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11 mars 2006
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LES ROBOTS-MUSIC "Ils jouent des succès de Kraftwerk", Vivonzeureux! Records, 2005

Il y avait une fois un français ingénieur-électricien, excellent musicien, prisonnier de guerre dans un camp allemand. Cet ingénieur, pour meubler les temps de loisirs que lui laissait sa captivité, imagina de monter un orchestre... "les ROBOTS-MUSIC".
Le temps passa. La guerre terminée, il composa l'orchestre le plus original du monde. Chacun de ses membres était un robot.
L'orchestre des "ROBOTS-MUSIC" se compose de trois musiciens : un ACCORDEONISTE... un SAXOPHONISTE... et un BATTEUR qui peuvent exécuter un nombre illimité d'airs les plus variés sur leurs instruments "authentiques".
Leur fonctionnement est obtenu avec l'aide d'un cerveau électronique optique... la lecture se fait par lampe photocellule électrique et la perforation... le déclanchement des doigts sur leurs instruments se fait par relais et électro aimants de 24 volts continus.
Les ROBOTS-MUSICIENS ont été améliorés par l'application des découvertes techniques les plus récentes. Ils ont été réalisés sous la Direction de Monsieur DIOMGAR, qui s'est assuré le concours de Monsieur Didier JOUAS-POUTREL, ingénieur.

(texte figurant au dos des quatre 33 tours de la collection éditée par les Disques COBRA dans les années 1970, vendus lors des représentations des ROBOTS-MUSIC)

"ROBOTS-MUSIC"
Attraction sensationnelle de l'Exposition itinérante de la F.N.C.P.G. (Fédération Nationale des Combattants et Prisonniers de Guerre)
L'orchestre robot à télécommande intégrale est composé de trois musiciens qui exécutent eux-mêmes sur leurs instruments les partitions les plus variées, transmises par leur cerveau électronique. Tous leurs mouvements sont automatiquement synchronisés. Accordéoniste : 68 notes ; saxophoniste : 48 notes dont 3 octaves ; batteur : tous les mouvements possibles et imaginables. Plusieurs années ont été nécessaires pour assurer la mise au point parfaite que vous avez admirée et que cette photo vous rappellera.

(texte figurant au dos d'une carte postale vendue au profit de la F.N.C.P.G. lors d'une prestation des "ROBOTS-MUSIC" à la foire-exposition de Châlons-sur-Marne, à la fin années 1960 ou au début des années 1970)

Vous vous souvenez d'avoir assisté à une prestation des Robots-Music ? Même si vous n'êtes pas un membre de Kraftwerk, écrivez-nous. Nous publierons des extraits de témoignages dans un livre d'or...

LES ROBOTS-MUSIC : Ils jouent des succès de Kraftwerk
collection : "Not available"
ref : not available 010

date de sortie : 23 juin 2005

1 Les robots (Die Roboter)

(Hütter — Hütter, Schneider, Bartos)

2 Boing boom tschak

(Hütter, Schneider, Bartos)

3 Métal sur métal (Metall auf Metall)

(Hütter)

4 Mini calculateur (Taschenrechner)

(Schmitt, Hütter, Schult — Hütter, Bartos)

5 Twist boogie twist robots (Kraftwerk remix)

(E. R. Diomgar)

Personnel :
Oscar (Accordéoniste) : 1,90 m, 175 kg. 68 notes, dont 24 basses. En plus, il fume...
Ernest (Saxophoniste) : 1,90 m, 225 kg. 48 notes, dont 3 octaves. Souffle, se lève, salue...
Anatole (Batteur) : 1,75 m, 180 kg. 6 instruments. Parle et chante...

Crédits :
Robots créés sous la direction d'E. R. Diomgar, avec le concours de Didier Jouas-Poutrel, ingénieur.
Restauration, révision, huilage et programmation des robots grâce au concours financier et sous la supervision de Kraftwerk.
Arrangement musical et enregistrement à Goussainville (Val d'Oise) par Kraftwerk avec le studio Klingklang Mobile, 2002-2003, sauf le titre 5 : arrangement musical et enregistrement par E. R. Diomgar, remixé par Kraftwerk.


1er juin 2005 à l'Hammerstein Ballroom de New-York. Le rideau se baisse à la fin du concert sur les quatre membres de Kraftwerk. Après quelques minutes d'applaudissements et de sifflements, le rideau se lève à nouveau pour le rappel, mais les musiciens ne sont pas sur scène. Ils ont été remplacés par des robots à leur effigie, qui interprètent la chanson "The robots" en étant bien plus démonstratifs que le groupe lui-même pendant sa prestation. Le public new-yorkais apprécie et le montre au moins autant que s'il avait le groupe face à lui pour ce rappel. Mais ce que la plupart des fans présents ce soir-là ne savent pas, c'est que c'est un groupe français fondé dans les années 1960 qui a inspiré à Kraftwerk cette idée de robots musicaux se produisant en public...

Ça se passe au début des années 1970. Ralf Hütter et Florian Schneider sont de jeunes musiciens plutôt chevelus, membres d’un groupe de Düsseldorf qui s’apprête à sortir son deuxième album sous le nom de Kraftwerk. Leur audience est encore limitée, et ils vivent encore difficilement de leur musique. Sachant cela, et connaissant leur passion pour le cyclisme, leur producteur Conny Plank, de Cologne, leur signale l’annonce d’un club sportif voisin de Neuss-am-Rhein, qui cherche des accompagnateurs pour un groupe de jeunes qui doit se rendre en France pour un échange sportif dans le cadre d’un jumelage.
C’est ainsi que Ralf et Florian se sont retrouvés à la fin du mois d’août à Châlons-sur-Marne, à l’invitation de la Pédale Châlonnaise, à accompagner de jeunes cyclistes sur les routes plates et sans arbres de la Champagne crayeuse, et sur celles un peu plus vallonnées du vignoble de la Montagne de Reims.
Les distractions dans une petite préfecture de province ne sont pas légion, et c’est donc sans surprise que les deux membres de Kraftwerk se sont retrouvés un soir à arpenter les allées de la foire-exposition de Châlons avec leurs jeunes protégés. Ils ont eu droit à tout : les aventures dans les engins militaires présentés par le régiment d’artillerie, les petites voitures du circuit de la Prévention Routière, les énormes modèles récents de moissonneuses-batteuses présentés aux agriculteurs de la région, le hall gastronomique avec ses vins et ses spécialités culinaires, de la tartine au fromage au saucisson de montagne, et même la célèbre choucroute de la brasserie alsacienne !
L'intérêt des musiciens pour les attractions n’étaient évidemment pas les mêmes que ceux des jeunes sportifs, mais il y a au moins un stand devant lequel tous sont tombés en arrêt, c’est celui des Robots-Music, présenté dans le cadre de l’exposition itinérante de la Fédération nationale des combattants et prisonniers de guerre (voir la présentation des Robots-Music par leur créateur ci-dessus). Les machines de M. Diomgar ne pouvaient que fasciner les deux jeunes allemands. Voilà de jeunes musiciens de formation classique (Florian est à l’origine un flûtiste), qui s’étaient mis depuis quelques années à utiliser des instruments électroniques au fur et à mesure de leur développement (synthétiseur, séquenceur, boite à rythmes, vocoder), en les inventant et en les fabriquant eux-mêmes au besoin. Et ils se retrouvaient face à un renversement total de la relation homme-machine telle qu’ils la concevaient, puisqu’avec les Robots-Music, ce sont les machines qui utilisaient des instruments prévus à l’origine pour les humains. La grosse différence entre les spectacles de Kraftwerk où ils manipulaient des machines, et ceux des Robots-Music, c’est que la prestation des Robots-Music était à 100% cybernétique : une fois la machine construite et programmée, la prestation pouvait complètement se passer d’intervention humaine. Certes, du « Plaisir d'amour » à « Rock around the clock », le répertoire des Robots-Music n’était peut-être pas tout à fait du goût de Ralf et Florian, mais le spectacle les a fascinés au point qu’ils ont assisté deux fois de suite à la prestation (ils ont dû courir ensuite après les cyclistes dont ils avaient la charge, dispersés entre les chars du 40e R.A. et le concert de Michel Sardou !). Ils se sont même procurés à la fin un des disques de la collection «Les Robots-Music», édité par le label Cobra, et une carte postale souvenir. Cette prestation des Robots-Music a profondément impressionné les deux musiciens de Kraftwerk, et a alimenté durablement leurs conversations et leurs réflexions, sans que cela soit apparent dans un premier temps.

Au fil des années, ils ont affiné leur concept de musique électronique, développé de nouveaux instruments (dont certains brevetés par eux), et finalement rencontré le succès avec la parution en 1974 de leur quatrième album, « Autobahn », dont le principal thème était la civilisation de l’automobile. Un succès amplifié en 1975 avec le succès mondial du single « Radio-activity », extrait de l’album du même titre, qui traitait justement de la radioactivité et de la radiophonie. En 1977, une certaine idée nostalgique de l’Europe et des voyages en train fut mise à l’honneur de l’album «Trans Europe Express».
C’est en 1978 que Kraftwerk sort finalement un disque qui fait presque explicitement référence au choc que leur avait causé le concert des Robots-Music. Cet album explore les relations de l’homme et de la machine dans la ville moderne. Ce n’est pas un hasard s’il s’ouvre par une chanson intitulée « The robots », premier single extrait du disque, pour se clore avec la chanson-titre « The man machine ». En entendant les paroles de « The robots » (« We are programmed just to do anything you want us to, We are the robots, We're functioning automatic and we are dancing mechanic, We are the robots »), on ne peut que penser à l’accordéoniste Oscar fumant, au saxophoniste Ernest se levant et saluant, et au batteur Anatole chantant ! Même si elle n’a jamais été expressément revendiquée, l’influence des Robots-Music sur le Kraftwerk de « The Man-Machine » est d’autant plus évidente que c'est dès cette époque que les membres du groupe ont présenté des robots à leur effigie, en expliquant à la presse que leur rêve, à terme, serait que les robots puissent partir en tournée mondiale à leur place, pendant qu’ils resteraient à travailler dans leur studio Klingklang ! On n’en est pas encore là en 2005, mais quand même : depuis 1981, on a vu les robots apparaître sur scène avec Kraftwerk pour la chanson « The robots », et depuis 1991, comme c'est le cas en ce moment avec la tournée 2005, cette chanson est souvent jouée par les robots seuls sur scène, hors de la présence des membres du groupe.

En septembre 2002, Kraftwerk a donné une série de trois concerts très remarqués à la Cité de la musique où le tout-Paris s’est bousculé. Les robots de Kraftwerk ne sont pas apparus sur scène à cette occasion, et les Robots-Music ne figuraient pas dans l’exposition sur les machines musicales qui était présentée autour de l’auditorium, mais les créations d’ E.R. Diomgar étaient toujours présentes dans l’esprit de Ralf et Florian, puisqu’au lendemain de ces concerts, ils ont enfourché leur bicyclette, sont sortis de Paris en utilisant l’agréable itinéraire aménagé du Canal de l’Ourcq, qui passe juste derrière la Cité de la Musique, et se sont rendus à une petite trentaine de kilomètres de là, à Goussainville, dans le Val d’Oise, à l’adresse qui figurait au dos des disques des Robots-Music.
Des contacts avaient été pris au préalable pour localiser l’entrepôt dans lequel Oscar, Ernest et Anatole étaient remisés depuis plusieurs années, et cette visite a permis aux membres de Kraftwerk de revoir les robots, près de trente ans après leur séjour en Champagne, et surtout de prendre les dispositions pour financer et organiser leur remise en état, sous la houlette d’un technicien de leurs amis. Il s’agissait d’une tâche particulièrement difficile, qui a pris de longs mois, les trois robots étant constitués de vérins, de pistons, de condensateurs, de circuits imprimés, de lampes fabriqués à l’origine dans les années 1950 et 1960, qu’il a fallu graisser et réparer, souvent en écumant les marchés aux puces pour trouver des pièces de rechange.
Une fois ce travail effectué, dans la discrétion qui caractérise la plupart des activités de Kraftwerk, Ralf Hütter et Florian Schneider se sont rendus une nouvelle fois à Goussainville, accompagnés de leur studio d’enregistrement mobile, cette fois-ci pour un travail d’une toute autre nature : ils ont tenté de reconstituer les méthodes de programmation des robots de M. Diomgar, transcrit les arrangements de quatre de leurs chansons pour batterie, saxophone et accordéon (ce qui n’est pas impossible : le Balanescu Quartet s’est livré à ce genre d’exercice il y a plus de dix ans) et procédé à l’enregistrement de ces morceaux pour ce disque des Robots-Music que nous sommes heureux de vous proposer aujourd’hui.
Le choix des chansons dans le répertoire de Kraftwerk rend d’ailleurs bien compte de l’impact qu’ont eu les Robots-Music sur Kraftwerk : ils ont choisi de réenregistrer « Les robots », bien sûr, mais aussi « Boing boom tschak » de l’album « Electric café » et « Métal sur métal » de « Trans Europe Express », qu’on croirait écrits pour les Robots-Music, ainsi que la version française de « Pocket calculator », qui permet à Anatole de montrer qu’il n’a rien perdu de sa voix avec les années.
Nous avons ajouté un titre-bonus à ces quatre reprises de Kraftwerk par les Robots-Music, le remix par Kraftwerk de «Twist boogie twist robots », l’un des deux seuls titres originaux figurant sur les albums des Robots-Music (l’autre étant « Le rock-des-robots »). Avec ce disque, Kraftwerk rend un hommage appuyé à l’une de ses inspirations majeures. Alors que le groupe est redevenu très actif publiquement (album « Tour de France soundtracks », tournée mondiale, album live «Minimum-Maximum»), nombre des fans du groupe, anciens et nouveaux, seront heureux de faire la connaissance des Robots-Music.

Pol Dodu, juin 2005.

Vous vous souvenez d'avoir assisté à une prestation des Robots-Music ? Même si vous n'êtes pas un membre de Kraftwerk, écrivez-nous. Nous publierons des extraits de témoignages dans un livre d'or...

Pour en savoir plus sur Kraftwerk :
www.kraftwerk.com (le site officiel)
perso.wanadoo.fr/kraftwerkonline (site en français, très complet)
www.kraftwerkfaq.com (la foire aux questions)
http://en.wikipedia.org/wiki/Kraftwerk (un panorama de l'histoire de Kraftwerk)
http://www.shout.ru/exclusives/kraftwerk_press_020604_4_e.htm (Kraftwerk en conférence de presse à Moscou avec ses robots)