Je parlerai même sans la présence de mon avocat

ARRÊTEZ-MOI (PAS) SI JE RADOTE ENCORE !

Il s'agit dans cette rubrique de vous parler de chansons qui, pour une raison ou pour une autre, sont difficiles à se procurer actuellement.
Pour illustrer le propos, j'essaierai de vous proposer à chaque fois un extrait du titre en question, en respectant au maximum les droits des artistes et éditeurs (mp3 de qualité dégradée, en mono, de 30 secondes maximum).




Interprète : The Dolphins
Disque : "Thin fine line" (7", Day Release Records, DAY 1, 1981)

écouter un extrait de "Thin fine line" (Al Turner)
écouter un extrait de "She took a long cold look" (Syd Barrett)
écouter un extrait de "Cable Hogue" (John Cale)

 

Ce disque fait partie du très grand nombre de ceux que j'ai achetés au pif - mais pas tout à fait par hasard - dans les caves des Record & Tape Exchange de Londres. Souvent, on est déçu par ces pêches presqu'à l'aveuglette, mais parfois on tombe sur une véritable perle...
Et je me souviens très bien pourquoi j'ai pris celui-ci parmi les centaines d'autres du bac à 10 pence. Pas pour sa pochette cheapo en papier plié impression deux couleurs noir/orange (le sytème solaire dessiné à l'encre au recto, un labyrinthe peut-être bien dessiné en cours de techno pour passerle temps au dos...), mais tout simplement pour le choix des deux reprises qui figurent en face B : une de Syd Barrett et une de John Cale, excusez du peu !

Tout laisse à penser que les Dolphins sont anglais. La "Bible" ("International discography of the new wave, volume 1982/83" par B. George et M. de Foe) liste ce disque, mais aucun autre. On peut raisonnablement en déduire que c'est leur seule parution.
La face A est signée Al Turner. Il y a une maison d'édition indiquée sur l'étiquette du disque (Decor Din), ce qui me fait hésiter entre une reprise d'un titre que je ne connaîtrais pas par ailleurs et un original des Dolphins. De toutes façons, c'est un morceau plus qu'honnête. Seuls certains maniérismes très new wave du chant ont un peu mal vieilli.
Mais c'est bien la face B qui fait vraiment l'intérêt du disque, avec ses deux reprises de très bonnes facture. Celle de Barrett, courte (1'23"), réorchestrée pour un groupe de rock classique, sobre, propre, rend parfaitement hommage à la chanson, sans chercher à en copier le style ou le son de la version originale. L'autre est peut-être plus proche de la version de Cale (mais je connais mal l'original), mais est aussi très bonne, et d'autant plus méritoire qu'on a sans doute affaire ici à un groupe amateur resté dans les oubliettes - ou en tout cas les caves - de la new wave anglaise.

Ca risque peu d'arriver, mais si un jour chez un disquaire vous avez en main ce 45t des Dolphins, achetez-le, même s'il coûte un peu plus de 10 pence !




Interprète : Alvaro
Titre : "Mum's milk not powder" (Alvaro Peñas-Rojas)
extrait de l'album "Mum's milk not powder" (Squeaky Shoes Records, SSRM 2, 1979)

écouter un extrait du titre

site officiel : www.singing-nose.com

 

Alvaro, c'est le chilien au nez chantant, comme il se décrit lui-même.
La première fois que j'ai dû entendre parler de lui, une fois de plus, c'est chez Dorian Feller au début des années 1980. Il détenait divers vestiges de l'époque où il distribuait les disques Recommended et d'autres, parmi lesquels des badges promos du premier album Alvaro,"Drinkin' my own sperm". Ecrit en très gros, ça fait bien punk. Dorian m'a donné l'un de ces badges, que j'ai toujours, mais je n'ai jamais dû le porter !

Quelques temps plus tard, lors de l'un de mes séjours à Londres, je suis tombé sur un exemplaire du second album d'Alvaro, "Mum's milk not powder", au fond d'un carton dans une jumble sale, et je l'ai acheté quelque chose comme 30 pence (Alvaro le vend 51 euros sur son site en ce moment, en tant que collector non réédité en CD...).

La pochette est d'une horreur indescriptible (voir ci-contre; c'est un dessin d'Hildegard Schneider, qui signe les paroles d'une chanson : une recette pour faire du pain complet), mais il y a de bonnes choses sur le disque, notamment les deux premiers titres, "Choose your cheese" ("The same way a blind man chooses his cheese, a bloody bed bug chooses my skin") et ce "Mum's milk not powder", que je prenais plaisir à une époque à écouter aussi en accéléré (45t au lieu de 33 t).
Les paroles sont assez incompréhensibles : on s'attend à une ode au lait maternel (les bébés pleurent pour réclamer du lait maternel, pas de la poudre), mais l'un des couplets explique qu'Alvaro a lu dans un journal allemand de 1979 que le lait maternel contient 20 fois plus de poison que le lait de vache...

Sinon, même s'il y manque les monstres qui peuplent les chansons de Stephen Tunney, l'univers d'Alvaro me fait un tout petit peu penser à celui de Dogbowl, un autre expatrié. Car Alvaro est un exilé chilien. Dorian m'avait dit à l'époque qu'il habitait en Allemagne, où "Mum's milk not powder" a été enregistré, mais j'ai été surpris d'apprendre qu'il avait un rôle dans la petite histoire du rock anglais, puisqu'il figure, aux côtés de Joe Strummer, parmi les membres fondateurs des 101er's, le groupe de Strummer d'avant les Clash ! mais je rassure les fans des Clash : ils peuvent conserver leurs économies et ne pas se précipiter sur les collectors d'Alvaro, car sa musique n'a rien à voir avec celle des Clash !

Quant au nez chantant, il se réfère à une flûte à nez, qu'Alvaro utilise notamment ici sur "Washindishes" : Alvaro explique au dos de la pochette qu'il l'a utilisée pour utiliser le son d'un oiseau (pas d'espèce précisée), et qu'il s'excuse auprès des oiseaux !





ramenez-moi à la maison!