policiers moins violents, mais en tout cas, il me
reste une chose à vérifier avant de quitter la Turquie
: sur ces 10 000 policiers versés dans la poésie, est-ce
quil y aura des femmes, et si oui, combien ??
Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier.
Au revoir.
24. BARCELONE
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Barcelone, la capitale de la Catalogne.
Si vous passez par là, souvenez-vous que la langue que nous les
français appelons lespagnol, cest le castillan, et
que ce nest pas la seule langue parlée en Espagne. Vous
pensez au basque, bien sûr, mais il y a aussi et surtout le catalan,
parlé par près dun quart des espagnols. Et il me
semble que dire à un catalan quil parle espagnol, ça
doit être aussi grave que de dire à un écossais
quil est anglais !
Je suis confortablement installée dans un fauteuil du Théâtre
Lliure de Montjuïc pour assister à lune des cinq représentations
de « Psitt psitt ». Cest un ballet créé
par Erik Satie il y a presque cent ans, et que le chorégraphe
Cesc Gelabert reprend ici, sur une musique de Pascal Comelade. Satie,
qui ne manquait pas dhumour et excellait dans des délires
pré-surréalistes, a laissé quelques instructions
pour les danseurs. Mais ces instructions nont rien à voir
avec la technique chorégraphique, ce sont des indications du
style « Comme un rossignol qui a mal aux dents » ou «
Laqué comme un chinois ». Vous voyez le tableau !
Pascal Comelade, qui ne manque pas dhumour pincé non plus,
a composé six pièces musicales inspirées de lunivers
de Satie, qui servent de base à cette chorégraphie, qui
irradie la même mélancolie allègre que la musique
de Comelade.
Il faut être sacrément tenace pour suivre lactualité
du travail de Pascal Comelade, car il est aussi actif que discret. Si
on sen tient à ses parutions de disques en France, il naurait
fait que la bande originale du film « Espace détente »,
la version filmée de « Caméra café »,
depuis son album « Psicotic musichall » en 2002, avec
juste quelques concerts entre-temps, notamment ceux avec le trompettiste
Roy Paci.
Mais si on fouine de ce côté-ci des Pyrénées,
et notamment à Barcelone où il a toujours été
très actif, on saperçoit quil y a eu lan
dernier une exposition de ses instruments de musique jouets, avec la
publication dun superbe catalogue accompagné dun
CD, mais aussi un disque de musiques populaires, le bien nommé
« Musica pop », et surtout une excellente compilation reprenant
de nombreux titres rares et inédits, « La filosofia del
plat combinat », avec en plus une très belle pochette due
à Hervé Di Rosa.
Bref, Pascal Comelade encourage ses fans à être curieux
Allez, je me tais pour profiter du spectacle, et je vous laisse écouter
un titre de Comelade, qui sappelle « A las barricadas ».
Mais je ne sais pas si cest du castillan ou du catalan !
Je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
dailleurs dans le monde entier.
Au revoir.
23. KUANTAN
Bonjour, c’est Pol Dodu, le petit frère de Paulette.
Cette semaine, je suis bien au chaud chez moi, devant la télé, et je
suis bien content car en fait les voyages c’est pas trop mon truc. Et
puis, vous savez bien que j’ai passé le flambeau à Paulette pour votre
rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
N’allez pas croire d’ailleurs que Paulette a été fainéante, et qu’elle
n’est pas allée comme chaque semaine quelque part dans le monde pour
les besoins de cette chronique. Non, Paulette est bien allée cette semaine
jusqu’à Kuantan, en Malaisie, et elle y est toujours, dans sa chambre
d’hôtel, malade comme un chien, avec les intestins tout emmêlés.
Ce qui l’a attirée là-bas, dans cette ville de bord de mer au nord-est
de Kuala Lumpur, la capitale du pays, c’est qu’elle a entendu parler
des sniffeurs de bouse !
Vous ne le savez peut-être pas, mais la Malaisie est un des pays les
plus sévères avec la drogue. Les trafiquants risquent carrément la pendaison,
et depuis 2002, les toxicomanes récidivistes encourent jusqu’à 13 ans
de prison et 6 coups de canne (me demandez pas pourquoi 6 coups de canne
précisément !). Du coup, certains se sont mis à renifler de près les
bouses de vache, qui émettent des gaz comme le soufre, capables de vous
faire planer, apparemment. C’est ça qui inquiète les autorités d’ailleurs,
car sniffer de la bouse c’est gratuit, et en plus ce n’est pas illégal
!
N’écoutant que son courage, Paulette a fait l’expérience ! Et ça doit
marcher ce truc, car visiblement elle a plané, mais c’est l’atterrissage
qui a été difficile. Moi, j’en suis presque à me demander si elle n’a
pas fait exprès de nous faire le coup du malaise en Malaisie !
Allez, je fais l’effort de me lever pour aller chercher une autre bière
dans le frigo, et vous retrouverez Paulette la semaine prochaine, si
tout va bien, en différé d’ailleurs dans le monde entier. Au revoir.
22. LICHIGA
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Lichinga, la capitale de la province de Niassa,
au nord-ouest du Mozambique, tout près du grand lac Niassa, qui donne
son nom à la région.
Si vous passez par là, pensez à engager une palanquée d’interprètes
car figurez-vous qu’il y a plus de 23 langues parlées au Mozambique,
et en plus il y a de multiples dialectes. Il faut dire qu’il y a aussi
plus de 30 groupes ethniques. Le Mozambique étant une ancienne colonie
portugaise, la langue officielle unique est restée le portugais depuis
l’indépendance en 1975. Ça a des avantages pour la communication dans
tout le pays, mais seuls 16 % de la population parlent ou comprennent
le portugais, et souvent mal. Et puis l’usage de cette langue officielle
nuit à la perpétuation des traditions locales et à la survie des langues
qui les véhiculent. Toutes les langues du Mozambique sont d’origine
bantoue, mais seules 4 d’entre elles sont parlées par plus d’un million
d’habitants.
Ici, à Lechinga, les deux langues les plus répandues sont le Macua et
le Nhanja, une langue qui est parlée par moins de 100 000 personnes.
Comme l’a dit Rafael Shambela, un linguiste mozambicain : « Une langue,
c’est une culture. Elle contient l’histoire d’un peuple et toute la
connaissance transmise depuis des générations ». Une langue, ça aide
notamment à perpétuer les savoir-faire en matière de préservation des
éco-systèmes, ça aide le développement de la médecine et de la pharmacie
en conservant les savoirs traditionnels utilisant des plantes et des
écorces, et plus globalement, ça aide à survivre par une meilleure connaissance
de son milieu de vie. J’imagine que l’éducation est difficilement possible
si parents et enfants ne parlent pas la même langue, par exemple, et
ça peut arriver quand les populations sont déplacées, notamment ! Et
jusque récemment, l’école ne pouvait pas améliorer les choses car l’enseignement
se faisait uniquement en portugais.
Heureusement, un programme a été lancé récemment pour développer un
enseignement utilisant 16 des 23 langues du pays, notamment pour former
des jeunes aux métiers traditionnels. Ce problème ne se pose pas qu’ici,
puisqu’au niveau mondial, 6000 langues sont en sursis : 96 % des dialectes
sont parlés par 4 % de la population mondiale seulement...
Allez, bou ba ounga to to mou kina po domestos, et je vous retrouve
la semaine prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs dans le
monde entier. Au revoir.
21. EJIDO REMEDIOS
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Ejido Remedios , un village de l’est de l’Etat
du Michoacan, au Mexique. C’est pas du tout mon genre, mais j’aurais
presque envie de soutenir les soldats qui montent la garde par ici en
leur faisant la bise.
Souvent, au cours de l’histoire, les soldats ont eu pour mission de
servir des monarques. Les soldats que le gouvernement mexicain a envoyés
dans la forêt autour d’Ejido Remedios sont effectivement ici pour protéger
des monarques, mais il s’agit de monarques plutôt sympathiques, puisque
ce sont des papillons monarques, une espèce protégée de superbes papillons
migrateurs aux ailes orange et noir.
On leur fait pas une vie facile ces temps-ci aux papillons monarques.
L’été, ils vivent dans le nord des Etats-Unis et au Canada, où ils raffolent
de l’Asclépiade, une plante herbacée qui produit de belles fleurs, mais
qui a le tort d’être considérée comme une mauvaise herbe. Du coup, il
y en a de moins en moins, et ça pose des problèmes aux papillons, qui
s’en servent pour y déposer leurs chrysalides, afin que les chenilles
se nourrissent ensuite de cette plante.
D’octobre à mars, par un phénomène qui reste encore un mystère scientifique,
les monarques parcourent des milliers de kilomètres pour migrer jusqu’au
Michoacan, au Mexique, afin de s’y reproduire dans les forêts de pins
Oyamel. Mais le Mexique est victime de la déforestation, et malgré l’interdiction
d’exploiter la forêt dans l’aire de reproduction des papillons monarques,
de nombreux bûcherons braconniers continuent de s’attaquer à leur nid
d’amour, à tel point donc que les autorité mexicaines ont décidé cette
année de déployer plus d’une centaine de soldats dans la forêt. C’est
une bonne chose pour les papillons, et aussi pour les habitants de la
région, qui bénéficient des retombées touristiques du spectacle proposé
chaque année par les millions de papillons migrateurs.
Mais malheureusement, il semble que, même si la protection anti-abattage
d’arbres a été efficace, seul un quart des papillons attendu était présent
au rendez-vous cette année, pour une raison qui reste mystérieuse. Allez,
je m’envole avec la grâcieuse légèreté du papillon que vous me connaissez,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
d’ailleurs dans le monde entier. Au-revoir.
20. BRUNSBÜTTEL
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Brunsbüttel, un port allemand de la mer du
nord situé sur l’embouchure de l’Elbe, pas très loin de Hambourg.
Si vous passez par là, emmenez une brosse à cheveux, parce que ça décoiffe
par ici. Figurez-vous qu’on vient d’inaugurer la plus grosse éolienne
du monde : 183 m de haut pour une puissance maximum de 5 mégawatts.
C’est le prototype d’un modèle prévu pour être installé à terme en haute
mer, dans des fermes éoliennes. Pas étonnant que ce mastodonte ait été
installé en Allemagne. Ici, on produit 50 fois plus d’électricité en
utilisant la force du vent qu’en France, et l’écart n’est pas près de
se réduire car, rien que l’an dernier, l’Allemagne a augmenté sa capacité
de production de 3 fois le total de toute la capacité de production
française !
Et pourquoi la France est-elle aussi en retard pour cette production
d’électricité écologique ? C’est pas qu’on n’ait pas de vent, comme
on n’avait pas de pétrole à une époque. Non, au contraire, on a tout
ce qu’il faut pour produire de l’électricité éolienne. Tout sauf… la
volonté politique ! L’Allemagne a misé à fond sur les énergies renouvelables
quand le gouvernement Schröder a décidé d’abandonner petit à petit le
nucléaire, mais en France le lobby du nucléaire domine toujours, et
ça se ressent dans les choix politiques, que les gouvernements soient
de droite ou de gauche.
Il n’y a pas d’autre raison pour expliquer pourquoi la part des énergies
renouvelables est passée chez nous de 18 % en 1990 à moins de 14 % en
2004, alors même que nous nous sommes engagés au niveau européen à atteindre
21 % en 2010 !! Et ce choix du nucléaire, nous le payons, et nous n’avons
pas fini de le payer. Rien qu’en Champagne-Ardenne, souvenez-vous que
nous avons deux grosses centrales nucléaires, à Chooz et à Nogent-sur-Seine,
un centre de stockages de déchets radioactifs dans l’Aube, et bientôt
un centre de stockage souterrain à Bure, dans la Meuse, tout près de
la Haute-Marne. Ce ne sont pas 4 malheureuses éoliennes et un peu de
solaire qui font de l’ombre à tout ça !
Les choses ont bien changé depuis Cervantès. En levant les yeux pour
regarder cette méga-éolienne, je me dis que, contrairement à Don Quichotte,
il va falloir maintenant qu’on se batte pour des moulins à vent
! Je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
d’ailleurs dans le monde entier. Au-revoir.
19. BLANTYRE
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Blantyre, la ville la plus peuplée et la capitale
commerciale du Malawi, un pays d’Afrique de l’Est situé dans la région
des Grands Lacs.
Si vous passez par là, méfiez-vous en traversant les pistes, car vous
devez savoir qu’il n’y a pas que pendant le Paris-Dakar qu’il y a des
4x4 en Afrique. Figurez-vous qu’ici, à Blantyre, les juges de la cour
suprême du pays se sont mis en grève le 19 janvier. Pas courant ça,
c’est un peu comme si les membres du Conseil d’Etat ou du Conseil constitutionnel
s’étaient mis en grève en France ! Et pourquoi ce mouvement social ?
Parce que les juges étaient jaloux des hauts fonctionnaires gouvernementaux
qui se sont récemment vus attribuer de superbes 4x4 flambant neufs de
fonction, tandis qu’eux devaient se contenter de leurs berlines de plus
de 10 ans d’âge.
On comprend un tout petit peu mieux ce mouvement d’humeur quand on connaît
la géographie administrative du pays. Certes, la Présidence et la Cour
Suprême sont à Blantyre, mais le gouvernement et tous les ministères
sont installés dans la capitale à Libongwe, à plus de 300 kilomètres
de là ! Et vu l’état général des réseaux routiers ici, où 20 % seulement
des routes sont goudronnées, on imagine que les transports sont plus
confortables en 4x4.
Ce conflit syndical a été résolu au bout de quelques jours, et comme
souvent les deux parties y ont mis chacune un peu du sien. Le gouvernement
a accepté de doter les juges de 26 véhicules dernier cri, et les juges
ont accepté de se contenter de modèles Nissan à 45 000 ¤ pièce alors
qu’au départ ils exigeaient des Toyota à 60 000 ¤ !
Il est quand même bon de se souvenir que le Malawi est l’un des pays
les plus pauvres du monde, et que le revenu moyen par habitant est de
180 ¤ par an ! Le malawéen de base n’est pas près de se payer un de
ces véhicules !
Moi, je fais du stop au bord de la piste en espérant qu’un beau juge
de la Cour suprême va s’arrêter pour m’emmener à Lilongwe, et je vous
retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs
dans le monde entier. Au-revoir.
18. LIMA
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis dans un bidonville situé au sud de Lima, entre
la capitale du Pérou et le port de Callao, sur l’océan Pacifique. Je
suis venue ici pour manger de l’herbe. Oui, j’ai bien dit manger, pas
fumer ! Mais j’aurais peut-être pu m’éviter un grand voyage, puisque
cette herbe, qui est en fait de la luzerne déshydratée traitée pour
qu’elle puisse être digérée par l’homme, a en fait poussé en Champagne-Ardenne
!
Notre région est une des plus grandes productrices au monde de cette
plante, destinée à l’origine à la consommation animale. Mais depuis
plus de dix ans, les producteurs de Champagne-Ardenne ont fabriqué un
complément alimentaire à partir de granulés de luzerne, dont ils font
don à des associations humanitaires pour des enfants souffrant de malnutrition,
en Afrique ou au Nicaragua. Les résultats obtenus sont positifs, mais
ils n’avaient jusqu’ici pas fait l’objet d’une étude scientifique validée.
C’est désormais le cas suite à l’étude que vient de mener ici au Pérou
le professeur Eric Bertin, nutritionniste au CHU de Reims, auprès de
deux groupes d’enfants. Il en ressort que les apports de la luzerne
sont aussi bons, voire meilleurs que ceux de la poudre de lait, pour
ce qui concerne les vitamines, le calcium, les protéines et le fer.
En plus, la luzerne a l’avantage d’un coût relativement modéré, à 4
¤ par an pour une personne.
Les producteurs de luzerne font une bonne action en investissant 100
000 euros par an pour fournir ce complément alimentaire à des enfants
mal nourris. Mais parallèlement, ils espèrent aussi convaincre l’Agence
française de sécurité sanitaire des aliments, à qui ils ont demandé
depuis l’an 2000 l’autorisation de commercialiser en France des gélules
de luzerne, ce qui constituerai un nouveau marché, solvable, pour cette
production. Quand vous saurez que la luzerne contient des anti-oxydants,
du béta-carotène et des oméga 3, vous comprendrez pourquoi j’ai accouru
ici, au Pérou sans attendre l’autorisation de l’AFSSA ! Et ici, j’ai
tout loisir de ruminer sur les qualités de la verte parure de nos prairies
!
Allez, je gobe une paire de gélules, et je vous retrouve la semaine
prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Au-revoir.
17. SHISHMAREF
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, c’est de saison, je suis au ski ! Mais avoir les fesses
humides quand je tombe, le visage gelé ou la neige qui rentre dans les
moufles, très peu pour moi, alors j’ai trouvé le moyen de faire du ski
en restant à l’intérieur de la maison ! Mais pour ça, il a fallu que
je fasse un sacré voyage, puisque je suis à Shishmaref, un village de
pêcheurs esquimaux en Alaska, situé sur une île dans la mer de Chukchi.
Si vous passez par là, sachez qu’il n’y a pas d’eau courante, et que
l’hôpital le plus proche est situé dans le chef-lieu du comté, à Nome,
à 200 km au sud. Ici comme ailleurs, le réchauffement climatique est
devenu une réalité. Depuis 10 ans, les températures ont augmenté de
4°, même s’il fait toujours 16 en moyenne en janvier, et 10% de la
banquise a fondu. Ici, ça a des conséquences concrètes au quotidien
: les tempêtes de septembre-octobre sont de plus en plus fortes, la
plage a disparu, la mer a détruit les digues et s’attaque au village,
et elle gèle en décembre et non plus en octobre. Du coup, les habitants
du village ont pris des décisions drastiques. Les maisons du village
menacées par la mer sont soulevées par une grue, posées sur d’énormes
skis en plastique et déplacées à l’autre bout du village.
C’est dans une de ces maisons que je suis en ce moment. Oh c’est sûr,
l’impression de vitesse n’est pas très forte, et c’est pas du ski de
compétition, mais au moins c’est confortable ! Et puis, malheureusement
pour les habitants de Shishmaref, je pourrais peut-être revenir un prochain
hiver pour une vraie randonnée sur glace en maison d’une vingtaine de
kilomètres. En effet, vue la situation, les villageois ont voté le principe
de déplacer le village d’ici à 2009, sur le continent, à l’intérieur
des terres. Mais c’est un vrai déchirement pour ces esquimaux, qui ont
réussi à préserver leur mode de vie, ne serait-ce que pour les pêcheurs,
qui devront alors parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre leur
bâteau amarré sur la côte.
Bien, je crois que ma maison est arrivée à destination. Le temps qu’on
la déchausse de ses skis, et je pourrai sortir. Je vous retrouve la
semaine prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs dans le monde
entier. Au-revoir.
16. CHITTAGONG
Bonjour, c’est Paulette Dodu, pour « Si vous passez par là
», votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Chittagong, le principal port et la deuxième
ville la plus peuplée du Bangladesh. Si vous passez par là, pensez à
amener votre porte-bonheur préféré, un fer à cheval, une patte de lapin,
je sais pas, mais prenez-en un, car le Bangladesh doit être un des pays
les plus malchanceux du monde !
C’est l’un des plus pauvres d’abord, et aussi l’un des plus densément
peuplés, plus de 800 habitants au kilomètre carré. La géographie ne
l’a pas gâté non plus, puisque ce pays est avant tout un immense delta,
où le Gange, le Brahmaputra, la Meghna et leurs affluents se jettent
dans l’Océan Indien. C’est aussi le pays des catastrophes, les cyclones,
comme en 1970 (un demi-million de morts), les inondations, mais aussi
la sécheresse, et les famines. En 1991, un cyclone a fait 140,000 morts
et 10 millions de sans-abris, mais vous comme moi, vous ne vous souvenez
pas à l’époque d’avoir été submergés par un raz-de-marée de campagne
de dons : la caissière de chez Leclerc ne vous proposait pas d’en faire
un à chaque passage en caisse, et votre coiffeur ne transformait pas
votre coupe de cheveux en action humanitaire. C’est normal, le Bangladesh
n’est pas un pays touristique, et ses catastrophes sont donc beaucoup
moins médiatisées.
Pour une fois, le pays a eu de la chance le 26 décembre. En effet, les
sédiments charriés par le delta envahissent le fond de l’océan au large
des côtes du Bangladesh, et apparemment les vagues du raz-de-marée se
sont brisées sur ces hauts-fonds. Il n’y a eu que deux morts ce jour-là,
deux enfants dont le bâteau s’est retourné, et un tremblement de terre
réplique de 5,3 degrés sur l’échelle de Richter, ressenti le 7 janvier
ici à Chittagong, n’a pas fait de victimes. Du coup, le Bangladesh ne
devrait pas bénéficier de la grande vague de dons actuelle, alors que
ses besoins, comme ceux de nombreux pays d’Afrique par exemple, sont
toujours aussi criants.
Alors, si vous êtes prêts à vous séparer de quelques
euros, voir même de quelques takas, la monnaie d’ici, , confiez-les
à un organisme international plutôt qu’à un épicier ou à un coiffeur
: il devrait savoir les affecter aux pays de la planète en tant que
de besoin. Et nous, on se retrouve la semaine prochaine, si tout va
bien, en différé d’ailleurs dans le monde entier. Au-revoir.
15. BROCELIANDE
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Gaël, en Ille-et-Vilaine, dans la forêt de
Brocéliande. Si vous passez par là , pensez à prendre un pince-nez,
car ça sent pas la rose ici ! La forêt de Brocéliande, c’est la forêt
mythique de Merlin l’enchanteur, du chevalier Lancelot, et de la fée
Viviane. Depuis quelques temps, la forêt est plutôt en train de se transformer
en dépotoir. Vous le savez, on produit de plus en plus de déchets, et
ici, on aurait peut-être bien besoin d’un coup de baguette magique ou
d’un sort de l’enchanteur pour s’en débarasser !
A Gaël, il y avait déjà une usine de compostage des ordures ménagères
collectées dans les 66 communes voisines, ce qui fait un paquet de conteneurs
à poubelles ! Il y a depuis peu aussi une plate-forme de compostage
de déchets verts et de fiente animale : quand tout ça fermente, c’est
plutôt pestilentiel ! Comme si ça ne suffisait pas, il y a depuis peu
le projet de créer sur ce site un centre d’enfouissement des déchets
ménagers ultimes, qui y serait stockés pour une période de 25 ans. Quand
on sait que la région mise beaucoup sur le développement touristique,
en s’appuyant à la fois sur son patrimoine naturel et monumental (un
lac, la forêt, une chapelle, un château) et sur tout ce qui tourne autour
de la légende du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde, avec
notamment un centre de l’imaginaire arthurien, on se dit qu’il va falloir
un peu réviser les clichés : la fée Viviane sur un balai magique de
sorcière pour balayer les rues, les chevaliers de Lancelot en tenue
d’éboueurs, et Merlin en SDF qui fouille dans les poubelles, par exemple…
!
Moi, je fais attention où je mets les pieds, et je continue mon chemin.
On se retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs
dans le monde entier. Au-revoir.
14. STONEHAVEN
Bonjour, c’est Paulette Dodu, la grande sœur de Pol. C’est
votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Stonehaven, au fin fond de l’Ecosse, assise
dans le Carron Fish and Chip Bar, et j’attends qu’on me serve ma commande.
Si vous passez par là , pensez à prendre une tenue de rechange, car
vous êtes certain d’empester le graillon en sortant d’ici !
J’ai donc commandé un fish and chips, une sorte de fast food traditionnel
chez les britanniques : un gros bout de bon poisson à chair blanche,
pané et plongé dans un bain de friture, et des frites grosses et bien
grasses ! Avec un tel menu, on ne s’étonne pas d’apprendre que l’Ecosse
est en tête de classement pour les maladies cardio-vasculaires et pour
les caries dentaires ! Mais il y a pire : un fish and chips c’est un
menu, mais il n’y a pas de dessert. Alors, certains ont eu l’idée de
compléter ce menu par une barre de Mars, enroulée de pâte à beignet,
et frite également ! Une vraie bombe calorique !
On a longtemps cru que cette histoire de beignet de mars était une légende
écossaise, un peu comme le monstre du Loch Ness, mais une étude scientifique
publiée dans la revue The Lancet vient de la corroborer. Les docteurs
Morrison et Petticrew, consultants en santé publique pour la sécurité
sociale à Glasgow, ont téléphoné à 300 boutiques de fish and chips dans
toute l’Ecosse, et apparemment, au moins 22 % des points de vente proposent
des mars frits, et en vendent plusieurs centaines par semaine. L’étude
affirme même que la recette a été créée ici, au Carron Fish and Chip
Bar de Stonehaven.
Ah ça y est mon repas est prêt : du fish and chip, un mars frit, et
une bouteille d’Irn Bru pour faire passer tout ça. C’est un soda local
très populaire ici, et très sucré bien sûr ! En tout cas, ce sera toujours
meilleur que de la panse de brebis farci. Allez, j’attaque mon repas,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si j’ai digéré, en différé
d’ailleurs dans le monde entier. Au-revoir.
13. GRENOBLE
Bonjour, c’est Paulette Dodu au micro, la grande sœur de Pol.
C’est votre rubrique en différé d’ailleurs dans le monde entier.
Cette semaine, je suis à Grenoble, et si vous passez par là n’oubliez
pas vos moufles, car je vous confirme qu’il ne fait pas chaud l’hiver,
dans les Alpes.
e suis ici à la recherche d’un vieux fou, peut-être anglais d’ailleurs,
puisqu’il se fait appeler Le Vieux Mad. Le Vieux Mad, c’est la cheville
ouvrière d’un petit label indépendant, Sorry But Home Recording Records,
ce qui pourrait se traduire par, « Désolés, mais nos disques sont faits
maison » ! C’est là que je suis justement, dans la maison, ou plutôt
dans le sous-sol où on trouve un petit studio, où les disques sont enregistrés,
un ordinateur pour les graver, et une imprimante pour les pochettes.
Car les disques de Sorry But sont effectivement faits maison, un par
un, et vendus à un prix d’ami de 6 euros. Mais j’ai cherché partout,
et je n’ai pas trouvé le Vieux Mad, qui doit pourtant bien se cacher
dans le coin. J’aurais aimé qu’il m’en dise un peu plus sur les groupes
de son label.
J’ai l’impression qu’il y a deux bandes, celle des Frères Nubuck, qui
doit être de Grenoble, et celle du Bingo Bill Orchestra, à Valence.
Et tout ce beau monde enregistre à tour de bras, en groupe donc, mais
aussi en solo sous divers pseudonymes, et on retrouve tout ce beau monde
sur les compilations du label, comme « les banlieusards », la dernière
sortie. Rémy Chante et Chris Gontard enregistrent séparément et avec
les Frères Nubuck, pareil pour Henri Bingo et Daniel Bill, qui sont
bien sûrs aussi dans le Bingo Bill Orchestra, avec aussi un gars qui
s’appelle Cyrz, qui fait partie de la sélection du FAIR cette année.
Et il y a aussi Crooner Mic Action, les Chicken Belmondos et plein d’autres.
Je vais m’installer pour attendre Le Vieux Mad, en attendant, vous allez
pouvoir écouter un titre live des Frères Nubuck, « Camille ». Dans le
catalogue de Sorry But, outre « Les banlieusards » comme entrée en matière,
je vous conseille« 200 kilos de papier », le best-of du Bingo Bill Orchestra,
ou « Chez les nudistes » des Frères Nubuck. La meilleure adresse pour
les trouver, c’est sûrement le très beau site du label, www.sorrybut.com.
Je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé d’ailleurs
dans le monde entier. Au revoir.
12. GREENSBURG
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Greensburg, dans lest de la Louisiane,
et si vous passez par là, noubliez pas de mettre des jambières,
ces grandes bottes de pêcheur en plastique, car là je suis
dans un ruisseau, en train de vérifier sil ne reste pas
quelques dollars dans un barrage érigé par des castors.
Que je vous explique. Il y a quelques semaines, le Casino du dollar
chanceux, le Lucky Dollar, sest fait braqué. Pas de bol.
La police a cherché les auteurs du hold-up quelques jours sans
succès, jusquà ce que lavocat des voleurs
téléphone au commissariat pour leur dire que les trois
sacs de billets avaient été jetés à la rivière.
Lavocat espérait obtenir une réduction de peine
pour ses clients
Les flics se sont rendus sur place. Ils ont retrouvé assez vite
un sac de billets dans leau, et un autre échoué
contre le barrage des castors. Mais le troisième sac restait
introuvable. Ils ont alors entrepris de démonter le barrage pour
assécher le ruisseau, et ils ont trouvé le troisième
sac, mais surtout ils se sont aperçus que les castors avaient
ouvert ce sac, et quils en avaient délicatement extrait
des billets pour les tisser dans leur barrage et améliorer son
étanchéité !
Au bout du compte, 67 380 dollars ont été récupérés
dans le ruisseau, soit presque la totalité de la somme volée,
principalement constituée de petites coupures.
La belle histoire des dollars du casino tissés par les castors
aurait pu sarrêter là, mais figurez-vous que ces
billets, même si les castors ne les avaient pas abîmés,
ils étaient humides. Et des milliers de billets humides, au bout
dun moment, ça se met à sentir mauvais. Les hommes
du sheriff ont donc dû employer les grands moyens pour sécher
ces billets : ils les ont mis dans le plus gros sèche-linge de
la prison du Comté, accompagnés dune vieille paire
de tennis pour casser les liasses, et ils ont fait sécher le
tout en choisissant le programme approprié !
Moi pour linstant, je suis loin dêtre sèche,
mais je continue encore un peu ma pêche aux dollars, et je vous
retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
de quelque part dans le monde entier.
11. AFGHANISTAN
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis en Afghanistan, pas très loin de la frontière
avec le Pakistan, mais chut, cest un secret !
Si vous passez par là, pensez à vous habiller en treillis
et à mettre des rangers, car cest en compagnie de larmée
française que je suis ici incognito. Et je dirais même
plus, je suis avec les commandos des forces spéciales françaises
en mission secrète.
On a beaucoup parlé du refus de la France de participer à
la guerre américaine en Irak, mais on est resté très
discret sur le fait que les français sont intégrés
en Afghanistan à lopération américaine «
Enduring freedom », qui vise à lutter contre les talibans
et Al-Qaeda. Cest normal, cest lopération la
plus secrète de larmée française.
Le commando que jaccompagne a connu une première mésaventure
juste après son arrivée ici. Le capitaine de vaisseau
qui commande ce détachement a choisi de prendre le nom du crustacé
« homard » comme nom de guerre, ce qui a causé une
certaine confusion dans les services découtes américains
qui croyaient quil était question du Mollah Omar à
chaque fois quils entendaient le pseudonyme du capitaine !
Mais ça encore, cétait rien. Figurez-vous quun
des membres du commando a pris des photos de tout le monde en pleine
action, et même les 80 membres du groupe en train de poser comme
pour une photo de classe. Ils font tous ça, mais celui-là
a eu la bonne idée de vendre le tout à Paris-Match, qui
a publié ce reportage amateur sur 10 pages !
Ça a gueulé de partout, mais trop tard, le portrait des
commandos secrets est imprimé à des milliers dexemplaires
en France. Heureusement que, pour des questions de sécurité,
on a interdit aux journalistes daccompagner les militaires ici
!
Allez, je demande à un adjudant de me prendre en photo devant
une arme secrète , et je vous retrouve la semaine prochaine,
si tout va bien, en différé de quelque part dans le monde
entier. Je vous dis au-revoir.
10. BOUILLON
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, jai demandé à Pol de me conduire
à Bouillon, en Belgique, à une dizaine de kilomètres
de Sedan. Un coup de 4 voies, et hop on y est en moins de 2 heures !
Si vous passez par là, essayez déviter les excès,
car entre les frites, la bière et les galettes au riz, il y a
de quoi faire une indigestion. Surtout quil y a aussi le chocolat.
Dailleurs ; cest pour ça quon est venus !
Là, on est dans une boutique de chocolats belges, et je suis
en train de faire mon choix. Non, non, on nest pas venus ici préparer
les cadeaux de Noël, comme beaucoup de marnais le font. On est
venus pour des questions de santé !
Il y a quelques temps déjà, on avait appris que le chocolat
contenait une substance qui agit sur le cerveau de la même façon
que le principe actif du cannabis. Ça avait suscité pas
mal de rires idiots de la part de certains qui nachètent
pas que du chocolat en emballage alu ! Par la suite, il a été
prouvé que le chocolat peut aider à combattre les maladies
cardio-vasculaires. Super !
Mais le mois dernier, on en a appris une encore meilleure ! Selon une
étude scientifique menée par une équipe de lImperial
College de Londres, le chocolat serait plus efficace pour combattre
les toux persistantes que la codéïne, qui est jusquici
le meilleur antitussif connu, et le chocolat a en plus lavantage
de ne pas avoir deffet secondaire, alors que la codéïne
peut vous rendre somnolent !
Moi, tout lhiver je suis enrhumée, et je tousse à
longueur de soirées. Alors jai convaincu Pol de memmener,
et de moffrir une petite réserve de chocolat.
Voilà, jai fait mon choix. Y en a quelques kilos pour un
peu plus de 200 euros Hé, Pol, pourquoi tu tousses ? Bin oui,
et cest pas encore remboursé par la sécu
Bon, je commence à déguster tout ça, et je vous
retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
de quelque part dans le monde entier. Je vous dis au-revoir.
9. ALMERIA
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, je suis à Alméria en Espagne, une des grandes
régions de productions de fruits et de légumes du pays.
Quand je suis arrivée en voiture, jai cru que japprochais
du bord de la mer, mais non, létendue blanche que je voyais,
cétaient des serres, dans lesquelles sont produites les
tomates, les pêches, les clémentines quon trouve
sur les rayons de nos grandes surfaces. Et cest là que
je suis, dans une de ces immenses serres maraîchères.
Si vous passez par là, pensez à prendre un éventail
et une tenue légère, car cest tropical ici. Il ne
fait jamais très froid en Espagne, et avec le système
darrosage et la réverbération du soleil, cest
très chaud et très humide sous le plastique ! Ce que vous
ne savez pas quand vous achetez vos fruits et légumes espagnols
pas chers, cest que ceux qui les font pousser et les cueillent
sont pour la plupart des immigrés clandestins, du Maroc, de Tunisie
ou dAfrique Noire. La plupart sont très durement exploités
: ils travaillent beaucoup dans des conditions très dures, sont
mal payés et mal logés. Certains dorment même dans
les serres avec leur famille !
Il y a quelques mois, le gouvernement espagnol a annoncé un plan
de régularisation des immigrés sans-papiers. Des centaines
de milliers dentre eux devraient pouvoir bénéficier
dun permis de séjour, à condition dêtre
en Espagne depuis au moins 6 mois, et davoir un contrat de travail
dau moins 6 mois également.
Naïve comme je suis, jai dabord cru que le gouvernement
de gauche espagnol faisait ça avant tout pour protéger
les immigrés, pour leur donner le droit à la sécurité
sociale et une protection légale contre les employeurs exploiteurs.
Mais le fait que le plan a été concocté en accord
avec le patronat aurait dû me mettre la puce à loreille
! Car lobjectif de toute lopération est bien plus
économique quhumanitaire ! Les immigrés régularisés
vont être un peu mieux payés, certes, mais ils vont surtout
gagner le droit de cotiser pour la sécu et la retraite, ce qui
va aider à en réduire le déficit ! Et puis, le
gouvernement a promis de mettre le paquet pour expulser les immigrés
qui ne seront pas régularisés !
Bon, je reprends la route pour Torremolinos, pour aller constater que
les employés des usines à touristes ne sont pas mieux
traités que les cueilleurs de tomates. Et je vous retrouve la
semaine prochaine, si tout va bien, en différé de quelque
part dans le monde entier. Je vous dis au-revoir.
8. GREAT FINBOROUGH
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cest votre rubrique en différé dailleurs dans
le monde entier.
Cette semaine, il y a une chose qui est sûre, cest que Pol
aimerait bien être à ma place ! En effet, je suis à
Great Finborough, un tout petit village anglais, près de Stowmarket.
Cest dans le comté de Suffolk, à environ une centaine
de kilomètres au nord-est de Londres.
Si vous passez par là, vous avez intérêt à
aimer la musique, car je suis dans la pièce à disques
de John Peel, le célèbre présentateur de radio
anglais, qui est mort le mois dernier. Jai profité que
Mme Peel était partie en rendez-vous avec un certain Monsieur
Steed pour rentrer discrètement.
Il ny avait ni gardien ni système dalarme, et pourtant
les dizaines de milliers de disques qui se trouvent dans cette pièce
sont très convoités. Le corps de John Peel nétait
pas encore rapatrié du Pérou, où il est mort, quune
radio américaine proposait à la famille dacheter
le tout pour un million et demi deuros ! Du coup, la bibliothèque
nationale anglaise a aussi fait savoir quelle était intéressée
par cette discothèque
Il faut dire quon a ici un pan entier de lhistoire du rock.
Peel a commencé sa carrière aux USA au moment de la Beatlemania,
puis il a été un acteur clé du rock psychédélique
anglais (il avait même créé un label, Dandelion),
avant dêtre le parrain du punk et de tout le rock indépendant
des 30 dernières années. Je ne sais pas sil a gardé
absolument tous les disques quil a reçus dans sa vie, mais
il na pas dû en virer beaucoup depuis quil est entré
à la BBC en 1967 : il y en a partout : des 33 tours, des CDs,
des 45 tours. Rien quen regardant au hasard, jai vu un 45
tours de Syd Barrett, des albums de The Fall en pagaille, et même
plein de disques de reggae, beurk ! En plus, la plupart des disques
sont annotés de la main de John Peel.
Bon, je fouille encore un peu dans les 45 tours pour voir si je trouve
quelque chose qui ferait baver Pol denvie quand je lui raconterai,
et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
de quelque part dans le monde entier.
7. BEAVER, OKLAHOMA
Bonjour, cest Paulette Dodu, la grande sur de Pol.
Cette semaine, je suis dans lOklahoma dans la petite ville de
Beaver, population 3 000 habitants, à 300 kilomètres à
louest de la capitale de lEtat, Oklahoma City.
Ici on est dans la ville du Castor (cest ça que ça
veut dire Beaver), et surtout dans le territoire de la Cannelle. Mais
tous les ans, pour les fêtes du territoire de la cannelle, ce
nest pas un concours de tartes aux pommes quils organisent,
mais le championnat du monde de lancer de bouse de vaches !!
Alors, si vous passez par là, pensez à prendre des gants,
et un pince-nez tant que vous y êtes ! Ça vous sera utile
quand ce sera votre tour de lancer ces bouses de vaches séchées
et aplaties ! Quand on les voit en lair, cest à mi-chemin
entre un freesbee et une soucoupe volante
Dailleurs, il
faudra que je vérifie sur la carte, mais je me demande si on
nest pas tout près de Roswell ici. Ceci expliquerait peut-être
cela.
Le championnat de lancer de bouse a pas mal fait parler de lui cette
année, car il figurait en bonne place en photo dans les manifestations
présentées dans les 200 000 exemplaires de la brochure
touristique annuelle de lEtat de lOklahoma. Enfin, il y
figurait jusquà ce que les autorités décident
dun seul coup que ce nétait peut-être pas de
la bonne publicité. Elles ont détruit tous ces prospectus
et publié une nouvelle édition, mais moi javais
déjà réservé mon voyage
!
Bon, je vais continuer de pratiquer mon swing pour le concours de précision
du lancer de bouse, et je vous retrouve la semaine prochaine, si tout
va bien, en différé de quelque part dans le monde entier.
6. BOGOTA
Bonjour, cest Paulette Dodu au micro, la grande sur
de Pol. Pol est de plus en plus pris par ses activités, et je
trouve que je men sors très bien depuis quelques semaines,
pour le remplacer pour sa chronique. Bien mieux que lui, même
! Et je commence à me prendre au jeu. Alors cest décidé,
je mets les billets de voyage à mon nom, et je moccupe
désormais de notre rubrique en différé du monde
entier ! Pol est daccord, si si, je vous assure !
Cette semaine, je suis en Colombie, dans la cordillère des Andes.
Si vous passez par là, noubliez surtout pas votre parapluie
! Cest indispensable ici, pas tellement parce quil pleut
beaucoup, mais parce quil pleut du désherbant ! Je ne sais
pas si vous faites du jardinage, mais les modes demploi font peur
maintenant : dangereux, ne pas inhaler, utiliser des gants, rincer abondamment
en cas de contact avec la peau
Le masque à gaz nest
pas obligatoire, mais presque ! Ici, avec le soutien des américains,
le gouvernement colombien utilise des avions pour asperger les cultures
avec du « Round up », un défoliant censément
doux, mais dont on vient de réduire les dosages homologués
en France. Il est produit, comme par hasard, par la société
américaine Monsanto, dont on a beaucoup parlé à
propos des OGM. Bien sûr, officiellement, ces épandages
visent les cultures de coca et de pavot, qui servent à fabriquer
la cocaïne et lhéroïne. Mais bon, le désherbage
par avion, ce nest pas ce quil y a de plus précis,
et les champs, les jardins et les forêts des environs sont également
touchés. On nest pas étonné donc dapprendre
que les habitants souffrent de diarrhées, dirritations
cutanées, de problèmes respiratoires, voire de modifications
génétiques ! Et malheureusement, la justice bolivienne
a estimé que ces effets néfastes ne justifiaient pas un
arrêt de cette guerre aérienne contre la drogue
Moi, je ne suis pas mécontente davoir apporté avec
moi un de ces capuchons en plastique quon peut mettre dans sa
poche. Mais je ne suis pas sûre que cest à cause
de ce capuchon que le patron du café où je me suis arrêtée
ma regardée avec un drôle dair quand je lui
ai commandé un coca tout à lheure !
Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
de quelque part dans le monde entier.
5. PARIS, 18e ARRONDISSEMENT
Bonjour, cest Paulette Dodu au micro, la grande sur
de Pol Dodu, pour notre rubrique en différé du monde entier.
Pol aurait dû reprendre sa rubrique cette semaine, mais il est
encore patraque ! Alors, me revoilà sur la route, mais je ne
suis pas allée très loin cette semaine, puisque je suis
dans le 18e arrondissement à Paris, dans une chambre de bonne,
au 6e étage dun immeuble typiquement parisien. Si vous
passez par là, je ne peux que vous conseiller de vous entraîner
et déconomiser votre souffle, car il ny a évidemment
pas dascenseur, et six étages ça épuise.
Je suis là, dans cet appartement en sous-pente, avec une lucarne
qui donne sur un toit et une gouttière qui est avant tout une
baignoire à pigeons, car cest ici qua été
enregistré « La maison de mon rêve », le premier
album de CocoRosie.
CocoRosie, leur histoire est presque trop belle pour quon arrive
à y croire complètement. Deux surs américaines,
Bianca et Sierra Cassidy, lune chanteuse dopéra,
lautre qui compose des chansons. Elles se retrouvent à
Paris après sêtre perdues de vue un moment, et enregistrent
en quelques mois cet album, un OVNI sonore comme nos oreilles en rencontrent
peu souvent. Des chansonnettes, avec un petit peu de guitare, des voix
qui semblent sorties dun vieux 78 tours, des bruitages bizarres,
le chant dun coq
Pol, qui sy connaît, me dit
quau cours des décennies, il ny en a pas eu beaucoup
des disques intemporels comme ça. Il ma parlé des
Young Marble Giants, de Karen Dalton, du « Rock Botttom »
de Robert Wyatt, ou de certains Tom Waits. Tout ça, ça
me passe un petit peu par-dessus la tête. Par contre, je peux
vous dire quon voit bien le Sacré Cur dici,
et quon peut faire de bonnes affaires à Barbes pas loin.
Pour conclure, je vous dirais que cet appart, cest pas du tout
la maison de mon rêve, mais le disque de CocoRosie, lui, cest
un disque rêvé. Dailleurs, on va vous en passer un
petit bout pour que vous vous fassiez une idée. Et on se retrouve
la semaine prochaine, en différé de quelque part dans
le monde entier.
4. HAWAII
Bonjour. Cest Paulette Dodu au micro, la grande soeur
de Pol. Il est désolé, mais il a pris froid cette semaine,
alors il ne peut pas assurer « Si vous passez par là »,
sa chronique en différé du monde entier. Cest pas
étonnant, à voyager dun pays à un autre pour
cette chronique. Maman lui avait pourtant bien dit de mettre une écharpe
dans lavion, à cause de la climatisation.
Du coup, cest moi qui le remplace cette semaine. Ça me
fait prendre un peu de vacances, comme ça, car jai pas
souvent les moyens de men payer. Donc, Pol ma dit daller
aux Etats-Unis, pour vous parler des élections présidentielles
américaines. Alors, ça y est, je suis à Hawaï
!!! Oui, je sais, cest pas lEtat auquel on pense en premier
quand on parle de lAmérique, mais jai regardé
dans le Quid, et cest bien un Etat américain, le 50e. La
Floride sera plus décisive dans lélection, mais
il y a un peu trop de cyclones à mon goût là-bas,
alors quici, au moins, jétais à peu près
sûre davoir du beau temps au mois doctobre
Et
puis, sous Bush fils, lAmérique donne avant tout dans le
guerrier, mais à Hawaii je suis aux Etats-Unis, mais dans le
Pacifique quand même ! Ces élections, de toutes façons,
elles sont jouées davance : jai entendu à
la télé que 83 % des français soutiennent monsieur
John Kerry, donc pas de suspense. Même si en 2002, 81 % des français
étaient contre Chirac, au bout du compte il a été
élu avec 82 % des voix pour lui !
Vous savez, ici les maitres-nageurs et les barmen sont très mignons
et très aimables avec les jeunes femmes comme moi, mêmes
celles qui ne sont pas millionnaires
Et puis, Bush et Kerry, on
sait bien que cest chrétien blanc et blanc chrétien
! Allez, sur ce, je vais me commander un autre daïquiri, et aller
le siroter sous un palmier. Car mine de rien, il va pas être long
ce séjour à Hawaï, et je compte bien en profiter
!
Vous retrouverez Pol la semaine prochaine, si tout va bien, en différé
de quelque part dans le monde entier, pour sa nouvelle chronique. Je
vous dis au-revoir.
3. DARTMOOR
Bonjour à tous,
Pol Dodu au micro pour « Si vous passez par là »,
la chronique en différé de quelque part dans le monde
entier, que vous retrouvez chaque semaine sur La Radio Primitive.
Cette semaine, je suis sous les arbres, dans le Parc national de Dartmoor,
région du Devon dans le sud-ouest de lAngleterre. Il fait
beau pour la saison. Le seul problème, cest que le vent
a emporté mon parapluie et que du coup leau va bientôt
déborder dans mes bottes.
Si je suis ici, cest pour enquêter sur un phénomène
qui se développe dans les parcs naturels anglais, et qui a récemment
été évoqué lors de la conférence
annuelle des ingénieurs des eaux et forêts. Ce phénomène,
qui pose actuellement plus de problèmes dans les parcs anglais
que le vandalisme ou les décharges sauvages, cest le «
dogging », autrement dit une mode qui consiste à faire
lamour en public, comme des chiens.
Apparemment, ce phénomène pas encore signalé
en France à ma connaissance a bénéficié
pour se développer de la vogue des forums internet et des SMS.
Plus de 20,000 utilisateurs seraient inscrits sur les sites de «
dogging » pour se donner des rendez-vous. Ce sont à la
fois des participants actifs, pour des prestations qui vont du calin
dans la voiture à la partouze sur la table de pique-nique, et
des voyeurs, souvent équipés dappareils photos et
de caméscopes.
On est bien loin des traditionnels couples damoureux, qui se faisaient
parfois surprendre dans les bois, dautant plus que la prostitution,
le chantage et le vol à la tire se développent autour
des lieux où le dogging se pratique. Doù les inquiétudes
des gardes-champêtres
Quant à moi, atchoum, je commence à me demander si les
trois étudiantes qui mont promis de passer un moment agréable
avec elles dans ce parc, à condition que je vienne les y rejoindre
nu sous mon imperméable, je me demande donc si elles ne se sont
pas un peu moquées de moi ! A moins quelles ne soient cachées
pas loin dici, en train de me filmer !
On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle chronique, en
différé de quelque part dans le monde entier. Salut.
2. LYON
Bonjour à tous,
Pol Dodu au micro pour « Si vous passez par là »,
une chronique en différé de quelque part dans le monde
entier, que vous allez prendre lhabitude de retrouver chaque semaine,
si tout va bien, sur La Radio Primitive.
Cette semaine, je suis à Lyon, la capitale des Gaules, où
vient de se tenir la biennale de la danse. On a assez de mal à
imaginer des gaulois faisant des pointes en tutu, rose ou pas, mais
des canuts tous nus sur une scène, ça serait pas trop
surprenant, tant la nudité est devenue une figure obligée
des chorégraphies contemporaines.
Biennale de la danse, donc, mais il y a au moins un lyonnais pour qui
lheure est plutôt au bimestre de la contredanse ! Ce gars,
cest un SDF handicapé, qui a la mauvaise habitude de prendre
régulièrement le métro, sans payer, pour se rendre
dans les locaux dune association caritative. Laspect positif
de la chose, cest quon constate que le métro lyonnais
est accessible aux handicapés. Mais bien sûr, et cest
laspect négatif, le sans-logis se fait très souvent
contrôler et a pris 34 PV damendes. Et comme en plus il
revendique sa fraude, plutôt que de sexcuser platement,
il sest récemment retrouvé devant un tribunal, qui
la condamné à deux mois de prison, sur la foi dun
nouveau délit qui fait partie depuis peu de notre arsenal juridique
!
On sait que cest un signe positif dévolution de la
société quand, comme cest le cas en France depuis
longtemps, on supprime la prison pour dette, mais au bout du compte,
cest quand même bien à ça que ce monsieur
a été condamné. Cest dautant plus absurde
que les villes souhaitent favoriser les transports en communs, on en
parlait justement la semaine dernière à Nantes, et que,
à défaut de la gratuité pour tous, qui nest
pas si utopique que ça pourtant, notre lyonnais aurait sûrement
bénéficié du transport gratuit dans de nombreuses
villes, et à double titre encore !, comme personne à faible
revenu et comme handicapé !
On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle chronique en différé
de quelque part dans le monde entier. Salut.
1. NANTES
Bonjour à tous, Pol Dodu au micro pour une nouvelle chronique,
« Si vous passez par là », que vous retrouverez désormais chaque semaine,
si tout va bien, sur La Radio Primitive.
Chaque semaine donc, je serai en différé du monde entier,
et je vous conterai mes aventures dans l’actualité mondiale. Cette semaine,
je suis à Nantes, une ville à la mode, vous en avez sûrement entendu
parler, qui figure depuis quelques temps en tête de tous les classements
des villes les plus agréables à vivre, ou les plus dynamiques. Bon,
il y a une chose qui est certaine, c’est que tous les journalistes qui
rédigent des dossiers, des articles ou des enquêtes sur la métropole
atlantique devenue la reine de la qualité de la vie n’ont jamais essayé
de circuler en voiture, le matin ou le soir, en pleine heure de pointe,
pris dans des bouchons interminables sur les ponts qui traversent la
Loire. Pourtant, tout est fait ici pour favoriser les transports en
commun et les trajets à pied ou à vélo, mais, les enquêtes le prouvent,
la part de la voiture dans les déplacements ne baisse pas… Ici, la «
Journée européenne sans voitures » était transformée en « Semaine de
la mobilité » et le jour dit, en plein milieu de semaine, le centre-ville
était effectivement interdit aux voitures, et des animations et des
opérations de sensibilisation étaient organisées.
C’était pas tout à fait le cas à Reims où, j’ai été tout surpris d’entendre
l’adjointe au maire Mme Mobuchon l’expliquer, on a décidé d’organiser
la journée sans voiture un dimanche, afin de ne pas déranger les gens
qui travaillent en centre-ville, les commerçants et les parents qui
doivent emmener leurs enfants à l’école ! Mais Madame Mobuchon, soit
on vous a mal expliqué la chose, soit vous n’avez pas compris, car le
but de la journée sans voiture, c’était justement de déranger les habitudes,
et éventuellement d’amener les gens à réfléchir et à envisager des solutions
alternatives pour leurs déplacements quotidiens ! Enfin, au moins l’intention
était bonne… Bon, c’est pas le tout, mais moi, maintenant que la journée
sans voiture est passée, je vais remonter dans mon 4x4, et reprendre
ma route. Et on se retrouve la semaine prochaine, en différé de quelque
part dans le monde entier, pour une nouvelle chronique. Salut.
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