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LEWIS FUREY

16 février 2008
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LEWIS FUREY : "Lewis is crazy "

Lewis Furey "Lewis is crazy" / "What a sad summer" (Gamma, 7", 1972)Lewis Furey "Lewis is crazy" / "What a sad summer" (Gamma, 7", 1972)
(Gamma Records, GA-5042, 45t, 1972)
Tous les titres sont écrits par Lewis Furey
© 1972 Lewis Furey

Parfois, la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées...
Lorsque que j'ai publié sur ce site mon article sur Lewis Furey, j'ai eu bien sûr quelques "retours" de lecteurs du web. L'un des plus intéressants est venu en 2001 de Leslie Radowill, un fan américain de Lewis et Carole, qui m'a gentiment demandé si je pouvais traduire ce long article en anglais. Il m'a également proposé de m'envoyer des copies d'articles de presse américains sur Lewis qu'il conservait...
J'ai commencé la traduction, et je ne l'ai jamais finie (désolé Leslie et les anglophones !). Par contre, j'ai bien reçu les documents de Leslie. Une véritable mine, puisqu'ils datent tous de l'époque des deux premiers albums, une époque pour laquelle je dispose de très peu de documentation.

Dans l'enveloppe, j'ai trouvé notamment le dossier de presse original du label A&M pour la sortie américaine du premier album (lire ici les commentaires de Lewis sur les chansons du premier album extraits de ce dossier), un article de Peter Lester paru dans l'"Interview" d'Andy Warhol à l'époque du premier album, et plusieurs extraits très intéressants du magazine new-yorkais "After dark". Ce n'est pas très étonnant que"After dark" ait rendu compte régulièrement des activités de Lewis Furey car, à plusieurs reprises de 1972 à 1975, Bill Como, le rédacteur en chef d' "After dark", a publié des poèmes de Lewis Furey, comme "Sugar's suicidal trance" et "Rusty's swan song". En 1973, c'est une interview de l'actrice Carol Kane - ils ont fréquenté à un moment le même établissement de formation artistique - par Lewis Furey qu' "After dark" publie (lire cette interview).

C'est dans un article de deux pages publié par "After dark" en avril 1977 à l'occasion de la sortie de l'album "The humours of Lewis Furey" que j'ai trouvé le plus d'informations intéressantes sur les débuts de la carrière de Lewis.
Apparemment, Lewis a été découvert à Montreal par Frazier Mohawk, une légende inconnue du rock (allez lire sa bio), qui l'a accompagné à la batterie pour son tout premier concert "rock", dans un grand magasin de la ville. Il a ensuite été signé par Gamma Records (un label connu pour ses productions de chanson québécoise), qui aurait sorti CINQ SINGLES de Lewis Furey entre 1972 et 1975, produits par John Lissauer, avec des choeurs de Manhattan Transfer (avec qui John Lissauer a travaillé par ailleurs, et dont la chanteuse Erin Dickens, qu'on retrouve sur plusieurs disques de Lewis Furey, fut membre fondatrice). C'est après avoir entendu ces disques que le manager Barry Krost aurait fait le déplacement à Montréal pour voir Lewis Furey jouer et le signer chez A&M. On apprend par ailleurs dans l'article que Lewis, Leonard Cohen et le poète-romancier Barrie Wexler avaient fondé en 1972 une société poétique qui se réunissait chaque semaine pour confronter leurs sonnets écrits sur des thèmes donnés.

Il va de soi que l'existence éventuelle de cinq 45 tours de Lewis Furey, sortis au Canada avant le premier album, m'a rendu tout fébrile. Ces disques ont d'ailleurs aussitôt pris la tête de ma liste mentale des disques que je recherche le plus. A tout hasard, j'ai indiqué sur ce site que je les recherchais, et j'ai un mis un message en ce sens sur le forum du site officiel de Lewis Furey. En visitant à nouveau ce forum début 2003, j'y trouve un message 'un certain Bill disant qu'il possède un single de Lewis Furey sur Gamma de 1972, "Lewis is crazy" / "What a sad summer". Aussitôt, je lui réponds que je suis intéressé par des précisions, voire une copie de ce disque.

Grosse surprise quelques semaines plus tard : je reçois un email de M. John Lissauer, le producteur de Lewis Furey, donc, de Leonard Cohen et de bien d'autres, qui me dit qu'il a peut-être une copie du premier single de Lewis, et qu'il a apprécié mon article sur Lewis Furey !!! Deux semaines plus tard, autre email de John Lissauer : il a retrouvé trois exemplaires du single "Lewis is crazy", et il se propose de m'en offrir un. Parfois, la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées...

Encore quelques jours d'attente fiévreuse, à imaginer le pire (le 45 tours arrive cassé...), et je reçois l'objet tant attendu. Un objet oui, un 45 tours à la pochette en carton orange très épais, imprimée en noir et blanc. Au recto, quelque chose qui se présente comme le dossier d'un malade de l'hôpital psychiatrique Gray Cross. Le "patient" est un Lewis Furey très juvénile, vue la photo d'identité présentée, et le diagnostic est évidemment que "Lewis is crazy" !! Au dos, les paroles de la chanson, et un petit laïus ("Une chanson très originale par un nouveau talent canadien important"), qui pourrait donner à penser qu'on a affaire ici plutôt à un single promotionnel qu'à un disque vendu dans le commerce.

C'est très cérémonialement que j'ai placé le disque sur ma platine. La version de "Lewis is crazy" jouée ici, de 1972, est bien entendu différente de celle de l'album de 1975, mais pas tant que ça. Il n'y a pas de crédits pour les musiciens, mais le producteur est le même, et les arrangements sont proches de ceux de l'album. Mais la chanson commence et finit au piano, avec un couplet qu'on ne trouve pas dans la version de l'album. Les choeurs sont différents. Le banjo est moins présent dans le mixage, et Lewis s'adresse directement à celle qui l'a quitté ("When you left me for Billy") alors qu'il parle d'elle à la troisième personne dans la version de l'album.
Dans le couplet inédit, il est question d'un vieux basson. Ça m'a rappelé quelque chose, et j'ai sorti le premier album de Carole Laure, "Alibis", pour réécouter "Tout le monde dit", la reprise en français de "Lewis is crazy". Et là, surprise : le couplet figure dans cette version, traduit assez fidèlement par Dominique Issermann ("Dans ma maison toute craquelée (...) je prends mon vieux basson pour jouer cette triste symphonie"). Les arrangements sont très proches de ceux du single, ce qui n'est pas très surprenant, puisqu'ils sont signés John Lissauer, et que les musiciens sont les mêmes que sur la version de 1975 (y compris le bassiste Jon Miller, qui n'est présent que sur cette seule chanson d'"Alibis"). Mais cela signifie en tout cas qu'au moment d'enregistrer "Alibis" en 1979, c'est à partir de la version originale de la chanson que la traduction a été faite, pas à partir de la version de l'album.

Après cette première écoute, j'ai repris mon souffle, retourné le disque, et je me suis concentré pour écouter pour la première fois une chanson absolument inconnue d'avant le premier album. Sauf que, et je n'arrive pas à savoir si je suis un peu déçu ou pas, sauf que "What a sad summer" ne m'était pas du tout inconnue, puisqu'il s'agit tout simplement de l'une des chansons les plus marquantes de Lewis, "Louise" !!
Là encore, la version est différente, mais relativement proche de celle de l'album. L'ambiance est peut-être un peu plus dramatique ; la voix de femme ne semble pas être la même, il y a plus de choeurs et la fin est un peu plus longue, avec des répétitions "Louise... the name". L'expression "What a sad summer" est dite par Lewis au moment où la femme parle. Cette phrase ne figure pas dans la version de l'album, mais là encore j'aurais dû ne pas être trop surpris (et j'aurais pu deviner que "What a sad summer" était la même chanson que "Louise") puisque, dans le seul autre enregistrement disponible de "Louise", sur l'enregistrement en public au Théâtre de la Porte Saint-Martin en 1982, Lewis prononce bien cette phrase...

Au bout du compte, l'association de ces deux chansons est intéressante. On a l'impression qu'il pourrait s'agir de la même histoire d'amour dans les deux cas (et Lewis a expliqué lui-même que "Louise" était à propos de son premier amour). Je ne peux que remercier une fois de plus John Lissauer pour ce magnifique cadeau, et comme parfois la vie peut donner l'impression de se vivre un peu comme un conte de fées, je continue à rêver aux quatre autres singles Gamma (qui en fait n'existent pas, comme me l'a confirmé John Lissauer : 5 chansons avaient été enregistrées lors de la session qui a produit le single "Lewis si crazy", mais aucun autre disque n'est sorti sur Gamma), à la cassette vidéo de "L'Ange et la femme", aux BO inédites de Lewis Furey, dont "Jacob Two-Two and the hooded fang", etc, etc.


Lewis is crazy

i live in a house of ruin
i got no one to comfort me
i play upon my old bassoon
this sad symphony
there are no surprises anymore
no no surprises anymore
not anymore, not anymore

when you left me for billy
did you think i was silly
when i chased you all around town
i didn't give a damn
who was hanging around
saying lewis is crazy

well everybody's saying lewis is crazy
crazy crazy crazy yea
lewis is crazy
crazy crazy crazy crazy yea

sure sure billy's pretty
he's the only cowboy in the city
never really seemed to matter
that his mind was in tatters
you shot me down

maybe it's the way
that he's patterned his lonely days
after my smiles
but when i call him
says i want to ball him
girls he's a sucker to my wiles

when you left me for billy
did you think i was silly
well anyplace i would take you
and anywhere i'd make you
mine... lewis is crazy

well everybody's saying lewis is crazy
crazy crazy crazy yea
lewis is crazy
crazy crazy crazy crazy yea

so here you find me in a house of ruin
with no one to comfort me
i play upon my old bassoon
this sad symphony
there are no surprises anymore
no no surprises anymore


What a sad summer

louise
the name
i feel the blade in my back
how come everyone
talks 'bout the girl
who left my heart a mess of tracks

i love her
yea i love her
it's all of my life
and everybody's known her known
known what's all of my life

one fine morning
i found out she was gone
we'd never had a fight
she told me i was learning
things that were wrong
do you think she had the right

sure i taught him things he never
should have known
what a sad summer
if i could change what's been done
he'd never left home
i wish i never had a lover
like louise
the name
why must i hear that name
everyone's
talking about the girl
i feel her fame is my shame

i loved her
yea i loved her loved her
love was all of my life
and everybody's known her known
known what's all of my life

one fine morning
i found out she was gone
we'd never had a fight
she told me i was learning
things that were wrong
do you think she had the right

bien sûr je t'ai appris
des choses qu'il ne fallait
jamais que t'apprennes
what a sad summer
si je pouvais changer
ce qui est fait tu n'aurais jamais
jamais jamais quitté ta maman
i wish i never had a lover
louise, aah
louise, louise, aah,
louise, louise, the name
i wish i never had a lover
louise, louise,
louise, louise,
louise,the name

 


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